La parole est à vous – L’Ordre des pharmaciens a mis sur pied des projets pilotes sur la délégation contenant-contenu en communautaire. Qu’en pensez-vous ?

« Je suis en faveur de ce projet, en autant que le travail soit bien encadré. Cela nous donnerait plus de temps pour les autres tâches. Toutefois, l’aspect concernant la responsabilité professionnelle me préoccupe. Il reste à déterminer ce qui arrivera en cas d’erreur. Il est essentiel d’établir une façon logique de faire les vérifications, afin de minimiser les erreurs. Il faudrait peut-être envisager que la délégation ne touche que les renouvellements et pas les nouvelles prescriptions. On pourrait aussi cibler certains médicaments, pour commencer, comme la pilule contraceptive. On pourrait envisager de mettre en place la délégation pour les prescriptions plus faciles, au lieu de tout déléguer d’un coup. Chaque pharmacie pourrait même adapter le travail des ATP en fonction de ses besoins. Par exemple les ATP pourraient prendre en main la vérification des pilules contraceptives dans les pharmacies qui reçoivent beaucoup de prescriptions pour de telles pilules. »Chantal L’AbbéPharmacie Diane LamarreSaint-Lambert« Je suis contente que l’on se soit décidé à remettre le projet à l’ordre du jour. Cela fait des années que nous en parlons dans le milieu pharmaceutique. La délégation de la vérification contenant-contenu aux ATP est une bonne chose si le travail est encadré et bien supervisé. Cela nous permettrait de donner plus de conseils aux clients et de développer notre pratique sur les soins pharmaceutiques. La seule chose qui me dérange, c’est la responsabilité professionnelle. Si nous délaissons la vérification contenant-contenu, j’aimerais que les ATP aient leur propre assurance responsabilité. Cela m’inquiète un peu que l’on soit tenu responsable de leurs erreurs. Par ailleurs, j’approuve le fait que l’on envisage de laisser les pharmaciens libres de choisir s’ils souhaitent adhérer ou non au projet. J’aimerais cependant que la formation sur trois ans soit obligatoire pour les ATP. Il serait vraiment important d’exiger une bonne formation dans le contexte actuel où ils ont beaucoup de responsabilités. »Elia De BenevictisPharmacie Hébert & CouillardAffiliée à UniprixSaint-Eustache« Si la vérification contenant-contenu est bien faite, avec un certain protocole à suivre, je suis en faveur de tels changements. Un protocole sérieux devra être mis en place et testé. Il faudrait peut-être envisager que le contenant-contenu soit vérifié par deux ATP différents, afin de diminuer les chances d’erreur. Avec un système où une troisième personne vérifierait le tout à la caisse, en remettant le médicament au client, les risques de se tromper seraient vraiment très minces. Le pharmacien pourrait être libéré de ce travail et s’occuper des conseils à donner au client. Cela dit, ce n’est vraiment pas les vérifications contenant-contenu qui grugent le plus de temps aux pharmaciens. Si l’on cherche à faire économiser du temps aux pharmaciens, il faut trouver des solutions ailleurs. Et puis, si la délégation contenant-contenu devient légale, je ferai quand même les vérifications. Je suis d’accord pour confier le travail aux ATP, mais je le vérifierai ensuite parce que cela ne requiert pas assez de temps pour que je ne le fasse pas. »Yan Hélie-CardinPharmacie Delombaerde & Hélie-CardinAffiliée à ProximGracefield« Je fais déjà une délégation contenant-contenu pour les contraceptifs oraux. Les ATP se vérifient entre elles lors des renouvellements.Elles ne le font pas lors de nouvelles prescriptions, mais uniquement lors de renouvellements.Je vois d’un très bon œil que l’on continue dans cette voie puisque cela permettrait aux pharmaciens de passer plus de temps dans leur bureau de consultation. Je suis vraiment en faveur de ce projet. J’ai une entière confiance dans le travail des ATP. Avec des ATP bien formés, on peut envisager de déléguer cette partie de notre travail. L’aspect qui concerne la responsabilité professionnelle est peut-être à retravailler, mais je ne vois pas pourquoi les ATP ne pourraient pas faire le travail de vérification. J’ai travaillé plusieurs années en milieu hospitalier et cette délégation avait déjà commencé. Pour moi, il était donc naturel que cette délégation se fasse aussi dans le communautaire. Je ne suis pas de celles qui vont vouloir s’accrocher à vouloir vérifier si la bonne pilule est dans le bon pot, surtout avec les nouvelles avenues que l’on nous présente. Nous avons tellement de défis à relever qu’il vafalloir laisser aller quelques petites choses très techniques. Je n’irais pas d’un seul coup déléguer toutes les vérifications, mais celles qui concernent certains médicaments, comme les contraceptifs oraux,et qui prennent finalement beaucoup de notre temps. Cela peut nous faire gagner des minutesprécieuses. »Hélène MorinPharmacie Morin & GagnonAffiliée à ProximSaint-Honoré« De toute façon, de ce que j’ai compris, cette délégation n’était pas illégale jusqu’à présent, mais il n’y avait pas d’encadrement. Il faut donc mettre en place un encadrement. À partir du moment où cela sera fait et où l’on suivra le protocole, je ne suis pas contre cette délégation. Cela peut nous libérer du temps que l’on consacrera à des soins pharmaceutiques. Il faudra également que les ATP soient formés en conséquence. La responsabilité professionnelle ne m’inquiète pas depuis que j’ai assisté à une conférence donnée par l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), lors du dernier congrès Familiprix. La différence entre la responsabilité en cas d’erreur et la responsabilité en cas de négligence étant très claire, la situation ne sera pas pire que celle qui prévaut actuellement. Nous sommes responsables, de toute façon, mais si nous réussissons à démontrer qu’il ne s’agit pas d’une négligence, cela demeure une erreur. Cet aspect du projet ne me fait donc pas peur. Nous aurions plus de temps pour discuter avec les patients, analyser les dossiers et faire des soins pharmaceutiques. »Céline RiouPharmacie Riou PellerinAffiliée à FamiliprixTrois-Pistoles« Je suis tout à fait en faveur de ce projet si les ATP sont formés adéquatement et si la responsabilité, en cas d’erreur, est transférée aux ATP. Il est essentiel qu’ils aient une responsabilité professionnelle. S’ils font la vérification contenant-contenu, je ne voudrais pas être tenue responsable de leur travail. Si la responsabilité professionnelle demeure celle du pharmacien, je ne suis pas en faveur d’un tel projet. À ce moment-là, je continuerai à faire les vérifications moi-même. Je ne veux pas être responsable des erreurs des autres. »Stéphanie SmithPharmacie Desneiges PlourdeAffiliée à UniprixRivière-au-Renard

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