Il existe deux types de stéatose hépatique métabolique selon une étude

Environ 7% de la population canadienne souffre de stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique, ou MASH (anciennement NASH)1, la forme la plus grave de la maladie stéatosique du foie liée à une dysfonction métabolique (MASLD), qui est la maladie hépatique la plus courante au monde caractérisée par un excès de gras dans le foie. La MASH peut s’aggraver avec le temps et évoluer vers la fibrose du foie voire une cirrhose avec un risque de cancer hépatique.Jusqu’à présent, il était admis que la MASH était une maladie uniforme. Mais des chercheurs du CHU de Lille, en France, viennent de découvrir qu’il n’existait non pas une, mais deux formes de cette maladie. Ces deux types se distinguent à la fois par des caractéristiques biologiques et des progressions différentes. L’un est d’origine génétique, tandis que l’autre est la conséquence de désordres métaboliques.Cette découverte, publiée dans Nature Medicine2, a été réalisée dans le cadre du RHU PreciNASH, un vaste projet de recherche hospitalo-universitaire coordonné par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) avec la collaboration de plusieurs équipes scientifiques issues de l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique), du CNRS (Centre national de recherche scientifique), de l’université, du CHU et de l’Institut Pasteur de Lille. À lire aussi: Un petit fruit révolutionne le traitement de la maladie de foie gras non alcoolique«La progression vers la MASH est variable d’un patient à un autre, à la fois en ce qui concerne sa sévérité et les complications associées. Cela suggère qu’il existe différents types de MASH», écrit l’Inserm dans son communiqué. C’est pour vérifier ce postulat que le consortium international de recherche coordonné par le Pr François Pattou – chef du service de chirurgie générale et endocrinienne au CHU de Lille, et directeur du laboratoire de recherche translationnelle sur le diabète – a étudié les données cliniques et de biopsie de foie de 1800 patients via un algorithme utilisant l’intelligence artificielle. Les chercheurs ont étudié une cohorte de 1389 participants français de la cohorte Atlas Biologique de l'Obésité Sévère (ABOS) vivant avec l'obésité et ayant accepté la réalisation d’une biopsie hépatique dans le cadre d’une chirurgie de l’obésité. Ces participants ont été divisés en 6 groupes:le groupe 1 incluait 18% des participants et était caractérisé par un âge avancé et de l'hypertensionle groupe 2 incluait 11% des participants et avait l'hémoglobine A1c (HbA1c) la plus élevée, des triglycérides élevés et de l'hypertensionle groupe 3 comptait 13% des participants, un âge jeune et l'indice de masse corporelle (IMC) le plus élevéle groupe 4 comptait 26% des participants et les taux de cholestérol à lipoprotéines de basse densité (LDL) les plus élevésle groupe 5 comptait 7% des participants et les taux d'alanine aminotransférase (ALT) les plus élevésle groupe 6 comptait 24% des participants et une majorité de femmes avec un profil métabolique plus favorableSur la base de six variables cliniques et biologiques simples (l’IMC, le taux d’enzyme hépatique alanine aminotransférase, l’âge, le taux de LDL cholestérol, le taux de triglycérides et celui d’HbA1c), l’équipe de recherche a distingué deux profils de patients présentant un risque de MASH dans les groupes 2 et 5 – l’un caractérisé par un taux de triglycérides et d’HbA1c élevés et l’autre par un taux anormal d’enzyme hépatique ALT. Ces premiers résultats ont été validés à l’aide de quatre cohortes indépendantes de personnes à risque de MASLD provenant d'Italie, de Finlande, de Belgique et du Royaume-Uni, avec des résultats cohérents.Pour en savoir plus, les chercheurs ont ensuite analysé les différents cas de MASH au sein de la cohorte française, et ont constaté que les deux profils de patients identifiés présentaient deux formes de MASH différentes: Chez les patients présentant un taux anormal d’enzyme hépatique ALT, une MASH spécifique du foie, d’origine génétique, caractérisée par un dysfonctionnement hépatique qui conduit le foie à produire des acides gras qui s’accumulent à l’intérieur de cet organeChez les patients présentant des taux élevés de triglycérides et d’HbA1c, une MASH de type cardiométabolique. Dans celle-ci, des lipides circulants sont importés dans foie via le sangLa MASH cardiométabolique était caractérisée par une prévalence plus élevée de dyslipidémie, d’hypertension et de dysglycémie, entraînant un risque élevé de maladie cardiovasculaire (MCV) incidente et de diabète de type 2 (DT2). De son côté, la MASH spécifique au foie était caractérisée par une élévation accrue des enzymes hépatiques à un âge plus jeune et présentait un risque limité de progression du DT2 et de MCV incidente. «Ce travail permet de stratifier les cas de MASH en deux endotypes distincts, caractérisés chacun par des mécanismes biologiques spécifiques et une progression clinique différente», résume François Pattou auprès de l’Inserm.Ces résultats démontrent l’hétérogénéité de la MASH et soulignent la nécessité d’approches thérapeutiques plus ciblées, concluent les auteurs. L’agoniste du récepteur de l’hormone thyroïdienne Resmétirom, récemment approuvé pour le traitement de la MASH, s’est par exemple avéré inefficace chez une grande partie des individus, potentiellement en raison de l’hétérogénéité de la maladie. À lire aussi: Un médicament émergent sur trois est un traitement contre le cancerAinsi, la MASH spécifique au foie pourrait mieux répondre à ce médicament qui réduit la teneur en lipides hépatiques et l’inflammation. La MASH cardiométabolique, quant à elle, pourrait répondre plus favorablement aux médicaments régulant le métabolisme des lipides et du glucose, ou à ceux favorisant la perte de poids et la réduction du risque cardiovasculaire, comme le sémaglutide. «Il s’agit d’une avancée importante vers une médecine de précision, avec l’idée que nous pourrions adapter à l’avenir la prise en charge des patients selon le type dont ils sont atteints. En particulier, plusieurs médicaments sont en développement pour lutter contre cette maladie, avec des résultats hétérogènes. Il serait utile de les évaluer de façon distincte selon le type de MASH», explique le Pr Philippe Mathurin, hépatologue.L’équipe de recherche a mis au point un outil statistique en libre accès, baptisé RShiny, afin d’aider les cliniciens à identifier le type de MASH d’un patient sur la seule base des six variables prises en compte dans leur étude.Références:https://www.liver.ca/patients-caregivers/liver-diseases/fatty-liver-disease/#NASHRaverdy, V., Tavaglione, F., Chatelain, E. et al. Data-driven cluster analysis identifies distinct types of metabolic dysfunction-associated steatotic liver disease. Nat Med 30, 3624–3633 (2024). https://doi.org/10.1038/s41591-024-03283-1

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