Le «contre-coût» des opiacés sur le système de santé

La surconsommation d’opiacés coûte cher au système de santé. Selon le Centre canadien de lutte contre les toxicomanies (CCLT), après l’alcool, les opiacés sont maintenant le groupe de substances ayant la plus grande incidence sur les ressources hospitalières.En cinq ans, le nombre de séjours à l’hôpital liés à la consommation d’opiacés a augmenté de 23 %, devançant maintenant les hospitalisations concernant des problèmes avec les cannabinoïdes et la cocaïne. Le nombre de jours d’hospitalisation à la suite de la prise d’opiacés a lui aussi augmenté de façon très significative (+ 48 %).Il faut dire que le Canada est devenu le deuxième consommateur mondial par personne d’opiacés sur ordonnance. Selon les chiffres de Santé Canada, plus de 8 Canadiens de 15 ans et plus sur 50 prennent des analgésiques pharmaceutiques. À en croire le CCLT, même s’il existe une consommation illicite d’opiacés, « il est raisonnable de penser que les opiacés sur ordonnance sont à l’origine de la majorité des séjours à l’hôpital pour ces substances ». L’organisme estime par ailleurs que malgré une baisse du pourcentage total de Canadiens prenant des analgésiques pharmaceutiques, étant donné que le nombre d’hospitalisations augmente, cela pourrait « découler d’un plus grand nombre de personnes en subissant les méfaits ».Les aînés trinquentEt ces personnes pourraient être les aînés. Les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses à être hospitalisées à la suite de la prise d’opiacés : + 142 % de 2006 à 2011. Étant donné le vieillissement de la population canadienne, les chercheurs ont peur que cette hausse ne fasse qu’empirer. Les données actuelles montrent qu’on peut craindre une hausse du nombre d’aînés qui, à la suite du mauvais usage de médicaments sur ordonnance, subiront des effets indésirables néfastes et pourraient nécessiter des soins pour des problèmes d’abus.En 2013, le rapport S’abstenir de faire du mal : Répondre à la crise liée aux médicaments d’ordonnance au Canada prenait déjà acte de cette problématique et préconisait plusieurs pistes pour lutter contre ce phénomène. On y recommandait notamment de :promouvoir les bonnes pratiques en matière de prescription et de distribution de médicaments par les professionnels de la santé; mettre sur pied un système de surveillance normalisé pancanadien pour améliorer notre compréhension de la nature et de l’étendue des méfaits liés aux médicaments d’ordonnance au Canada;mettre sur pied un programme de surveillance des ordonnances dans chaque province et territoire pour échanger des renseignements sur les pratiques de prescription et de distribution de médicaments entre les disciplines et les provinces et territoires de façon régulière, et prendre rapidement les mesures qui s’imposent.Des abus en hausseMalgré cette prise de conscience, l’augmentation des hospitalisations liées à la prise d’opiacés continue d’augmenter dans de fortes proportions, notamment chez les 25 à 44 ans et chez les plus de 65 ans.Peut-être anecdotique mais néanmoins révélateur d’une tendance à la hausse, dernièrement, les articles d’une journaliste de La Presse, Katia Gagnon, ont défrayé la chronique. La jeune femme a réussi à acheter des narcotiques avec des ordonnances falsifiées.Pour Mohamed Ben Amar, c’est à l’Ordre des pharmaciens du Québec de prendre les mesures adéquates nécessaires afin d’éviter que des situations comme celles décrites dans des articles ne se produisent. Il espère aussi qu’avec le Dossier Santé Québec, on verra moins de problèmes de ce genre.Cependant, les professionnels de la santé, notamment les médecins et les pharmaciens, doivent être sensibilisés aux risques d’abus. « Il faut être très vigilant avec l’abus des psychotropes parce qu’il y a des gens malins, sophistiqués, qui trafiquent les ordonnances, donc, il faut s’assurer qu’il n’y a pas de dédoublement et qu’on distribue la quantité suffisante, mais qui ne soit pas exagérée, de médicaments psychotropes pour des fins thérapeutiques et non d’abus », précise-t-il.Plus de la moitié du coût total des séjours à l’hôpital pour des troubles liés aux substances est attribuable à l’alcool.22 %Augmentation des coûts d’hospitalisation des personnes ayant des troubles liés aux substances. Ils sont passés de 219 millions $ en 2006 à 267 millions $ en 2011.Alcool145 millions $Opiacés15 millions $Cannabis14 millions $Cocaïne13 millions $Source: Centre canadien de lutte contre les toxicomanies - 2014

Le «contre-coût» des opiacés sur le système de santé

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