La guerre de RFK fils contre les vaccins à ARNm pourrait menacer l'accès du Canada

Des médecins et des scientifiques canadiens affirment que le retrait du financement des projets de développement de vaccins à ARNm par le secrétaire à la Santé et aux Services sociaux des États-Unis, Robert F. Kennedy fils, aura des effets négatifs sur la santé au Canada et dans le monde entier.«Les Canadiens doivent comprendre que cette situation, et plusieurs des changements apportés par Kennedy à la politique de vaccinale, auront certainement des répercussions sur les Canadiens», prévient la virologue Angela Rasmussen, de l'Université de la Saskatchewan.Elle explique que, contrairement à d'autres vaccins, les vaccins à ARNm peuvent être fabriqués très rapidement et facilement modifiés pour combattre de nouveaux virus et s'adapter à l'évolution des souches — un phénomène qui a entre autres été constaté avec l'apparition de nouveaux variants pendant la pandémie de COVID-19.Elle et d'autres experts médicaux affirment que cette capacité est essentielle alors que le monde se prépare à la possible prochaine pandémie avec la grippe aviaire H5N1, mais la suppression de l'important pouvoir de financement des États-Unis met en péril la mise en oeuvre mondiale de vaccins à ARNm.À consulter: Kennedy annule 500 millions$ allant au développement de vaccins à ARN messager«Nous risquons de retarder la fabrication de quelconque vaccin si un autre virus apparaît, notamment le H5N1, ce qui est l'une de mes plus grandes préoccupations en ce moment.»Le 5 août, M. Kennedy a annoncé que le ministère américain de la Santé et des Services sociaux suspendait le financement de 22 projets de vaccins à ARNm, d'une valeur de près de 500 millions$ US.En mai, il a déjà annulé le financement du développement par Moderna d'un vaccin contre l'influenza pandémique. Un porte-parole de Moderna Canada a déclaré jeudi dans un courriel que l'entreprise «continue d'explorer des solutions de rechange pour faire progresser son programme H5N1, conformément à son engagement mondial en matière de préparation aux pandémies».Le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les pandémies virales, Matthew Miller, affirme que les États-Unis sont l'un des plus importants bailleurs de fonds de la recherche médicale au monde et que le retrait de leur financement de la recherche sur les vaccins à ARNm freinera probablement le développement et menacera l'accès du Canada à une technologie vaccinale essentielle.«Nous disposons d'une quantité incroyable de données de sécurité en situation réelle concernant les vaccins à ARNm. L'idée selon laquelle il ne s'agirait pas d'une technologie extrêmement sûre, compte tenu des milliards de doses de ces vaccins qui ont été administrées dans le contexte de la COVID-19, est déconnectée de la réalité», a assuré M. Miller, qui dirige l'Institut Michael G. DeGroote de recherche sur les maladies infectieuses de l'Université McMaster à Hamilton.M. Miller a prévenu que la diffusion de fausses informations sur les vaccins à ARNm par le secrétaire américain à la Santé et aux Services sociaux pouvait causer des «dommages importants» des deux côtés de la frontière.«Le public s'attend à ce que le gouvernement soit digne de confiance et qu'il ait ses intérêts à cœur. Par conséquent, les politiques qui semblent légitimer la désinformation peuvent créer une importante confusion et accroître la méfiance au sein de la population, a-t-il expliqué. Étant donné l'omniprésence des nouvelles américaines au Canada, il ne serait pas surprenant de constater les conséquences de ces décisions américaines au Canada également.»Nourrir le mouvement anti-vaccinLa Dre Cora Constantinescu, spécialiste des maladies infectieuses à Calgary, affirme que les fausses affirmations de RFK selon lesquelles les vaccins à ARNm sont dangereux et inefficaces provoqueront une «crise de confiance dans les vaccins» des deux côtés de la frontière.«[Cela] nourrit davantage le mouvement militant anti-vaccin», a indiqué la Dre Constantinescu, qui travaille auprès de patients et de familles réticents à la vaccination.Elle a souligné que la technologie de l'ARNm n'est pas seulement utilisée dans les vaccins contre les maladies infectieuses, mais qu'elle s'est également révélée très prometteuse dans le traitement du cancer.Elle ajoute que la désinformation peut également influencer l'opinion publique sur d'autres types de vaccins, ce qui est particulièrement dangereux en ce moment, alors que le Canada et les États-Unis sont confrontés à des épidémies de maladies évitables par la vaccination, comme la rougeole.Dans le communiqué annonçant le retrait du financement des projets de recherche sur l'ARNm par RFK, il a affirmé soutenir «des vaccins sûrs et efficaces pour tous les Américains qui le souhaitent».Mais des experts canadiens affirment que c'est faux, compte tenu de l'efficacité prouvée des vaccins à ARNm pour prévenir les formes graves de la COVID-19 et les décès. Ils ont aussi critiqué des déclarations jugées fausses qu'il a faites par le passé concernant le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole.Ces experts soutiennent que le rejet des vaccins à ARNm par RFK n'est qu'une étape dans une campagne visant à abandonner la vaccination en général.«Tout cela relève d'un programme anti-vaccin bien orchestré», a déclaré la Dre Constantinescu.La Pre Rasmussen a déclaré que le retrait du financement des vaccins à ARNm s'inscrivait dans une «attaque à plusieurs volets contre les vaccins en général», soulignant le licenciement par RDK de tous les anciens membres du Comité consultatif sur les pratiques de vaccination – qui conseille les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies – en juin et leur remplacement par plusieurs membres ayant un historique de militantisme anti-vaccin.À consulter: La vaccination antigrippale approuvée aux É.-U., mais sous certaines conditionsL'accès vaccinal au CanadaPfizer Canada et Moderna Canada ont confirmé à La Presse Canadienne jeudi que le retrait des États-Unis des vaccins à ARNm ne devrait pas affecter la disponibilité au Canada cet automne de leurs vaccins mis à jour contre la COVID-19.Interrogée sur la réaction du gouvernement canadien à l'annulation par les États-Unis des projets de vaccins à ARNm, l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a indiqué que «la pandémie de COVID-19 a souligné l'importance de renforcer et de maintenir la capacité nationale de développer et de produire rapidement des vaccins à une échelle suffisante pour protéger toute la population canadienne contre les pandémies et autres urgences sanitaires».Le gouvernement fédéral a conclu une entente avec Moderna pour la recherche, la mise au point et la fabrication au pays, qui inclut entre autres une installation à Laval, au Québec.Cependant, les «ententes actuelles de préparation à une pandémie de grippe» ont GSK comme «principal fournisseur national de vaccins», selon le courriel de l'ASPC. Deux autres ententes ont été faites avec Sanofi et Seqirus, note l'Agence.Cependant, aucun de ces vaccins n'est à ARNm, a confirmé un porte-parole de l'ASPC vendredi matin.Les vaccins sans ARNm prendraient beaucoup plus de temps à être déployés à grande échelle pour de larges populations s'ils étaient nécessaires en cas de pandémie, a prévenu la Pre Rasmussen.

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