La recherche en pharmacie au Québec: pas reconnue à sa juste valeur, selon l’A.P.E.S.

Bien qu’elle contribue à l’amélioration des soins pharmaceutiques, à l’avancement et au rayonnement de la profession, la recherche en pharmacie d’établissement de santé n’est pas reconnue à sa juste valeur, conclut une étude* récemment publiée par l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (A.P.E.S.). En effet, l’étude, réalisée en collaboration avec des étudiants en pharmacie de l’Université de Montréal en stage à l’A.P.E.S., identifie d’importants freins au développement de la recherche en pharmacie dans les établissements de santé de la province. Le manque de financement, de soutien, d’effectifs et de temps à y consacrer ont notamment été évoqués par les sondés.L’auteure principale de l’étude, Nathalie Marceau, a indiqué ne pas être surprise des résultats. «C’est connu, la recherche est le parent pauvre de la profession. C’est là qu’on investit le moins, probablement à tort», lance la conseillère aux affaires professionnelles de l’Association.Selon elle, la recherche en pharmacie dans les établissements de santé mériterait d’être davantage reconnue et encadrée, notamment par l’octroi d’un meilleur financement. «La négliger, c’est négliger l’impact qu’on peut avoir sur tous les autres aspects de la profession», dit-elle, soulignant, entre autres, son apport à l’amélioration des soins pharmaceutiques.Ce qui explique ce manque de ressources? Nathalie Marceau n’en est pas certaine, mais la méconnaissance du rôle du pharmacien en établissement de santé offre certainement une partie de la réponse. «Souvent, les gens ne savent même pas qu’il y a des pharmaciens dans les hôpitaux», soutient-elle.La pénurie de pharmaciens dans le réseau québécois de la santé, qui perdure depuis plusieurs années, tendrait également à expliquer ce manque de temps et d’effectifs exprimé par les personnes interrogées.«Quand vient le temps de choisir entre consacrer du temps et des ressources à la recherche ou offrir des soins directs aux patients, le choix est évident», explique-t-elle.Contribution personnelle nécessaireDans le cadre de l’étude, un peu plus des deux tiers (68,2%) des départements de pharmacie sondés ont indiqué participer à des activités de recherche. De ce nombre, 60% ont affirmé avoir des pharmaciens engagés dans les trois types de recherche définis pour les fins de la recherche, soit la recherche clinique, la recherche évaluative et le service pharmaceutique de soutien à la recherche (SPSR).Les résultats colligés montrent que la recherche clinique est la moins populaire d’entre toutes. Selon Nathalie Marceau, la plus grande popularité de la recherche évaluative et du SPSR est un reflet de la grande représentativité des établissements universitaires parmi les répondants, puisque les volets recherche et évaluation des technologies et des modes d’intervention font partie de leur mission.Quant à la recherche clinique, celle-ci est moins encouragée, croit-elle. «La recherche clinique n’est souvent pas prévue à l’horaire du pharmacien. Il doit donc faire cela en dehors de ses heures de travail. De plus, s’il a besoin d’un logiciel pour analyser ses données et qu’il n’est pas disponible dans l’établissement où il œuvre, il arrive qu’il doive se le procurer lui-même», raconte l’auteure principale de l’article paru dans le Pharmactuel en août 2017.Selon les auteurs de l’étude, cet apport «non négligeable» en temps et en argent prouve l’intérêt et l’engagement de certains pharmaciens pour la recherche clinique, mais aussi une problématique de financement.Aux yeux de Nathalie Marceau, il s’agit d’un non-sens, puisque c’est la recherche clinique qui semble donner la plus grande visibilité au département.Elle indique que l’A.P.E.S. procède présentement à une réflexion sur les cinq axes de la profession: les soins pharmaceutiques, les soins et services, l’enseignement et la formation, la recherche et la gestion. Éventuellement, le syndicat professionnel publiera des recommandations quant au rôle du pharmacien en recherche, confie-t-elle.Bon portraitSelon la conseillère aux affaires professionnelles de l’A.P.E.S., cette étude permet de dresser un tableau fidèle de la recherche en pharmacie d’établissements de santé au Québec. Cette dernière a d’ailleurs indiqué que son taux de réponse, qui s’élève à 73,3%, est important si on le compare à des études semblables.Elle concède que cette étude a toutefois ses limites, et ce, puisque tous les départements n’ont pas répondu au questionnaire. S’il advenait que ces non-répondants ne participent pas à des activités de recherche, les résultats publiés seraient surestimés.* En décembre 2016, les départements de pharmacie ont été sollicités afin de répondre à un questionnaire sur la recherche en pharmacie (clinique, évaluative ou de soutien) dans le cadre de stages à thématique optionnelle (STOP) de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal réalisés à l’A.P.E.S. Au total, 22 (73,3 %) départements de pharmacie ont rempli le questionnaire.

La recherche en pharmacie au Québec: pas reconnue à sa juste valeur, selon l’A.P.E.S.

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