La contraception gratuite partout au pays? Une médecin milite en faveur d’une politique fédérale de prise en charge des contraceptifs

Une pétition lancée par une médecin pour réclamer la gratuité de la contraception au Canada est en bonne voie d’être présentée à la Chambre des communes. Elle a recueilli plus de 4700 signatures en date du 16 août, soit bien plus que les 500 requises pour franchir cette étape. La pétition de la Chambre des communes n°E-4516, initiée par la Dre Rupinder Toor, qui dirige la IUD Women’s Clinic à Calgary, affirme que la gratuité de la contraception à l’échelle du pays permettra d’économiser des fonds publics, d’améliorer la protection des droits à la reproduction des Canadiens et de mettre le Canada sur un pied d’égalité avec tous les autres pays qui offrent des soins de santé universels. «Une politique fédérale de contraception gratuite sur ordonnance devrait générer des économies, des études montrant que pour chaque dollar investi dans la contraception universelle, on évite de dépenser jusqu’à neuf dollars dans la prise en charge des grossesses non désirées», mentionne la pétition. «Le Canada est le seul pays au monde à disposer d’un système de santé universel qui ne couvre pas les médicaments contraceptifs sur ordonnance.» Un communiqué de presse présentant la pétition ajoute que les économies réalisées grâce à une couverture nationale de la contraception se concrétiseront rapidement, «la politique ne coûte rien la deuxième année et permet d’économiser de l’argent dès la troisième année». Au Canada, on estime que 40% des grossesses ne sont pas désirées, ce qui représente un coût direct de plus de 320 millions de dollars par an pour les soins de santé. Le communiqué souligne également que la Colombie-Britannique a commencé à offrir gratuitement des contraceptifs sur ordonnance le 1er avril 2023 et que les partis politiques d’autres provinces ont mis en place des politiques similaires dans le cadre de leur mandat. Un récent sondage Abacus commandé par le Project EmpowHer — fondé par la Dre Toor pour soutenir son combat — indique que l’idée bénéficie d’un fort soutien. Sur les 1650 adultes canadiens qui ont répondu à l’enquête, près de 85% ont déclaré qu’ils approuvent une politique fédérale en faveur de la contraception gratuite sur ordonnance, tandis qu’environ 70% ont déclaré qu’ils estiment qu’il s’agit d’une question urgente. Appel aux professionnels de la santé «Les droits à la reproduction sont des droits de l’homme et ne peuvent être laissés au bon vouloir de gouvernements provinciaux changeants; ils doivent être protégés au niveau fédéral», signale la Dre Toor dans le communiqué de presse. «L’accès aux soins génésiques est de plus en plus restreint et démantelé au sud de la frontière canadienne, aux États-Unis, et les femmes du Canada commencent à s’inquiéter. Je ne me bats pas seulement pour mes patients, mais pour la sécurité de la procréation et l’égalité des sexes pour tous les Canadiens.» La pétition, qui peut être endossée jusqu’au 25 août 2023, a recueilli des signatures de toutes les provinces et de tous les territoires, plus d’un tiers des signataires venant de l’Alberta et un peu plus d’un quart de l’Ontario. Lire aussi: «Ma fille prend-elle un contraceptif?»: conseils pour traiter les mineurs matures La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) et l’Université de Calgary ont également apporté leur soutien, selon un courriel de la Dre Toor adressé à nos collègues du Medical Post. La SOGC a diffusé la pétition sur les médias sociaux. Dans son courriel, la Dre Toor souligne qu’en plus d’ajouter leur signature à la pétition, les médecins et les professionnels de la santé peuvent défendre cette cause en amplifiant le message au sein de leurs réseaux personnels et professionnels. «Nous avons jusqu’au 25 août pour recueillir un maximum de signatures, insiste-t-elle. Nous voulons présenter une forte démonstration de soutien au gouvernement.» Jusqu’à présent, la pétition a été la seule occasion pour les Canadiens de s’exprimer sur la question. «Il est donc temps d’agir pour garantir que l’accès à la contraception sera toujours sécurisé au Canada», clame la Dre Toor.

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