L’APES juge urgent de définir le rôle du pharmacien d’établissement dans la nouvelle configuration du réseau

Le conseil d’administration de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) a adopté il y a quelques mois son plan stratégique pour les quatre prochaines années (2016-2019).L’association a identifié les trois enjeux prioritaires suivants :L’urgence de définir le rôle du pharmacien d’établissement moderne et la place qu’il devrait occuper dans la nouvelle configuration du réseau;La nécessité de mieux quantifier l’activité, l’impact et la performance des pharmaciens d’établissement;La nécessité d’accentuer la visibilité de l’APES auprès de ses membres.Enjeu 1 : Définir le rôle du pharmacien d’établissementL’APES désire notamment décider si les pharmaciens d’établissement ont encore un rôle à jouer dans les soins de première ligne (GMF, CLSC), compte tenu du nouveau cadre de gestion des GMF du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) qui privilégie les pharmaciens communautaires, d’une formation de premier cycle rehaussée (Pharm. D.) et des nouvelles activités de la Loi 41 pour les pharmaciens communautaires.« Est-ce la place d’un pharmacien d’établissement dans les soins de première ligne ou devrait-il être strictement dans les établissements avec des patients recevant des soins de deuxième et de troisième ligne ? », soulève Linda Vaillant.Cette dernière explique aussi que dans un contexte de réorganisation du réseau de la santé, l’APES désire également préciser le rôle du pharmacien au sein l’établissement, par exemple dans le circuit du médicament, les différents comités internes, en recherche, etc. « Dans la gouvernance clinique, le pharmacien doit exercer un rôle de leadership dans l’hôpital, mais à quel égard ? »L’APES tiendra compte dans ses travaux des orientations du MSSS en matière de services pharmaceutiques pour les établissements de santé qui devraient être publiées en juin.Enjeu 2 : Mesurer l’impact et la performance des pharmaciens d’établissementL’APES veut développer des indicateurs avec l’aide des chefs de départements de pharmacie et des consultants pour comparer adéquatement l’impact et la performance des départements de pharmacie.« En pharmacie, nous n’avons pas de données précises qui mesurent la performance des pharmaciens, les résultats cliniques, les impacts des interventions des pharmaciens, déplore Linda Vaillant. Les indicateurs utilisés pour comparer les départements de pharmacie, par exemple le coût des ressources humaines sur le nombre de patients et le coût des médicaments par jour-présence, ne disent pas si les pharmaciens sont bons ou pas. Dans une comparaison réalisée par le MSSS, les départements de pharmacie qui avaient une grosse pénurie d’effectifs étaient les plus performants. Le ratio était meilleur, car ils avaient moins de ressources humaines. Toutefois, la comparaison ne disait pas si les patients n’avaient pas accès à certains services. »Cette dernière soumet l’exemple du bilan comparatif des médicaments (BCM). « Outre le nombre de BCM effectué, on pourrait également déterminer le nombre d’erreurs évitées et le coût des ressources humaines pour éviter ces erreurs ».Enjeu 3 : Accentuer sa visibilité auprès de ses membres L’APES désire se rapprocher davantage de ses membres, notamment les chefs de département de pharmacie et les pharmaciens gestionnaires, afin de mieux les soutenir. Par conséquent, elle reverra son offre de services pour toutes ses catégories de membres.« Dans le contexte actuel des fusions d’établissements, les pharmaciens gestionnaires éprouvent beaucoup de difficultés en raison de la grosseur des départements de pharmacie et l’absence de formation en gestion. Nous voulons essayer de voir s’il y a possibilité de leur offrir de la formation (modules en ligne, ateliers, etc.) », indique Linda Vaillant.Outre son site Web, sa présence sur les réseaux sociaux et son blogue, l’APES entend créer des forums dans différents secteurs d’activités pour permettre à ses membres d’échanger et de partager de l’information.Sept projets dans le plan d’action de l’APESPour chacun des enjeux prioritaires, des orientations et des objectifs stratégiques ont été définis. Ils sont énumérés dans le schéma de son plan stratégique. « Nous avons aussi élaboré un plan d’action opérationnel qui comprend sept projets », ajoute Linda Vaillant.Les sept projets sont les suivants :Place du pharmacien d’établissement de santé (orientation 1);Rôle et profil-type du pharmacien d’établissement de santé (orientation 1);Promotion du positionnement et des guides de l’APES sur la place et le rôle du pharmacien d’établissement (orientation 1);Mesures de l’activité et indicateurs de performance (orientation 2)Effectifs requis en pharmaciens d’établissement de santé (orientation 2);Relations de l’APES avec ses membres (orientation 3);Soutien aux chefs et aux pharmaciens gestionnaires (orientation 3).Ces travaux serviront de base pour certains dossiers importants de l’APES, notamment la rémunération et les conditions de travail des pharmaciens d’établissement, la reconnaissance d’une première spécialité en pharmacie (pharmacothérapie avancée) et la pénurie de pharmaciens d’établissement.MéthodologieDes consultants de la firme Raymond Chabot Grant Thornton ont accompagné les membres du comité tout au long de leurs travaux qui se sont déroulés entre les mois de juillet et de décembre 2015.Durant le processus d’élaboration du plan stratégique, les membres de l’APES ont été consultés au moyen d’un questionnaire, et des groupes de discussion (focus group) ont été réalisés auprès des présidents des comités et des regroupements de pharmaciens experts de l’APES.Des entrevues ont également été menées auprès des partenaires de l’APES, soit des ordres professionnels (OPQ, CMQ, OIIQ), le ministère de la Santé et des Services sociaux, des établissements de santé, des syndicats professionnels (AQPP, FMOQ, FMSQ, FIQ) et les deux facultés québécoises de pharmacie. « Nous voulions évaluer leur perception de l’APES et des pharmaciens d’établissement, leurs relations propres avec l’APES et comment les améliorer », explique la directrice générale de l’APES, la pharmacienne Linda Vaillant.

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