La rémission du diabète de type 2 est réalisable chez les personnes non obèses

Une petite perte de poids chez les personnes non obèses atteintes de diabète de type 2 (DT2) peut permettre une rémission de la maladie. Lors de la conférence annuelle de Diabetes UK, des chercheurs ont présenté les plus récents résultats de l'étude ReTUNE. Cette dernière fait partie de l'essai clinique sur la rémission du diabète (DiRECT), qui a étudié les effets de la perte de poids chez les personnes non obèses atteintes de diabète de type 2. Les résultats ont été présentés par le Dr Roy Taylor, professeur de médecine et de métabolisme au Magnetic Resonance Centre Campus for Ageing and Vitality Translational and Clinical Research Institute de Newcastle, en Angleterre. En résumé, bien que la graisse joue un rôle, les résultats suggèrent que le DT2 n'est pas causé par l'obésité. C'est «une bonne nouvelle pour les personnes atteintes de DT2 ayant un poids normal, à qui l'on avait dit auparavant qu'elles ne devaient pas perdre de poids pour tenter d'obtenir une rémission, car cela pouvait s'avérer "mauvais pour la santé", s’est réjouit le Dr Taylor. Elles savent maintenant que leur diabète de type 2 n'est pas nécessairement une condamnation à vie». Auparavant, on supposait que l'étiologie du DT2 chez les personnes ayant un poids et un IMC sains devait être différente de celle des personnes obèses. Or, environ 10% des personnes atteintes de DT2 ne sont pas obèses et ont un IMC sain. Cela a donc soulevé plusieurs questions, notamment comment la graisse contribue-t-elle au risque et pourquoi observe-t-on une variabilité entre les individus? En 2015, le Dr Taylor a publié l'hypothèse du seuil de graisse personnel. En résumé, chaque individu a un seuil en termes de dépôts de graisse dans le foie et le pancréas. Une fois le seuil franchi, le développement du DT2 devient probable. Il est important de noter que cette hypothèse est indépendante de l'IMC, avait-il précisé. «Il suffit de regarder les gens dans la rue: nous sommes tous de corpulence différente.» L'excès de graisse dans les cellules du foie provoque une résistance à l'insuline, mais celle-ci disparaît si le taux de graisse du foie retrouve un niveau normal. Une fois que ce taux est réduit, cela déclenche une réduction de la graisse dans le pancréas et les réponses insuliniques normales reviennent. Des études précédentes du DiRECT ont montré que les personnes obèses atteintes de DT2 qui perdent du poids peuvent parvenir à une rémission. Mais il était nécessaire de mener une étude pour examiner les effets de la perte de poids chez les personnes non obèses, selon le Dr Taylor. L'étude ReTUNE a inclus un total de 20 adultes d’un âge moyen de 59,3 ans, avec un IMC moyen de 24,7 kg/m2 et diabétiques (T2) depuis 2,5 ans en moyenne. Un peu plus de la moitié étaient des femmes (13). L'objectif était de déterminer si la perte de poids chez les personnes dont l'IMC est inférieur à 27 kg/m2 pourrait conduire à une rémission du DT2, et de tester l'hypothèse du seuil de graisse personnel en induisant une perte de poids progressive. Tous les participants ont été soumis à deux cycles de huit semaines de perte de poids de 5%, avec un troisième cycle si l'objectif de rémission n'avait pas été atteint. Chaque cycle consistait en deux à quatre semaines de régime hypocalorique (800 kcal/jour). Une fois les cycles terminés, les participants ont été soumis à un régime permettant de maintenir leur poids, pendant quatre à six semaines. Le suivi a été effectué à un an. La teneur en graisse du foie et du pancréas a été mesurée au début de l'étude et lors du suivi. Dans l'ensemble de la population étudiée, l'HbA1c et la glycémie à jeun ont diminué respectivement d'une moyenne de 54 mmol/mol et 7,4 mmol/l au début de l'étude, à 46 mmol/mol et 6,0 mmol/l au bout d'un an. Au total, 14 sujets (70%) ont atteint la rémission, avec une diminution de l'HbA1c en dessous de 48 mmol/mol. Les taux de graisse dans le foie et le pancréas «étaient au départ presque trois fois supérieurs à la normale et sont retombés dans la normale», a commenté le Dr Taylor. Tant que les sujets conservent un poids inférieur, le diabète restera en rémission, a-t-il ajouté. Dans l'ensemble, les sujets ont perdu environ 10% de leur poids. Les six personnes qui n'ont pas obtenu de rémission étaient diabétiques depuis plus longtemps, mais elles ont quand même pu arrêter de prendre leurs comprimés et mieux maîtriser la maladie. Le Dr David Jenkins, qui n'a pas participé à l'étude, est en accord avec les conclusions générales. Il est professeur aux départements de science nutritionnelle et de médecine de l'université de Toronto et mène des recherches sur le diabète et la nutrition. «L'obésité n'est peut-être pas la cause du diabète, mais l'endroit où vous stockez vos graisses peut l'être», a-t-il déclaré. «Si vous êtes le type de personne qui stocke la graisse dans l'omentum, dans le foie ou dans les muscles, alors vous êtes à risque de diabète. Mais si vous pouvez vous débarrasser de la graisse dans le foie et les muscles, vous réduisez la résistance à l'insuline, et le diabète peut disparaître, du moins pendant ce temps là», a-t-il ajouté. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut plus s'occuper du poids. «Je pense que le poids corporel et l'IMC restent des mesures cliniques importantes, mais il peut être important d'inclure également le tour de taille comme indicateur de la graisse intra-abdominale qui semble être plus directement liée au diabète et au risque de MCV», a souligné le Dr Jenkins.

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