Intervenir comme médecin dans le débat sur les frais de scolarité

Je pourrais intervenir comme parent, comme ancien étudiant, comme professeur… mais intervenir comme médecin, dans ce débat -- uniquement comme médecin?Je vois au moins quelques bonnes raisons. Voilà pourquoi j'ai participé, mardi matin, à une conférence de presse sur la question. Ceux qui veulent l'écouter peuvent le faire ici. Pour parler de santé, parce que la santé est directement liée:au niveau de scolaritéau revenuau fait d’avoir un travail que l’on aimeau fait de vivre dans une société solidaireà l’investissement en santéà l’implication en sociétéVoilà pourquoi je pourrais choisir de m’impliquer dans ce débat social, même si je devais oublier tout le reste.En effet:1. Je ne vois pas comment une hausse de 75% des frais de scolarité peut aider plus de gens à poursuivre leurs études. Or, nous avons déjà, au Québec, un problème d’accès aux études supérieures. Alors, pourquoi aller si fortement dans le sens contraire de toute logique? Et le niveau de santé est lié au nombre d’années passées sur les bancs d’école.2. Si les jeunes étudient moins longtemps, ils toucheront des revenus moindres et créeront également moins de richesse autour d’eux, ce qui est directement corrélé avec un moins bon état de santé.3. Ils auront peut-être, mais pas toujours, un travail un peu plus difficile, parfois vraiment plus pénible, physiquement et moralement, ce qui est aussi reconnu comme un facteur de risque pour plusieurs problèmes de santé.4. Si la société oriente ses politiques afin de favoriser plus de justice sociale, plus de redistribution de la richesse, plus de solidarité – tous des facteurs fondamentaux favorisant la bonne santé, la population s’en portera mieux. Mais l’orientation choisie pour les frais de scolarité va dans la direction contraire.5. Une société vraiment solidaire doit aussi favoriser une sage utilisation du bien commun. Or, il semble que nous pourrions retirer bien davantage, collectivement, de l’exploitation des ressources qui nous appartiennent, que nous pourrions ensuite investir en santé et en éducation ces revenus, comme beaucoup de pays le font -- deux facteurs reconnus de bonne santé des populations. Et par ailleurs, comme la santé est aussi liée à la qualité de l’environnement, nous avons l’obligation de développer ces ressources de manière responsable et écologique.6. Enfin, la jeunesse que nous voyons tous les jours parler avec tant intelligence est pour moi un remarquable modèle d’implication sociale et de rayonnement, autant chez nous qu'à l'international, que nous devons encourager, non seulement parce qu’il donne tout son sens à notre vie en société, mais aussi parce qu’une vie riche, active et impliquée fait également partie des déterminants majeurs de la santé.Voilà pourquoi, comme médecin, je ne peux qu’appuyer cette volonté de «vivre ensemble» manifestée par nos étudiants, qui parlent pour eux-mêmes, mais également, et surtout, pour chacun de nous et pour leurs propres enfants.Voilà pourquoi je suis avec eux, pourquoi «nous sommes ensemble». Pourquoi j’appuie, comme médecin, mais aussi comme citoyen, leur cause juste. Pourquoi j'ai participé à la rédaction de cette déclaration, qui tente de situer dans une plus large perspective le débat actuel touchant les frais de scolarité.Vous pouvez manifester aussi votre volonté d'être ensemble en visitant la page "Nous sommes ensemble" que nous avons créé.Et vous, qu'en pensez-vous?

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Derrière ce blogue:

Alain Vadeboncoeur

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