La parole est à vous – En conseillant un MVL au patient, contribuez-vous au traitement de sa condition?

En conseillant un MVL au patient, contribuez-vous au traitement de sa condition ou seulement au soulagement de ses symptômes?Cette tribune vous donne l’occasion de lire le point de vue de pharmaciens et de pharmaciennes de tous les coins du Québec sur une variété de sujets d’intérêt pour la profession. Au hasard des rencontres téléphoniques, voici leurs réponses.« Cela dépend des situations, mais en général, j’aime croire que je ne parviens pas seulement à soulager et que je peux aussi traiter les problèmes de santé plus mineurs, qui ne requièrent pas nécessairement une consultation médicale. Il y a quand même beaucoup de problèmes que l’on parvient à régler avec les médicaments en vente libre. Dans les cas où il est clairement nécessaire que le patient voie un médecin, j’use de tous les moyens nécessaires pour le convaincre d’aller consulter le plus tôt possible. Rien n’empêche non plus, dans certaines situations, d’offrir un soulagement temporaire au patient. Ce n’est pas toujours évident d’obtenir un rendez-vous chez le médecin. Nous sommes dans une région éloignée et il n’y a qu’une clinique d’urgence, qui est pleine tous les jours ! Il arrive donc souvent que les MVL permettent de soulager le patient en attendant qu’il voie un médecin. Quand on explique clairement aux gens qu’il est nécessaire de consulter, ils suivent généralement nos recommandations. »Dave BullockPharmacienMontebello« Les médicaments en vente libre servent autant à traiter qu’à soulager. Cela dépend surtout des symptômes que présente le patient. En présence de symptômes du rhume ou de la grippe, il est évident que les MVL vont surtout jouer un rôle de soulagement, en attendant que cela parte. L’idéal, c’est quand même de pouvoir traiter les patients avec les MVL. On les réfère ensuite au médecin s’il n’y a pas d’amélioration. Il y a beaucoup de problèmes que l’on peut traiter avec les MVL. Il arrive aussi que le meilleur conseil que l’on puisse donner ne passe pas par un MVL, mais plutôt par des mesures non pharmacologiques ! »Anne St-AubinPharmacienneMont-Saint-Hilaire« Les médicaments en vente libre peuvent traiter ou soulager, dépendamment du problème. Quand je soupçonne qu’il y a une infection et que le soulagement des symptômes ne sera pas suffisant avec un MVL, je recommande au patient de voir un médecin. Si cela ressemble à un rhume, on soulage en attendant que cela passe. Mais dans la plupart des cas, quand le patient vient nous voir, le médicament en vente libre peut traiter sa condition. Le patient sent souvent de lui-même quand il doit consulter et quand sa condition ne nécessite pas nécessairement de consultation médicale et peut être traitée par un MVL. Parfois, les gens veulent un MVL pour être soulagés un peu en attendant la consultation. »Marjorie GarneauPharmacienneCharlesbourg« Les MVL servent autant à soulager qu’à traiter. Dans certains cas, ils permettent de traiter des conditions. Dans d’autres, ils soulagent en attendant d’avoir un diagnostic du médecin. La plupart des MVL que nous conseillons sont pour traiter des infections bénignes que l’on peut guérir de cette façon. C’est souvent dans ces circonstances que je fais un peu de triage et que je peux m’apercevoir si la personne a plutôt besoin d’avoir une consultation médicale. Quand la personne me demande des conseils, j’en profite pour lui poser d’autres questions sur sa condition. Cela me permet de constater si, effectivement, elle est devant le bon professionnel ! Si le patient nécessite une consultation médicale, je lui indique clairement que je ne pense pas qu’un MVL soit recommandé et qu’il ne devrait pas gaspiller son argent dans un traitement inutile. Je lui fais savoir que la consultation reste nécessaire dans son cas. »Jasmin LavoiePharmacienMatane« On contribue parfois au traitement de sa condition, mais pas dans tous les cas. Pour une infection vaginale, par exemple, une crème vaginale peut très bien guérir. À ce moment-là, on peut résoudre le problème avec un MVL et on ne se contente pas de soulager les symptômes, contrairement à un sirop contre la toux. Dans environ 50 % des cas, les MVL permettent de traiter la condition du patient. »Chantal CharestPharmacienneRouyn-Noranda« C’est sûr que cela dépend du problème soulevé par le patient. Si on conseille, par exemple, du Polysporin dans les yeux pour une conjonctivite, on contribue au traitement. Pour d’autres symptômes, comme des douleurs ou des symptômes grippaux, on contribue au soulagement, mais aussi à alléger les consultations sans rendez-vous dans les cliniques médicales ! Les MVL sont des traitements dans 25 % à 30 % des situations où on les recommande. Toutefois, un anti-inflammatoire peut aussi être un traitement en présence d’une douleur aiguë dont la cause est facilement identifiable, qui va se résorber et qui ne réapparaîtra pas. Par contre, j’évite le plus possible de conseiller un MVL à un patient dont la condition nécessite clairement une consultation médicale et qui ne veut pas voir un médecin. Je le fais plutôt dans des cas isolés où le patient décide d’aller consulter, mais quand je sais que cela risque de prendre huit heures avant qu’il ne soit vu à l’urgence. À ce moment-là, il peut arriver que je lui propose un analgésique pour qu’il soit soulagé temporairement pendant le temps d’attente à l’urgence. Mais je m’assure de ne pas échapper de patients dans la nature, qui n’iraient pas consulter du fait que je leur ai proposé un médicament. J’avise toujours la personne que le problème qu’elle présente est sérieux et nécessite une consultation, même si on peut le soulager partiellement avec des médicaments. »Jean-François BernierPharmacienSaint-Georges

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