L’approche V1sages déployée cette année à la grandeur du Québec

Alors que la congestion des urgences ne faiblit pas, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) entend concrétiser rapidement un projet-pilote prometteur. Convaincu du «grand potentiel» de l’approche V1sages pour «améliorer l’efficience du système de santé» en améliorant la coordination des soins offerts aux patients complexes, «une mise à l’échelle pourra débuter pour l’ensemble du réseau en 2023», indique sa porte-parole, Noémie Vanheuverzwijn, sans donner plus de précisions. Les conceptrices de l’approche V1sages, la Dre Catherine Hudon et l’infirmière Maud-Christine Chouinard, ont mené une étude en 2019 qui a montré que 5% des patients vus dans les services d’urgence au Québec génèrent 35% des visites totales. Ces patients-là présentent plusieurs problèmes de santé physique ou mentale et ont souvent un statut socioéconomique précaire. «C’est un chiffre qui interpelle les décideurs, mais il ne faut surtout pas mettre la faute sur ces gens», prévient la Dre Hudon en illustrant son propos par un exemple concret (voir encadré ci-dessous). «C’est une conséquence systémique: s’ils se retrouvent à l’urgence, c’est parce qu’on n’a pas répondu à leurs besoins en amont.» L’approche V1sages vise justement à mieux cerner leurs attentes afin d’y répondre adéquatement. «L’idée, c’est d’avoir un chef d’orchestre qui va être la personne pivot, le référent principal du patient, et va devenir sa porte d’entrée dans le réseau», explique la chercheuse clinicienne. Son rôle est de coordonner les soins et les services donnés «pas selon les décisions des professionnels de la santé et des intervenants sociaux, mais en fonction des objectifs et des désirs du patient», précise la professeure au département de médecine de famille et médecine d’urgence de l’Université de Sherbrooke. Au départ, «il faut prendre le temps de comprendre les problématiques vécues par ces personnes dans leur globalité, dans quelles conditions elles vivent et quel est leur projet de vie plutôt que d’analyser chacun de leurs problèmes de santé séparément», indique la Dre Hudon. Une fois ce portrait dressé, le chef d’orchestre établit avec la personne un plan de services individualisé qui définit quel intervenant prend en charge quel problème. Ensuite, il lui revient de coordonner les soins et services en faisant du sur-mesure et en s’assurant que les médecins et les autres professionnels de la santé qui s’occupent du patient soient concertés et qu’ils aient un portrait global de la situation. Testée depuis une dizaine d’années à travers différents projets-pilotes, au Québec et dans cinq autres provinces, l’approche V1sages a prouvé son efficacité. «Les résultats d’études démontrent une amélioration de leur expérience de soins et de leur santé, de la satisfaction des professionnels, de l’efficience du système de santé et de l’équité en santé», résume la médecin. Actuellement, elle finalise avec son équipe les outils nécessaires au déploiement imminent de l’approche (plan de formation, trousses d’informations, etc.) et en précise les conditions gagnantes. Conditions gagnantes et budgets à allouer Adhésion des directions d’établissement à cette culture partenariale, implication et mobilisation des acteurs concernés, plan de communication, gestion du changement, amélioration continue, ces facteurs clés de succès sont connus et partagés par le MSSS qui, à ce moment du projet, «n’anticipe pas d’enjeux particuliers au déploiement», indique sa porte-parole en ajoutant que le budget et les ressources allouées seront précisés ultérieurement. Dans un contexte de pénurie de personnel soignant, l’approche V1sages prévoit le recrutement de gestionnaires de cas dans les hôpitaux et d’un intervenant pivot dans les groupes de médecine de famille (GMF) et les CLSC. La Dre Hudon est bien consciente de cette réalité, mais «si on attend d’avoir un système de santé parfaitement structuré et stabilisé pour l’améliorer, on ne l’améliorera jamais. Oui, le réseau est sous-staffé. Sauf que si on améliore la prise en charge et le suivi des patients complexes, on améliore l’efficience et, ultimement, ça va libérer du monde en bout de ligne.» Pour en savoir plus sur l’approche V1sages, consultez le site web de l’équipe de recherche des professeures Catherine Hudon et Maud-Christine Chouinard.

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