Le CMQ demande à la FMSQ et à la FMOQ de suspendre leurs moyens de pression

«Soyons responsables!» C’est par cet appel sans équivoque que le président du Collège des médecins du Québec (CMQ), le Dr Mauril Gaudreault, s’adresse vendredi à ses pairs ainsi qu’aux deux fédérations médicales. Constatant l’ampleur des perturbations dans les facultés de médecine, il demande la suspension immédiate des moyens de pression déclenchés dans le cadre des négociations autour du projet de loi 106 et des ententes sur la rémunération des spécialistes et des omnipraticiens.Depuis lundi, les premiers ont cessé leurs activités d’enseignement, entraînant l’annulation de stages cliniques et de nombreux cours. La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a pour sa part enclenché une série de mesures, allant du boycott de tâches médico-administratives à la menace de suspendre l’encadrement des externes. Résultat: la situation se tend sur les campus des quatre facultés de médecine du Québec, les étudiants craignant un report de leur graduation ou des impacts sur leurs demandes d’admission en résidence.Pour le Collège, cette situation est intenable. «Chaque jour qui passe voit des stages définitivement annulés pour des milliers d’étudiants. Les impacts sur leur formation sont significatifs et immédiats», déplore le Dr Gaudreault dans l’infolettre envoyée ce midi aux médecins et aux résidents québécois.Le président du CMQ rappelle que leur Code de déontologie interdit explicitement toute forme de moyens de pression dans le cadre d’une action concertée ou individuelle. «La responsabilité sociale, individuelle et collective, de notre profession commande de cesser de pénaliser les futures cohortes de médecins qui viendront bientôt prendre la relève pour soigner la population», insiste-t-il.Le projet de loi 106, qui prévoit de lier une partie de la rémunération des médecins à des indicateurs de performance, est au cœur de la crise. Tant la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) que la FMOQ jugent cette approche inadéquate et inapplicable sans moyens supplémentaires.Le Collège partage cette critique: «Nous sommes en total désaccord avec la proposition d’associer la rémunération des médecins à des indicateurs de performance visant l’atteinte d’objectifs», réitère le Dr Gaudreault, tout en rappelant que le CMQ appuie l’instauration d’indicateurs portant sur l’accès et la qualité des soins et qu’il est favorable «au principe général du projet de loi 106», dans le sens où celui-ci vise à instaurer la responsabilité collective et l’imputabilité des médecins quant à l’amélioration de l’accès.Sur le même sujet: PL106: les étudiants en médecine pris entre l’arbre et l’écorceCela dit, «nous avons aussi réclamé du gouvernement que cesse le dénigrement à l’endroit des médecins et que la responsabilité sociale proposée dans le projet de loi ne s’étende pas qu’aux seuls médecins, mais englobe tous les professionnels de la santé et les gestionnaires du réseau», précise de plus le président du Collège.Pacte social à préserverSur la forme, il juge toutefois que les discussions doivent se poursuivre sans heurts pour les étudiants ni entraves aux obligations professionnelles. «Les médecins ont l’attention du ministre Christian Dubé qui propose maintenant des amendements concrets à son projet de loi. Dans les circonstances, nous appelons les deux fédérations médicales à suspendre leurs moyens de pression pour permettre une négociation fructueuse», plaide le Dr Gaudreault.Son message ne s’adresse pas qu’aux médecins. Il interpelle aussi le gouvernement Legault, l’enjoignant à «faire preuve de toute l’ouverture nécessaire pour rallier les médecins, sans les contraindre, à sa transformation du réseau, au bénéfice de la population». Autrement dit, le Collège refuse que la confrontation actuelle fragilise davantage un système déjà éprouvé.«Toutes les parties prenantes dans le conflit actuel ont l’obligation de ne pas fragiliser davantage le pacte social avec la population pour des soins de santé accessibles et de qualité», conclut solennellement le Dr Gaudreault.

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