Infirmières auprès des aînés: la reconnaissance tarde à venir

Le vieillissement démographique qui attend le Québec nécessitera un important investissement sur le plan des ressources humaines et financières dans le réseau de la santé.C’est pourquoi le ratio d’infirmières, d’infirmières auxiliaires et de préposées dans les soins de longue durée et à domicile devrait être plus équilibré pour mieux tenir compte des besoins des aînés et de leur famille, selon Louise Lévesque, chercheuse à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM).«La société, les décideurs et les ordres professionnels en santé doivent se demander si les soins aux personnes âgées sont une priorité pour eux. Il faut avoir un débat de société pour savoir quelles seront les priorités d’actions, les priorités budgétaires et de formations que l’on accordera pour répondre aux besoins grandissants de cette clientèle et de leur famille», précise Mme Lévesque qui est aussi professeure émérite à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal.Valoriser le rôle de l’infirmièreMme Lévesque a développé une véritable expertise de près de 30 ans dans les soins infirmiers aux personnes âgées et à la famille.Elle constate que les préjugés envers les soins aux personnes âgées sont encore bien tenaces. Elle fait référence ici à la banalisation du rôle de l’infirmière auprès des personnes âgées, comme si cette clientèle avait seulement besoin qu’on lui donne à manger et qu'on la change de position.«Les infirmières dans ce domaine ont moins de reconnaissance que celles qui travaillent à l’urgence et aux soins intensifs. C’est pourtant un travail extrêmement important parce qu’elles peuvent jouer pleinement leur rôle de “caring” auprès de nos aînés», souligne-t-elle. C’est un rôle d’accompagnement, de réconfort et de soutien psychologique au malade et à la famille qui ne se limite pas qu’à l’exécution des ordonnances médicales.Une relève à assurerElle rappelle d’ailleurs que les personnes âgées n’occupent pas seulement des lits dans les soins de longue durée, mais aussi des lits à l’urgence et aux soins intensifs des hôpitaux de soins aigus. C’est pourquoi elle déplore que la gérontologie demeure encore un secteur d’étude peu fréquenté par la relève.Même si elle convient qu’il y a plus d’étudiants au 2e et 3e cycle qu’il y a dix ans, il manque encore beaucoup d’infirmières bachelières auprès de cette clientèle dans les établissements et dans les soins à domicile.«Étant donné la tendance démographique actuelle, on est beaucoup plus exposé qu’avant à soigner des personnes âgées dans les différents services du réseau de la santé. Il faut se préparer à répondre à cette hausse de la demande et former davantage de professionnels de la santé dans ce domaine», estime-t-elle.Elle donne en exemple les maladies dégénératives qui constituent tout un défi pour les professionnels de la santé. «Les universités et les facultés ajustent leurs programmes pour former des étudiants aptes à travailler auprès des gens atteints de maladie dégénérative. Mais, ça va prendre un peu de temps avant de voir un changement concret dans la pratique», dit-elle.Enfin, cette chercheuse émérite qui vient de recevoir l’Ordre du Canada espère que cette distinction honorifique aura un impact positif sur les infirmières et les infirmiers qui travaillent auprès des personnes âgées.«C’est la première fois que la société canadienne reconnaît une personne qui a travaillé dans ce domaine. Ce mérite devrait avoir une portée sociale sur la reconnaissance de ces infirmières et de ces intervenants qui travaillent auprès des personnes âgées», confie Mme Lévesque.Louise Lévesque, une femme d’exception!Professeure émérite à la faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, Louise Lévesque a été une des pionnières de la recherche et de l’enseignement supérieur dans les domaines des soins infirmiers aux personnes âgées et aux malades chroniques.L’année 2010 vient souligner ses vingt ans au sein de l’équipe de recherche à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal en plus d’être nommée «Membre de l’Ordre du Canada». Cette chercheuse émérite est reconnue partout au Canada et à l’étranger pour son apport à la santé des personnes âgées et des proches aidants grâce à ses recherches cliniques et aux nombreux articles scientifiques qu’elle a dirigé.Louise Lévesque a aussi contribué à la fondation de la Chaire de recherche en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille, qui se nomme maintenant la Chaire Desjardins. Son livre Alzheimer, comprendre et mieux aider a eu beaucoup d’impact sur l’enseignement et la pratique dans le milieu des soins infirmiers.Tout au long de sa carrière, elle a reçu plusieurs hommages, notamment l’Insigne du mérite de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec en 2000, Femme de mérite de la Fondation Y des femmes de Montréal en 2003 pour son engagement social et sa contribution à l’avancement de la femme et Chevalière de l’Ordre nationale du Québec en 2004 pour son apport exceptionnel et reconnu au Canada et à l’étranger, au développement de la gérontologie.Mme Lévesque tient à rappeler que sa carrière n’aurait pas pu se réaliser sans la vision et la collaboration de plusieurs personnes qui l’ont épaulée, dont la Direction et le personnel de soutien du Centre de recherche et de l’IUGM.

Infirmières auprès des aînés: la reconnaissance tarde à venir

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes