Le dilemme de la périménopause

Mon entourage est généralement composé de personnes très performantes et polyvalentes. Elles ont l'habitude de maîtriser la situation et ont suffisamment d'expérience pour savoir anticiper la suite. Tout cela rend les années imprévisibles de la périménopause extrêmement pénibles, voire carrément exaspérantes. On veut des réponses! On veut de la crème glacée! On veut que ça disparaisse!Votre patiente est-elle en périménopause? Peut-être! Elle débute généralement entre 44 et 50 ans et peut durer quelques mois, voire toute une décennie. Le symptôme le plus identifiable est l'irrégularité menstruelle, mais une hystérectomie, une contraception hormonale ou des cycles irréguliers depuis toujours ne sont pas des indicateurs pertinents.De nombreuses femmes dans la quarantaine, environ 75% d'entre elles, présentent plusieurs symptômes caractéristiques de la périménopause: cycles irréguliers, confusion mentale, insomnie et fatigue, sautes d’humeur (y compris exacerbation de la dépression ou de l’anxiété), sécheresse vaginale, baisse de libido et rapports sexuels douloureux.À lire aussi: Ménopause: la majorité des femmes de 30 ans ressentent déjà des symptômesL’augmentation et la diminution prévisibles des hormones ovariennes au début de l’âge adulte, qui entraînaient systématiquement une semaine de flux menstruel, puis trois semaines sans saignement, cessent de se produire de manière prévisible ou régulière. Au lieu de cela, les taux d’hormones commencent à fluctuer fortement vers le milieu de la vie. Ces années ont tendance à débuter avec un excès d’œstrogènes, susceptible d’entraîner une augmentation de la libido et des saignements abondants. Une baisse du taux de progestérone peut se manifester par des saignements la semaine précédant un cycle menstruel. À mesure que le taux d’œstrogènes diminue, les règles deviennent plus légères, voire absentes, et les patientes peuvent signaler des sueurs nocturnes ou des bouffées de chaleur. Elles peuvent passer des années à sauter des mois d’affilée, sans jamais réussir à tenir une année entière sans saignement.On me demande souvent de faire un «test hormonal» pour diagnostiquer la périménopause, mais cela n'existe pas. Ces fluctuations hormonales signifient qu'un aperçu des taux hormonaux d'aujourd'hui peut être complètement différent de celui de demain. Les applications de suivi des règles ont introduit les «scores de périménopause», mais à quoi sert un score qui ne prédit rien?J'ai une amie qui essayait d'avoir un autre enfant. Lorsque son spécialiste de l'infertilité a vérifié ses taux de FSH et d'AMH, il lui a dit qu'elle était proche de la ménopause et qu'elle ne pourrait probablement jamais concevoir, même avec une FIV. Forte de ce constat, elle a décidé d'accepter un travail très exigeant… et un an plus tard, elle était enceinte. C'est un parfait exemple de l'inexactitude des tests diagnostiques de la périménopause en raison de l'imprévisibilité de ces années. La ménopause est un diagnostic clinique ; une année complète sans saignements la rend officielle.À noter: si votre patiente a moins de 45 ans à la fin de la ménopause, elle doit continuer à prendre des hormones jusqu’à 51 ans. Les recommandations à ce sujet sont claires, et pourtant, très peu de femmes se voient proposer ce traitement important. Une ménopause précoce non traitée entraîne une mortalité plus élevée par infarctus, accident vasculaire cérébral et ostéoporose. Envisagez soit la prise continue de pilules contraceptives orales, soit un traitement hormonal ménopausique à dose plus élevée (100 mcg d’estradiol transdermique et 300 mg de prométrium).À lire aussi: Nouveau traitement: Veozah pour les symptômes vasomoteurs de la ménopauseAlors, comment allez-vous accompagner vos patientes pendant ces années? Vous allez collaborer avec elles pour traiter les symptômes les plus gênants. Les règles abondantes peuvent être traitées par une contraception hormonale ou par de l’acide tranexamique pris pendant le cycle pour diminuer le flux. Si aucune de ces options n’est envisageable, une consultation gynécologique est indiquée pour envisager une ablation de l’endomètre. Un sommeil de mauvaise qualité peut être amélioré grâce à la TCC-I, qui enseigne des techniques spécifiques pour un meilleur repos. Une couverture lestée a changé la donne pour moi! La prise de prométrium ou de magnésium avec de la mélatonine tous les soirs peut également être bénéfique pour certaines personnes. Les bouffées de chaleur sont mieux gérées par un traitement aux œstrogènes, mais les ISRS et la gabapentine peuvent également aider, tout comme le traitement des troubles mentaux associés. Les troubles sexuels et urinaires sont souvent améliorés par une faible dose d'œstrogènes vaginaux et une kinésithérapie pelvienne.L'un des symptômes les plus frustrants et les moins traitables de la périménopause est le brouillard cérébral. Similaire au brouillard cérébral de la grossesse, il s'agit d'un trouble temporaire qui disparaît une fois les hormones stabilisées. Entre 45 et 55 ans, les femmes constatent une diminution de la vitesse de traitement de l'information et une baisse des performances aux tests de mémoire à court terme. Dans son livre Le Manifeste de la ménopause, la Dre Jen Gunter souligne que les femmes continuent de surpasser les hommes dans les tâches de mémoire, même après les changements liés à la périménopause.Les femmes sont souvent confrontées à une prise de poids durant cette période. Tous sexes confondus, elles prennent en moyenne 700 g par an après 40 ans. On ne peut pas imputer la responsabilité exclusive aux changements hormonaux, sinon les hommes ne connaîtraient pas cette prise de poids. La masse musculaire diminue naturellement, ce qui ralentit le métabolisme et entraîne une diminution de la dépense calorique au repos. Si les habitudes alimentaires et d'exercice ne s'adaptent pas à cette baisse, le poids s'accumulera au fil des décennies. La baisse du taux d'œstrogènes déplace également la graisse vers la taille plutôt que vers les hanches et les cuisses, ce qui modifie la coupe des vêtements et accentue la prise de poids. Modifier sa routine d'exercice pour développer sa masse musculaire peut stimuler le métabolisme et réduire le risque d'ostéoporose.Les femmes se disent trop souvent rabaissées et ignorées par leurs professionnels de la santé lorsqu'elles demandent de l'aide pour des symptômes de périménopause. La Société canadienne de la ménopause propose un excellent guide de poche sur la gestion de la ménopause (en anglais), disponible gratuitement en ligne, qui peut fournir une aide pratique aux cliniciens. Pour les patients présentant des problèmes plus complexes, essayez de trouver un professionnel de la santé certifié par la Menopause Society.

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