Le côté laid de la beauté et de l’hygiène: savez-vous ce qui se cache dans vos produits?

Puisqu’ils ne créent pas de réaction nocive immédiate, ils semblent inoffensifs. Mais les crèmes, déodorants et fards que vous vendez sur vos étagères le sont-ils vraiment… à long terme ?« Aucune étude n’a jamais été effectuée sur les effets à long terme », indique Gillian Deacon, auteure de Du plomb dans votre rouge à lèvres (2011). En effet, l’accumulation de produits chimiques dans le corps, que l’auteure appelle « le fardeau chimique du corps », fait rarement l’objet de recherches et est peu discutée en médecine moderne.Pourtant, la montée en flèche du nombre de cas d’allergies, de problèmes d’asthme, de cancers et d’anomalies congénitales depuis l’avènement de l’industrie pétrochimique à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale est alarmante, considère l’auteure.Elle donne aussi l'exemple suivant : « Un magazine m’avait demandé d’écrire un article en raison d’un rapport, Polluted children, Toxic Nation, publié en 2006. Des échantillons aléatoires de sang avaient été prélevés à travers tout le pays.Une très grande quantité d’ingrédients toxiques avaient été retrouvée dans chaque individu. On a même retrouvé, chez les enfants, des ingrédients bannis avant même qu’ils soient nés, montrant la persistance des ingrédients. »Savoir où chercher ou le faire soi-mêmeGillian Deacon croit que son livre a dû répondre à un besoin dans la population, ayant été un best-seller dès son lancement. « Il est sorti à un moment opportun. Il est plus facile de trouver ces produits [bio et équitables] qu’il y a cinq ans. »Elle y liste donc des compagnies aux pratiques écoresponsables et d’autres qui fabriquent des produits aux ingrédients discutables.Elle met aussi en garde contre l’écoblanchiment, une pratique de désinformation utilisée par les entreprises qui laissent croire, par des allégations vides, l’omission d’ingrédients ou des stratégies de marketing, que leurs produits sont entièrement « naturels » ou que leurs méthodes de fabrication sont équitables et respectueuses de l’environnement.« Cela me fâche de savoir que les gens dépensent plus d’argent sur des produits qu’ils pensent être de meilleure qualité, mais qui ne le sont pas », s’offense Gillian Deacon.Par ailleurs, elle inclut de nombreuses recettes afin de fabriquer tous les types de produits d’hygiène. « Puisque de nombreux produits biologiques et non synthétiques sont plus dispendieux, le livre offre une autre option aux gens », avance-t-elle. Même si elle a déniché plusieurs de ces recettes sur Internet, l'auteure s’est assurée d’essayer chacune d’entre elles pour en tester l’efficacité.« Vous ne le mangeriez pas ? Ne l’appliquez pas sur votre peau », avise-t-elle. Selon elle, l’exemple des timbres transdermiques montre que des produits qui ont un effet sur la peau peuvent aussi en avoir sur l'organisme.Responsabilisation des gouvernementsGillian Deacon croit que les gouvernements ont un rôle important à jouer pour changer la composition des produits. « En Amérique du Nord, les standards sont très bas. » En contrepartie, l’Europe possède des normes de fabrication beaucoup plus strictes.Ainsi, les grands manufacturiers de cosmétiques et de produits d’hygiène fabriquent deux versions de leurs produits : une pour le marché européen et une autre pour le marché nord-américain, affirme l’environnementaliste. En effet, « il est beaucoup moins dispendieux d’utiliser des produits chimiques, des teintures et des agents de conservation, plutôt que des ingrédients biologiques. Les grosses compagnies ne changent pas. Elles sont motivées par le bénéfice net. »Des organismes comme la Fondation David Suzuki et Environmental Defence Canada tentent de convaincre le gouvernement canadien d’établir une réglementation qui hausserait les critères de fabrication.Faire sa part comme pharmaciens« Il existe deux façons de voir la chose pour les pharmaciens, argue Gillian Deacon. D'abord, 19 cancers du sein sur 20 contiennent des parabènes [seulement un des nombreux ingrédients à surveiller dans les produits !]. Ensuite, il faut se rappeler qu’[avoir des produits sécuritaires], c’est ce que vos consommateurs veulent. »Et puisqu’on ne peut généralement pas trouver de produits faits entièrement d’ingrédients biologiques dans une pharmacie, les pharmaciens pourraient très bien perdre des clients, indique l’auteure. Ceux-ci se déplacent vers des boutiques d’aliments naturels pour trouver ce qu’ils cherchent.Gillian Deacon est une environnementaliste canadienne réputée. Elle a notamment siégé au sein du conseil d’administration de la fondation Evergreen et a écrit et publié Green For Life, un guide pratique offrant des conseils pour développer de meilleures habitudes de vie qui respectent l’environnement. Elle a aussi collaboré au magazine Châtelaine. À la télévision, elle a animé The Gill Deacon Show à la CBC et a coanimé l’émission @discovery.ca pendant cinq ans.

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