«I had a dream»

J’ai rêvé que l'on avait asséché le Lac St-François, Mon beau lac St-François! Les changements climatiques s'étaient accentués. Les calottes polaires avaient fondu. La sécheresse avait suivi. L'eau se faisait rare. Les Américains avaient unilatéralement détourné l'eau des Grands Lacs à leurs fins. Ils en avaient besoin pour arroser leur gazon et laver leurs autos! Le barrage de Cornwall demeurait perpétuellement abaissé, retenant le plus d'eau possible. Celui du Pont Mgr Langlois, lui, était complètement ouvert afin d'abreuver Montréal qui avait soif. Je marchais jusqu'au bord de l'ancienne voie maritime où ne coulait qu’un mince filet d'eau. Le lac ressemblait aux images que nous recevions de Mars. Les feux de forêt faisaient rage partout. Après la Californie, la Colombie-Britannique et le nord de l’Ontario, le feu s’était propagé au Québec et à la vallée du St-Laurent. Mes beaux arbres, ceux que j'avais plantés et regardés grandir patiemment, admirant leurs pousses vaillantes et leur port majestueux, brûlaient comme des allumettes. Tous y passaient. Les nobles frênes qui avaient survécu à l’agrile. Les grands érables et chênes que j’avais transplantés. Même mon magnifique Catalpa avec ses grandes feuilles et ses bouquets de fleurs blanches. Impossible d’éteindre les feux faute d'eau. Ailleurs, les gens continuaient leur train-train quotidien. Les agriculteurs continuaient de semer jusqu’au bord des ruisseaux et décharges sans respecter les bandes riveraines. Ils épandaient du Roundup à qui mieux mieux. On ne voyait aucune mauvaise herbe dans les champs de soya ou de maïs. Les citadins, qui n’avaient jamais ramassé un seul panier de fraises de leur vie, ni même pas un casseau de camerises ou une poignée de cerises de terre, rechignaient à la vue d’une carotte croche et faisaient une crise au gérant s’ils découvraient une pomme piquée d’un ver. Les riverains avaient abattu de gigantesques peupliers centenaires - il paraît que les feuilles endommageaient les couvertures des maisons. On asséchait les marais afin d’y bâtir de gigantesques maisons unifamiliales. Les gens continuaient à se promener en F-150 ou en RAM 1500 comme si de rien n'était. Ils remorquaient d'immenses yachts, qu'ils allaient mettre à l'eau de plus en plus loin. Ils allaient s’accoster dans une baie, comme la Baie-des-Brises ou Hungry Bay, tous amarrés les uns aux autres, à boire de la bière en laissant le mazout couler vers la plage. Les autoroutes et les ponts étaient congestionnés du matin jusqu’au soir, à l’année longue. On rechignait contre la Loi qui imposait l’achat d’automobiles électriques - trop cher, disait-on! Le smog empestait l'atmosphère. Tous portaient des masques. Depuis la Covid, ils s’y étaient faits. Les gens étaient devenus fous. Ils ne pensaient qu’à une chose: l’argent. Faire de l’argent. De plus en plus. Il y avait les riches (des ultra-riches) et les pauvres (des millions et des millions de pauvres, très très pauvres) qui vivaient dans des bidonvilles, désœuvrés, enviant les riches. Les aliments étaient hors de prix. Partout, des soulèvements et des révoltes faisaient rage. Partout, on voyait des gens qui tentaient de fuir leurs déserts et leurs camps de réfugiés. Partout, des milices armées qui fonçaient, pillaient, volaient, violaient, exécutaient. Un peu dans le style du roman The Road de Cormac McCarthy ou de l'opération Barbarossa, mais en pire. Comme si cela pouvait être possible. Des violences incessantes et absurdes. Personne ne savait quand tout cela allait cesser. Voyons donc! Je rêvais. Ce n’était pas possible. J'ai essayé de me réveiller, mais je n'y arrivais pas. Ce n'était pas un rêve. C'était ce que nous avions fait de ce monde.

Bâbord amures

«I had a dream»

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Derrière ce blogue:

Roger Ladouceur

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