La FIQ subventionne une coopérative de santé créée par des infirmières bénévoles

N’en déplaise à la Fédération des médecin omnipraticiens du Québec (FMOQ), la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) va de l’avant avec son projet de cliniques de première ligne sans médecin.Dans le cadre d’un projet pilote, elle a accordé une subvention de 150 000$ à la coopérative de solidarité SABSA (services à bas seuil d’accessibilité) de la Basse-ville de Québec fondée par deux infirmières et une intervenante sociale.Cette coop existe depuis décembre 2011 et a déménagé le printemps dernier dans de nouveaux locaux plus vastes. L’argent de la FIQ servira principalement à élargir l’offre de services à une clientèle défavorisée et sans médecin de famille des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur et à rémunérer les deux infirmières qui y travailleront à l’automne. La clinique devrait être ouverte environ 30 à 32 heures par semaine.Divers services seront offerts: suivi de maladies, soins pour des petits problèmes de santé, ajustements de médicaments autorisés, évaluation, éducation, formation. Les cas qui exigent un diagnostic ou qui dépassent les compétences des infirmières seront adressés à un médecin de famille qui appuie la coopérative.Le projet fera l’objet d’une recherche en profondeur par des étudiantes au doctorat de l’Université Laval et de l'Université de Montréal dans le but de mesurer l’efficacité du modèle. Mais à priori, la FIQ voit dans ce premier investissement une inspiration pour d’autres cliniques sans médecin.«Ce premier projet pilote nous permettra d’observer, sur le terrain, la mise en œuvre d’une clinique de proximité et d’en dégager des constats qui pourront être, par la suite, utiles pour l’implantation d’autres cliniques ailleurs au Québec », a commenté sa présidente, Régine Laurent.Ni l’Agence régionale de santé, ni le ministère ne sont impliqués de près ou de loin et la coopérative entend demeurer indépendante même si l’un de ses buts est de faire en sorte que ses usagers soient pris en charge par le système de santé.Appui des médecinsL’annonce de la subvention de 150 000$ de la FIQ n’a pas soulevé de vague dans le milieu médical de la Capitale. La Basse-ville de Québec où est installée la clinique manque de plus en plus d’omnipraticiens et la situation pourrait s’aggraver en raison de départs à la retraite et de la fermeture de cliniques médicales. Cette clinique infirmière pourrait donc combler certains besoins.«Nous pensions que les médecins manifesteraient une certaine opposition, mais pas du tout, se réjouit l’une des fondatrices, l’infirmière praticienne Isabelle Têtu. Ils savent qu’il existe une clientèle désaffiliée qui n’a pas de médecin de famille et qui n’est pas prise en charge. Plusieurs médecins nous ont dit que c’était un très bon projet et que ça pouvait régler plusieurs situations qui n’exigent pas une visite médicale.»Plusieurs infirmières ont également exprimé leur appui à ce projet.La FIQLe soutien financier de la FIQ n’avait pas été sollicité. Il est donc arrivé comme un cadeau du ciel pour la coopérative et ses fondatrices. C’est par un jeu de relations avec Bernard Roy, professeur à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval, et Damien Contandriopoulos de l’UdeM que le contact a été créé entre la FIQ et la petite clinique de Québec.Une délégation menée par Régine Laurent a tellement aimé ce qu’elles ont vu et entendu lors d’une visite en mai dernier que la FIQ leur a offert une subvention de 150 000 $ pour une période d’un an.Nombreuses demandesDepuis qu’elle a annoncé son intention de développer des cliniques sans médecin, la FIQ est sollicitée pour en implanter dans plusieurs milieux et plusieurs régions. À ce jour, la fédération dit avoir reçu six demandes.Les demandeurs devront toutefois se montrer patients. La FIQ voit le cas de Québec comme un projet de recherche et il faudra que l’évaluation de ce projet soit terminée d’ici un an et demi avant que la fédération décide si elle va plus loin dans cette démarche.Lire aussi: «J’aurais pu chiâler, mais j’ai plutôt décidé de faire partie de la solution»

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