La parole est à vous – Le ministre Bolduc se montre prudent à l'égard de la facturation des services pharmaceutiques. Qu'en pensez-vous ?

« Je suis prudent également. Tout dépend du contexte dans lequel on travaille. J’ai une clientèle qui n’est pas fortunée. Je suis d’accord avec l’idée de facturer certains services, pour assurer la rentabilité de l’entreprise et pour permettre justement de développer de nouveaux services. Toutefois, si le client n’a pas d’aide pour payer ces services, c’est très délicat de lui imposer ces frais supplémentaires. Quand le client a une assurance privée, on est plus à l’aise de le faire. Malgré cette constatation, je ne le fais pas encore pour l’anticoagulothérapie. On se pose des questions. J’attendais que le gouvernement prennent une position à cet effet et je me disais qu’en attendant nous serions capables d’offrir le service. Je ne suis pas très étonné de la réaction du ministre. Le gouvernement n’a jamais été très proactif pour aider les pharmaciens. Je ne m’attends pas à des changements plus rapides. Le gouvernement a d’autres priorités. Peut-être qu’avec le Dossier de santé du Québec, les choses vont s’améliorer. Peut-être aussi que notre chaîne pourrait arriver avec une politique de tarification. Pour l’instant, le groupe encourage certains changements, mais n’impose rien.La question est très complexe. Il ne s’agit pas non plus d’imposer des tarifs pour des services que nous offrons déjà ou en partie. Il s’agit d’établir une structure. En contexte de pénurie, il y a des limites à ce qu’on peut faire. Nous n’avons pas de surplus de personnel pour développer les nouveaux services qu’on nous demande d’offrir. Nous sommes un peu en mode de survie. »Serge DuprasPharmacie Bourget et Dupras Affiliée à PJC Jean Coutu Laval« La vérification de la médication d’un client est un travail pour lequel nous devrions être rémunérés. Il faudrait que le gouvernement prenne une décision en ce sens. Je ne crois pas que le client est prêt à payer pour ce service. Dans notre pharmacie, nous le faisons sans facturer les clients pour l’instant. Malheureusement, je n’ai pas beaucoup d’espoir que les choses changent prochainement. Je ne m’attends à aucun changement, aucune décision du gouvernement pour les cinq prochaines années. »Guylaine CôtéPharmacie Couture, Côté, Thivierge Affiliée à Brunet Beauport« Actuellement, je ne facture pas pour la vérification de la médication d’un client. J’ai l’impression que les gens refuseraient de payer pour ce service. C’est un service que les gens s’attendent à recevoir gratuitement. Je considère, comme le mentionne le ministre Bolduc, qu’il faut être prudent. La vérification fait partie de notre travail. Nous risquons d’être perçus comme des professionnels qui veulent être payés pour tout. Les patients payent déjà leurs prescriptions. Il est normal que nous leur rendions un service et que nous ne nous contentions pas seulement de faire de la distribution. La vérification fait partie de notre travail. Si on ne le fait pas d’emblée, quand on voit nos patients, je me demande à quoi servent les honoraires que nous recevons. »Raymonde ViensPharmacie Raymonde Viens Dolbeau-Mistassini« Je suis plutôt déçu de la réaction du ministre de la Santé. Lorsqu’on reçoit une nouvelle ordonnance pour une sortie d’hôpital, on a, certes, une obligation de donner un conseil et de faire l’analyse détaillée du dossier. De là à faire la revue complète du dossier avec le patient de façon systématique, il y a des conditions à mettre en place et il faut cibler notre clientèle. Il faut que des frais reliés à cette analyse du dossier soient défrayés afin de justifier cette valeur ajoutée à nos services. C’est un travail qui exige beaucoup plus de temps et de ressources. En général, nous nous acquittons de cette tâche d’analyse et de recherches de solutions sans que le patient en soi témoin, seul derrière notre écran d’ordinateur. Notre bannière suggère un tarif pour la révision de la médication lorsqu’elle s’effectue sans les interruptions téléphoniques ou ceux de la chaîne de travail au quotidien. J’espère que les pharmacies vont s’y mettre et faire reconnaître la valeur d’un moment privilégié en compagnie de son pharmacien.À la pharmacie, nous avons commencé à exiger des frais pour des programmes de prise en charge, échelonnés sur trois mois, pour les patients qui font de l’hypertension, du diabète ou qui souffrent de maladies respiratoires. Le programme comprend trois rencontres de 20 minutes avec trois différents intervenants : le pharmacien, une infirmière et une nutritionniste.Pour les rapports d’impôt, certaines pharmacies imposent un tarif pour imprimer les factures, d’autres non. Nous en faisons plus d’une centaine au moment de l’impôt. Une cliente me disait que son comptable lui facture 20 $ pour compiler toutes les factures. Il est donc justifiable que nous imposions un tarif aussi minime que 5 $. Les médecins ne sont pas mal à l’aise d’imposer des frais variant de 5 $ à 10 $ pour un renouvellement d’ordonnance. Certains refusent même de faire des ordonnances verbales ou par télécopie pour des renouvellements, prétextant que les patients doivent se déplacer pour en acquitter les frais !Quand j’ai lu l’entrevue avec le ministre Bolduc dans L’actualité pharmaceutique, j’étais quand même en accord avec lui sur certains points. Je comprends que cela fait partie des tâches du pharmacien d’expliquer la médication. Sans lire toute la monographie comme lorsqu’on va chez le notaire et qu’il nous lit le contrat de A à Z, il faut laisser de la place pour que le patient puisse interagir et cela demande du temps. »Alain LemayPharmacie Georges-Étienne Gagnon Affiliée à Proxim Prévost« Il faut facturer pour la vérification de la médication. Ici, nous commençons à le faire, même si nous ne facturons pas un montant aussi élevé que celui suggéré par l’AQPP. Évidemment, il serait souhaitable que toutes les pharmacies se mettent à le faire. Il est évident qu’il faudrait se tenir. La réaction du ministre me déçoit. Il faudrait que le ministère prennent une décision pour que tout le monde impose un tarif pour ces services. »Lynn GermainPharmacie Aubé & Germain Affiliée à Uniprix Sherbrooke« S’il y avait une loi globale qui régissait tout, ce serait plus simple. Si certaines pharmacies facturent les services, d’autres non, cela pousse les patients à aller là où c’est gratuit. Si toutes les pharmacies facturaient, les gens payeraient parce qu’ils aiment recevoir des services complets.Pour l’instant, nous ne facturons pas. Nous songeons à le faire, mais nous n’avons pas encore commencé. Nous voulons d’abord monter une gamme de services à offrir.Je suis en faveur de la facturation pour des services plus complets, qui nécessitent l’étude approfondie d’un dossier ou de passer une heure avec le patient. L’initiative, si elle ne vient pas du gouvernement, pourrait venir des regroupements de pharmaciens, des bannières. Je ne m’attends pas à de grands changements venant du ministère pour l’instant. »Suzie LavalléePharmacie Couture & Blais Affiliée à Brunet Sorel-Tracy

La parole est à vous – Le ministre Bolduc se montre prudent à l'égard de la facturation des services pharmaceutiques. Qu'en pensez-vous ?

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes