La parole est à vous - La spécialisation vous semble-t-elle importante pour l’avancement de la pharmacie d’établissement?

« Oui, il est important de reconnaître les compétences des pharmaciens qui sont spécialisés. Dans certains milieux - notamment les milieux universitaires ou de troisième ligne - il est nécessaire d’avoir des pharmaciens spécialisés. Ici, il s’agit d’un petit hôpital où les pharmaciens sont plutôt des "généralistes" et doivent avoir des connaissances assez étendues et variées. Nous n’avons pas les budgets requis pour avoir des pharmaciens spécialisés dans différents domaines. Cependant, il serait souhaitable d’avoir des pharmaciens spécialistes dans tous les établissements. Cela augmenterait la qualité de l’aide que nous pouvons apporter aux différents professionnels qui œuvrent dans l’établissement, médecins ou autres. »Rita LemirePharmacienneCSSS d’ArgenteuilLachute« Les points de vue sur la question semblent diverger entre les établissements universitaires et non universitaires. Les discours sont différents. Les pharmaciens en région se sentent parfois moins valorisés parce qu’ils sont plus "généralistes". Pourtant, c’est quasiment une spécialité d’être généraliste. C’est sûr que nous ne faisons pas de formation continue aux États-Unis, comme c’est le cas dans des domaines très spécialisés, mais nous devons nous renseigner dans tous les domaines.Je suis pour le développement de la spécialisation, mais il faudrait définir ce que c’est. Je sens que cela peut provoquer des conflits au sein de la profession. Ma crainte est que nous soyons un peu moins reconnus par rapport à des pharmaciens spécialisés, alors que nous faisons le même travail. Je crains aussi que cela n’entraîne des différences salariales. Il ne faudrait pas créer de scission au sein de la profession.Les pharmaciens ont chacun leurs connaissances dans leurs domaines. Même en région, nous avons des spécialistes. Chacun a son secteur en particulier et quand nous avons des questions qui concernent un domaine précis, nous allons voir la personne concernée. Nous avons des pharmaciens aux soins intensifs, d’autres en hémodialyse. »Françoise DubéPharmacienneHôpital Pierre-Le Gardeur« De plus en plus, les pharmaciens se spécialisent. Nous n’avons pas le choix face à l’évolution rapide des médicaments et des technologies. Les médecins sont, eux aussi, de plus en plus spécialisés et les pharmaciens n’arrivent plus à mettre à jour leurs connaissances dans tous les domaines. C’est très aidant et très valorisant d’avoir des collègues qui sont spécialisés et à qui nous pouvons référer des questions pointues ou des patients de plus en plus difficiles à traiter.Par exemple, les gens qui travaillent en oncologie font entre 50 % et 80 % de leurs temps en oncologie. Même s’ils n’ont pas de titre pour l’instant, ils sont des spécialistes. C’est important de reconnaître leur travail, qui est très différent de celui des pharmaciens plus généralistes. Je ne dis pas que ceux qui n’ont pas de spécialité sont moins bons.La reconnaissance est une question d’organisation du travail. Le besoin de pharmaciens spécialisés est de plus en plus grand, même en région. Ce n’était peut-être pas le cas il y a vingt ans, mais aujourd’hui, tous les traitements compliqués se font aussi en région. »Visal UonChef du département de pharmacieHôpital Charles LeMoyneGreenfield Park« Le rôle plus spécialisé du pharmacien doit passer par une reconnaissance, pas nécessairement financière, mais de la part de nos pairs et de la société. Dans un second ordre, cette reconnaissance pourrait se faire d’un point de vue financier, car nous faisons seize mois de formation supplémentaire. Je travaille dans un hôpital en psychiatrie. C’est un milieu qui attire moins les étudiants et les jeunes pharmaciens. Nous sommes donc dans un contexte de pénurie. Il est très difficile de recruter, d’autant plus que cela nécessite des connaissances pointues dans ce domaine. Nous avons accès à beaucoup d’informations qu’il est facile d’aller chercher, mais le milieu de pratique exige des stages, une exposition, une certaine expérience que l’on doit aller chercher avec une formation additionnelle comme la maîtrise. »Olivier Turpin-LavalléePharmacienCentre hospitalier Louis-H. LafontaineMontréal« La spécialisation me semble très importante. C’est tout d’abord une reconnaissance du travail qui est fait actuellement par des pharmaciens dans les établissements. D’autre part, c’est aussi une première étape pour donner suite, éventuellement, à une spécialisation encore plus pointue dans des domaines de pointe. Par contre, la formation, notamment celle des assistants techniques en pharmacie, devra être rehaussée également. Il faudrait qu’ils aient accès à une formation plus complète qui leur permette d’acquérir un certain niveau d’autonomie. Ainsi, ils pourront dégager encore davantage les pharmaciens d’établissements qui pourront alors se consacrer à leur rôle de spécialiste. Il faudra donc envisager une nouvelle façon de pratiquer pour maximiser tout le potentiel des pharmaciens que l’on peut obtenir avec la spécialisation. La spécialisation est déjà une réalité. Il ne manque que la reconnaissance pour ce travail qui est d’un niveau de complexité supérieur. Les besoins en pharmaciens spécialisés vont en augmentant puisque les thérapies se complexifient de plus en plus. Il est donc essentiel de reconnaître cette spécialisation. »Chantal BretonChef du département de pharmacieCentre hospitalier affilié universitaire Hôtel-Dieu de LévisLévis« Il est important de donner aux pharmaciens plus de temps pour parfaire des connaissances plus pointues dans certains domaines. D’autant plus que les pharmaciens d’établissement sont souvent affectés à une ou deux unités de soins. Étant donné que je travaille dans un hôpital psychiatrique, j’essaie de parfaire mes connaissances dans ce domaine spécifique. Cependant, je ne vois pas la nécessité de reconnaître cette spécialisation sous la forme d’un titre ou d’une rémunération différente. La spécialisation est nécessaire dans notre profession, mais pas sa reconnaissance. Les pharmaciens qui ne sont pas spécialisés sont aussi compétents que ceux qui le sont. »Madeleine HardyPharmacienneCentre hospitalier Pierre-JanetGatineau

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