L'anneau gastrique ajustable est loin de résoudre tous les cas d'obésité morbide

Âgé de 76 ans, le Dr Picard Marceau, de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, est l'un des pionniers de la chirurgie bariatrique de cet établissement. Il a connu l'époque où les obèses morbides et leurs chirurgiens étaient la risée des autres médecins et de la société. Le Dr Picard Marceau Il y a 30 ans, on ne croyait pas que l'obésité morbide était une maladie. Le Dr Marceau, qui fait toujours du suivi de clientèle, s'est battu en faveur des obèses morbides afin que le gouvernement augmente l'offre de services en chirurgie bariatrique. Il voit donc d'un œil très positif le plan d'action dévoilé par le ministre de la Santé Yves Bolduc, mais il émet de sérieuses réserves sur certains de ses aspects. Anneau gastrique Le programme prévoit une augmentation progressive du nombre de chirurgies bariatriques, jusqu'à atteindre 3000 par an dans 3 ans avec l'ouverture de plusieurs centres en régions. Cet objectif serait réalisable si les chirurgiens installaient surtout des anneaux gastriques. Selon le Dr Marceau, les chirurgiens généraux pourront assez facilement maîtriser cette technique opératoire. Or, affirme-t-il, l'anneau se révèle peu efficace pour les obèses morbides ayant un IMC supérieur à 40, ce qui est le cas de beaucoup d'entre eux. «Cette intervention fait perdre du poids aux patients, mais ce n'est pas suffisant pour régler le problème des grands obèses morbides. Perdre 50 livres et moins chez les grands obèses, ça ne donne rien. Plus de 40 % des gens qui ont reçu un anneau doivent subir une autre opération.» Pour cette raison, l'anneau est de plus en plus délaissé dans beaucoup de pays au profit de la dérivation gastrique avec anse de Roux en Y. Pour sa part, l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec pratique depuis 1990 une chirurgie encore plus lourde, mais qui donne les meilleurs résultats: la dérivation biliopancréatique avec gastrectomie pariétale (switch duodénal). Le plan d'action du MSSS ne se prononce pas en faveur d'une technique ou d'une autre, mais il a prévu 5 millions $ à même le budget de 29 millions $ pour la pose d'anneaux. Le Dr Marceau croit que l'annonce du plan suscitera beaucoup d'attentes auprès des 300 000 Québécois souffrant d'obésité morbide, mais que l'anneau en décevra plusieurs qui attendent une chirurgie bariatrique pour régler leur obésité morbide. Il pense que les chirurgiens devront se tourner vers la dérivation gastrique avec anse de Roux en Y. Le registre national Le Dr Marceau se questionne aussi sur l'absence de budget pour créer un registre national sur l'obésité morbide et sa prise en charge, qui formait l'une des principales recommandations du rapport de l'AETMIS en 2005. Le plan d'action du ministre évoque la mise en place de ce registre mais n'y alloue aucune somme. Or, pour le Dr Marceau, ce registre est capital. «C'est la clé pour faire un suivi de la clientèle, clame-t-il. Toute l'efficacité de la chirurgie bariatrique repose là-dessus. On ne retourne pas un obèse morbide à la maison après l'avoir opéré en lui disant que son problème est réglé. Le syndrome du yo yo représente un grand danger. Les patients qui réussissent sont ceux qui font l'objet d'un suivi serré. C’est pourquoi le registre est essentiel.» À lire aussi: 29 M$ pour la chirurgie bariatrique Volume de chirurgies bariatriques par Ã©tablissement prÃ©vues de 2008 Ã 2012

L'anneau gastrique ajustable est loin de résoudre tous les cas d'obésité morbide

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