La loi 21 adoptée pour encadrer la psychothérapie

Jusqu’ici, n’importe qui pouvait s’afficher comme psychothérapeute. Quiconque ayant suivi une formation d’une fin de semaine pouvait s’ouvrir un cabinet et recevoir des clients aux prises avec des difficultés psychologiques. La vérification des compétences du psychothérapeute relevait de la responsabilité du client qui n’avait aucun recours en cas de préjudice.La Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines vient encadrer la pratique de la psychothérapie. Elle entrera en vigueur au cours des prochains mois.Dorénavant, le titre de psychothérapeute sera réservé aux médecins et aux psychologues, ainsi qu’aux conseillers en orientation, psychoéducateurs, ergothérapeutes, infirmières et travailleurs sociaux ayant satisfait aux exigences de formation théorique et pratique nécessaire. Les psychologues et les médecins pourront continuer à pratiquer la psychothérapie sans être obligés d’utiliser le titre de psychothérapeute. Les membres des autres ordres professionnels admissibles devront faire une demande de permis à l’Ordre des psychologues du Québec.Les thérapeutes qui pratiquent actuellement la psychothérapie et dont la compétence est jugée acceptable par l’Ordre des psychologues du Québec bénéficieront d’une clause de droits acquis, communément appelée « clause grand-père ». Par ailleurs, tous les professionnels qui pratiquent la psychothérapie, incluant les médecins et les psychologues, devront s’engager dans un processus de formation continue obligatoire de 90 heures réparties sur cinq ans, soit environ 18 heures par an.Le président du Collège des médecins applaudit à ce grand ménage. « Pour les médecins, ça ne change rien. Nous conservons le droit de pratiquer la psychothérapie. Mais tous ceux que j’appelle les « eutes » devront dépendre de l’Ordre des psychologues. Cette restructuration fera en sorte que n’importe quel zouf ne pourra plus faire n’importe quoi », affirme le Dr Yves Lamontagne.Un des principaux architectes de cette loi, le Dr Jean-Bernard Trudeau, soutient que la loi 21 va « injecter de la rigueur dans la psychothérapie ». Omnipraticien et directeur des services professionnels et hospitaliers à l’Hôpital Douglas de Montréal, le Dr Trudeau a présidé en 2005 le chantier sur la modernisation de la pratique professionnelle en santé mentale et en relations humaines à l’Office des professions. « Je pense que la fusion de la loi 21 avec le Plan d’action en santé mentale va créer une nouvelle dynamique sur le terrain qui ne peut que favoriser une plus grande interdisciplinarité avec les autres professionnels », dit-il.Bien que la loi 21 soit accueillie favorablement par la grande majorité des intervenants en santé mentale, les psychiatres ont craint de voir les psychologues envahir leur champ de compétence en matière de diagnostic. Évaluation faite, « Cela ne nous fait pas peur, affirme le Dr Lamontagne. Les psychologues font l’évaluation psychologique, alors que nous faisons des diagnostics psychiatriques », précise le psychiatre.Autre dossier litigieux maintenant résolu : le diagnostic des troubles envahissants du développement (TED). Des groupes de parents ont fait pression pour que les psychologues soient autorisés à poser le diagnostic de TED afin d’obtenir des services plus rapidement. Tous les intervenants s’entendent sur l’importance d’une intervention rapide. Le Collège des médecins a cependant fait valoir que le TED et l’autisme sont des diagnostics à spectre très large que seul un médecin est habilité à faire. Un compromis a été trouvé : « L’enfant évalué par un psychologue peut commencer le traitement non pharmacologique en attendant de voir un pédopsychiatre pour confirmer le diagnostic », affirme le Dr Lamontagne.La psychothérapie« La psychothérapie est un traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé. Ce traitement va au-delà d’une aide visant à faire face aux difficultés courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien. »Article 187.1 de la Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines.

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