Inscriptions à un groupe de médecins: la première cible atteinte un mois en avance

388 284. C'est le nombre de Québécois supplémentaires pris en charge par un groupe de médecine familiale (GMF) depuis l’entente concernant l’accès à la première ligne conclue en mai dernier entre le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Cette entente repose essentiellement sur l’inscription de groupe et le déploiement à l’échelle nationale du Guichet d’accès à la première ligne (GAP) qui agit, selon le gouvernement, comme un filtre de pertinence qui aiguille la personne vers le bon professionnel en fonction de sa situation. «C’est en ayant plus de patients pris en charge par un professionnel de la santé ainsi qu’en augmentant le nombre de patients recevant des services par le GAP que l'on contribuera à enlever de la pression sur nos urgences», a affirmé le ministre de la Santé, Christian Dubé, par voie de communiqué. Actuellement, les taux d’occupation des patients sur civière dans les urgences sont très élevés, notamment à Montréal, à Québec ainsi que dans les régions de Chaudière-Appalaches, de l’Estrie, des Laurentides et de Lanaudière. Selon Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades, contacté quelques jours avant l’annonce du ministre Dubé, le GAP n’a pas encore réduit le nombre de patients à l’urgence. Il croit d'ailleurs que «le vrai rendement du GAP, on le verra quand il y aura une baisse drastique des patients ambulatoires à l’urgence». Le MSSS ne communique pas ce chiffre, mais Paul Brunet l'estime à environ un million par année. «Fiers de cet accomplissement» De son côté, le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Marc-André Amyot, s’est réjoui de l’atteinte de cette cible en «à peine six mois», alors qu'il manque, selon lui, environ «1000 omnipraticiens au Québec». «Nous sommes fiers de cet accomplissement, surtout dans un contexte où la demande de soins s’accroît comme jamais», souligne-t-il. Celui-ci se dit convaincu que de plus en plus de Québécois pourront, dans les mois à venir, «mesurer concrètement les bienfaits du déploiement des GAP et de cette grande vague d’inscription collective». La prochaine étape sera d'atteindre la cible de 500 000 patients inscrits collectivement, d’ici le 31mars prochain. 388 284 plages horaires En parallèle aux inscriptions de groupe, les GMF doivent assurer une offre de service minimum. Ainsi, sur une base annuelle, les GMF doivent dégager une plage horaire par patient inscrit, soit 388 284 plages horaires, auxquelles s’ajoutent les places offertes dans le cadre du GAP. Les patients inscrits collectivement à un GMF et les patients orphelins doivent passer par le GAP pour obtenir un rendez-vous. Seuls les patients inscrits auprès d’un médecin de famille peuvent directement prendre rendez-vous avec lui. Ce modèle où il y a deux catégories de patient, soient ceux inscrits à un médecin et ceux inscrits à un groupe de médecins, va-t-il perdurer? «Il est trop tôt pour se prononcer», affirme la porte-parole du MSSS, Marie-Hélène Émond dans une réponse écrite. Les résultats obtenus jusqu’à présent n’incitent pas le Ministère à effectuer des changements: «En moyenne, plus de 90% des demandes sont traitées en moins de 36 heures par le GAP et lorsqu’un rendez-vous médical est requis, il est octroyé dans un délai approprié pour le besoin du patient», assure-t-elle. Moins de plaintes Rappelons toutefois que le GAP a connu plusieurs ratés cet été: engorgement des standards téléphoniques, appels rejetés ou sans réponse, rendez-vous donnés trop loin du lieu de résidence des patients ou dans des délais trop longs. «Il y a eu des enjeux de personnel, car il fallait former les agents administratifs et les infirmières qui répondent aux appels des patients», souligne le Dr Sylvain Dion, premier vice-président de la FMOQ et omnipraticien au GMF-U de Lac-Etchemin, dans Chaudière-Appalaches. À l’heure actuelle, 534 employés sont affectés à l’un des 92 GAP; la plupart sont des agents administratifs et des professionnels dédiés à l’évaluation. Ils reçoivent en moyenne 3 369 appels par jour. Le Conseil pour la protection des malades reçoit aujourd’hui moins de plaintes. «Les gens arrivent à obtenir des rendez-vous. Peut-être que ça fonctionne, mais lorsque ça ne fonctionne pas, les gens finissent par abandonner et vont à l’urgence», explique Paul Brunet. Selon le Dr Dion, les résultats varient d’une région à l’autre, mais le GAP reste «un filtre de pertinence qui joue bien son rôle»: 50% des appels sont orientés vers les médecins, 50% vers d’autres professionnels de la santé. Manque de personnel Le Dr Dion suggère d'ailleurs d'instaurer dans les GMF un filtre de pertinence, comme c'est le cas pour le GAP, pour les patients inscrits individuellement auprès d'un médecin afin de mieux répartir la charge entre les professionnels de la santé. Toutefois, le manque de main-d’œuvre touche aussi les autres professionnels. Selon le Dr Sylvain Dion, la pénurie d’infirmières, de psychologues, de physiothérapeutes et de nutritionnistes dans le réseau public «pose un enjeu de gratuité des soins» et «un frein à l’accessibilité». «S’il n’y a pas [ces professionnels], le problème reste entier, car la prise en charge repose alors sur les médecins», renchérit Paul Brunet. Notons que si les inscriptions de groupe sont favorisées, les inscriptions individuelles auprès d’un médecin de famille demeureront possibles pour les patients vulnérables et/ou avec maladie chronique.

Inscriptions à un groupe de médecins: la première cible atteinte un mois en avance

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes