La facture détaillée permettra aux Québécois de faire de meilleurs choix, estime l’ACCAP-Québec

La facture détaillée en pharmacie permettra aux consommateurs de faire des choix plus éclairés, estime Lyne Duhaime, présidente de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP-Québec).Dès le 15 septembre prochain, la facture indiquera les honoraires professionnels, le prix du médicament et la marge du grossiste, ce qui permettra au patient de magasiner sa pharmacie et pourrait amener des professionnels à revoir leur tarification.«Nous avons fait un sondage dans lequel il était démontré que 80 % des Québécois ne savaient pas qu’il y avait des honoraires professionnels facturés par le pharmacien. Les gens doivent comprendre que cet honoraire, pour le volet privé du Régime général d’assurance médicament (RGAM), varie d’une pharmacie à l’autre», explique Mme Duhaime.Et selon une enquête du magazine Protégez-vous publiée ce mois-ci, il varie beaucoup! En effet, la publication rapporte que le prix d’un médicament peut plus que doubler d’un endroit à l’autre puisque chaque pharmacien détermine lui-même sa marge de profit. L’enquête montre que les consommateurs peuvent économiser des centaines de dollars en magasinant mieux leurs médicaments.De leur côté, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) et l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ) s’opposent avec vigueur à cette nouvelle mesure. Ils croient que celle-ci aura un impact important sur toute l’industrie de la pharmacie communautaire au Québec. Citant une étude du groupe de recherche indépendant CIRANO, les deux associations affirment que ce nouveau modèle de facture pourra amener plus de confusion que de bienfaits.Mme Duhaime repousse du revers de la main la conclusion dressée par l’AQPP et l’APPSQ. «Ce n’est pas ce que dit l’étude CIRANO dans son ensemble. Je crois qu’on a tenté de tirer de fausses conclusions. J’ai rencontré M. Montmarquette [ndlr Claude, président-directeur général du CIRANO] et il n’était pas particulièrement inquiet que la transparence puisse créer plus de confusion», explique-t-elle.Celle-ci estime qu’il ne faut pas cacher une information sous prétexte que le consommateur ne sera pas en mesure de la comprendre.Freiner la hausse des médicamentsVoyant le prix des médicaments grimper en flèche, ce sont les employeurs qui ont sonné l’alarme et ont demandé aux assureurs d’agir. Ces derniers ont ensuite demandé au gouvernement de prévoir une facture plus détaillée «pour qu’il y ait une meilleure compréhension de la composition de la facture en pharmacie».Ainsi, en décembre dernier, le gouvernement a apporté des modifications à la Loi sur l’assurance médicaments pour notamment obliger le pharmacien à remettre au patient une facture détaillée.Contenir le coût des honoraires professionnels est une des actions pour freiner la hausse du prix des médicaments, mais ce n’est pas la seule, note Mme Duhaime qui ajoute que la facture détaillée existe déjà dans plusieurs provinces canadiennes. Selon elle, une augmentation de l’utilisation du médicament générique et une fréquence moins élevée en pharmacie du client permettraient de contrôler la facture de médicaments pour les employeurs.«Le coût des médicaments pourrait à plus long terme mettre en péril les régimes d’assurance collective. Par exemple, il pourrait empêcher les plus petits employeurs d’offrir des régimes d’assurance collective.»Beaucoup plus cher au privéCette nouvelle mesure pourrait avoir des impacts importants, puisque les honoraires représentent un pourcentage important de la facture, observe la présidente de l’ACCAP-Québec.Selon elle, en 2015, les employés et les employeurs québécois ont payé plus de 400 M$ de plus pour les médicaments d’ordonnance que si les employés s’étaient procurés les mêmes médicaments par le volet public en raison des honoraires des pharmaciens plus élevés facturés au volet privé du RGAM.La même année, l’écart entre les tarifs payés au public et au privé variait entre 15 et 50 %, alors qu’il variait seulement entre 2 et 4 % en 1997.Les 60 % de Québécois disposant d’une assurance privée paient donc leurs médicaments beaucoup plus cher que dans le régime public.Néanmoins, l’ex directeur général de l’AQPP, Normand Cadieux, estimait en 2014 que le vrai problème n’était pas les honoraires professionnels, mais la surprescription et la surconsommation de médicaments, ainsi que le prix des médicaments.«Les honoraires du pharmacien, c’est une composante qui représente moins de 30 % du prix d’une ordonnance. S’ils veulent réaliser des économies, ce n’est pas en coupant dans les honoraires des pharmaciens, mais en se penchant sur la surconsommation de médicaments, le gaspillage de médicaments, le surdiagnostic, le surtraitement et la surprescription. Mais les assureurs ne sont pas intéressés par ces problèmes», avait-il dit en entrevue à Profession Santé.

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