Il y a encore moyen de s'enrichir

Pas facile dans la conjoncture actuelle de faire fructifier ses actifs. Faut-il pour autant renoncer à s’enrichir et à augmenter son patrimoine réel ? Pas du tout. Voici quelques avenues.La première consiste à réduire son passif en payant ses dettes. Il faut régler en priorité les dettes qui coûtent cher. Les soldes dus sur les cartes de crédit figurent en tête de liste, surtout s’il s’agit d’une carte émise par un commerce de détail dont le taux d’intérêt peut dépasser 25 %.Détenir plusieurs comptes bancaires pour ses affaires courantes est rarement rentable : les intérêts versés sont généralement très faibles, quand il y en a, et les frais rognent ce maigre profit. L’idéal est de n’avoir qu’un seul compte avec marge de crédit intégrée dans lequel on rapatrie les liquidités et les dettes réparties un peu partout. Par la suite, chaque dépôt effectué dans ce compte a pour effet d’abaisser le solde dû et, par conséquent, de réduire la facture d’intérêts. Le remboursement des dettes s’en trouve accéléré.Mise à partLes médecins non incorporés peuvent recourir à la stratégie de mise à part. Dans un jugement rendu le 8 janvier 2009, dans l’affaire Liston, la Cour suprême a confirmé que les travailleurs autonomes pouvaient utiliser leurs revenus d’emploi pour rembourser des emprunts personnels (hypothèque, prêt auto, prêt étudiant, soldes de cartes de crédit, etc.) et, ensuite, emprunter pour financer leurs dépenses d’affaires. Les intérêts sur l’emprunt contracté à des fins professionnelles sont alors déductibles de leurs revenus.L’utilisation de cette dernière stratégie oblige à tenir rigoureusement ses livres de façon à départager clairement les recettes et les débours professionnels. Il est préférable d’avoir deux comptes distincts avec marge : un premier, où sont déposés les revenus et qui sert uniquement à acquitter les dépenses et les dettes personnelles; un second, qui est réservé aux seules dépenses professionnelles.Fractionnement du revenuUne autre stratégie fiscale, le fractionnement du revenu, est particulièrement intéressante en cette période de taux d’intérêt historiquement bas. En règle générale, lorsqu’un contribuable transfère des biens aux membres de sa famille, il doit ajouter à son revenu imposable les gains réalisés grâce aux sommes transférées. C’est ce qu’on appelle les règles d’attribution. Toutefois, ces règles ne s’appliquent pas dans le cas d’un prêt dont le taux d’intérêt est égal ou supérieur au taux prescrit au moment du prêt.Pour le premier trimestre 2009, le taux prescrit par l’Agence de revenu du Canada est de 2 %. C’est dire qu’un contribuable, qui prête à un membre de sa famille (conjoint, enfant majeur, enfant mineur par l’intermédiaire d’une fiducie) au taux prescrit, n’aura à ajouter à son revenu que le 2 % d’intérêt sur le prêt qui peut être de 5, 10 ou 20 ans, et ce, pour toute la durée du prêt. Les revenus de placement réalisés avec l’argent prêté seront imposés entre les mains du bénéficiaire du prêt. Celui-ci pourra en plus déduire de ses gains les 2 % payés au prêteur puisque les intérêts sur un emprunt servant à investir sont pleinement déductibles.Plus l’écart de revenu entre le prêteur et l’emprunteur est grand, plus cette stratégie de fractionnement du revenu est fiscalement avantageuse. Rappelons qu’un contribuable peut aussi donner à son conjoint ou à un enfant majeur l’argent nécessaire pour qu’il cotise annuellement à un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) sans que les règles d’attribution ne s’appliquent.DividendesPar rapport aux autres types de revenus, les dividendes de source canadienne bénéficient d’un avantage fiscal puisqu’ils donnent droit à un crédit d’impôt. On peut recevoir le dividende en espèces sonnantes ou sous forme d’actions. Les entreprises qui versent de bons dividendes sont généralement moins affectées en période de crise boursière. De plus, lorsque les taux d’intérêt sont à leur plus bas, comme maintenant, le dividende est encore plus avantageux.Le taux de dividende ne doit pas être le seul facteur à considérer dans la décision d’acheter ou non des actions d’une entreprise, d’autant que certaines entreprises en difficulté peuvent offrir un dividende élevé pour attirer les capitaux. L’entreprise doit être solide financièrement, présenter de bonnes perspectives de croissance et être bien gérée. Ces critères sont autant de garanties que le dividende sera bel et bien payé, et que son taux sera maintenu, voire augmenté.La crise financière et économique qui secoue le monde pourrait bien faire émerger de nouvelles préoccupations qui soutiendront le développement futur. Plusieurs pays, les États-Unis en tête, profitent des investissements massifs qu’ils doivent consentir afin de stabiliser leur économie pour explorer de nouvelles formes d’énergie, accentuer la lutte contre les changements climatiques, améliorer les infrastructures sociales, appuyer la recherche dans des domaines scientifiques de pointe, notamment en santé. On peut raisonnablement penser que des occasions d’affaires découleront de cette offensive publique dans des secteurs traditionnellement associés à l’investissement socialement responsable.Investir de façon responsable ne signifie pas renoncer au rendement. À preuve, en date du 30 septembre 2007, le rendement annualisé sur cinq ans des fonds de la catégorie des actions canadiennes était de 18,4 %. Pour la même période de cinq ans, l’ensemble des fonds d’actions canadiennes enregistrait un rendement annualisé de 17,5 %, écrivent Chantal Line Carpentier et Michel Marcoux dans Comment investir dans les fonds éthiques*. Les auteurs rapportent aussi que la performance environnementale d’une entreprise contribue à augmenter ses revenus et à réduire ses coûts, et lui procure un avantage concurrentiel sur plusieurs marchés. De plus, selon les deux analystes, « il est démontré que les sociétés se distinguant par une bonne gestion des enjeux sociaux et environnementaux sont tout simplement de meilleurs gestionnaires ».

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