Hypertension artérielle: la SEC publie de nouvelles lignes directrices

La Société européenne de cardiologie (SEC) vient de publier de nouvelles lignes directrices pour la prise en charge de l’hypertension artérielle, une condition dont sont atteints près de 25% des adultes canadiens. Elles mettent à jour et remplacent les précédentes lignes directrices de la SEC en la matière, qui dataient de 2018, et sont endossées par la Société européenne d’endocrinologie (SEE) et l’Organisation européenne contre l’AVC (ESO, pour European Stroke Organisation).À haut niveau, ces nouvelles lignes directrices sont conçues d’une part «pour aider un plus grand nombre de patients à atteindre les objectifs recommandés en matière de pression artérielle» et d’autre part «pour améliorer l’accès aux médicaments susceptibles de la réduire», indique un communiqué de la SEC. Cette dernière mentionne qu’elles «fournissent également de nombreuses recommandations pragmatiques pour éviter que les patients ne deviennent symptomatiques en raison d’un traitement excessif».Dans le détail, ces lignes directrices 2024 conservent la définition existante de l’hypertension, à savoir une pression artérielle (PA) de 140/90 mmHg ou plus. Cependant «nous avons ajouté une nouvelle catégorie appelée "TA élevée" pour les lectures entre 120-139/70-89 mmHg», explique la titulaire de la Chaire de recherche du Canada en médecine cardiovasculaire à l’Université McGill, la Dre Rhian Touyz. «C’est un changement de paradigme qui nous permettra de prendre des mesures plus proactives dans le traitement des personnes présentant un risque plus élevé de maladie cardiaque et, en fin de compte, de sauver des vies en prévenant les décès prématurés», indique la directrice exécutive et scientifique en chef de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), par ailleurs co-présidente du groupe d’experts de la SEC.Son homologue, le Dr Bill McEvoy, de l’Université de Galway en Irlande, ajoute que «cette nouvelle catégorie de tension artérielle élevée reconnaît que l’on ne passe pas du jour au lendemain d’une pression normale à une pression élevée». Dans la plupart des cas, poursuit le co-président du groupe d’experts de la SEC, «il s’agit d’un changement progressif et régulier, et différents sous-groupes de patients — par exemple ceux qui présentent un risque plus élevé de développer une maladie cardiovasculaire, comme les personnes atteintes de diabète — pourraient bénéficier d’un traitement plus intensif avant que leur tension n’atteigne le seuil traditionnel de l’hypertension». En outre, «les risques associés à l’augmentation de la pression artérielle commencent à des niveaux de pression artérielle systolique même inférieurs à 120 mmHg», précise la professeure Touyz.Traitement intensif en première intentionParmi les autres nouveautés, les lignes directrices de la SEC recommandent une nouvelle fourchette d’objectifs de traitement de la PA systolique de 120-129 mmHg pour la plupart des patients recevant des médicaments hypotenseurs. Elles mettent l’accent sur un objectif de traitement intensif en première intention et préconisent de ne renoncer à cet objectif que dans des circonstances particulières ou lorsque le traitement n’est pas toléré par le patient.Antérieurement, les experts la SEC préconisaient que les patients soient traités dans un premier temps jusqu’à une PA inférieure à 140/90 mmHg puis, dans un second temps, d’envisager un traitement jusqu’à la cible de 130/80 mmHg. «Ce changement est motivé par de nouvelles données d’essais confirmant que des objectifs de traitement de la PA plus intensifs réduisent les résultats en matière de maladies cardiovasculaires chez un large éventail de patients éligibles», signale le Dr McEvoy.Lire aussi: N’oubliez pas de vérifier la tension artérielle des enfants et des adolescentsPar ailleurs, les nouvelles lignes directrices de la SEC fournissent des «recommandations pragmatiques» visant à atteindre une tension «aussi basse que raisonnablement possible» chez les personnes fragiles et âgées, et chez celles qui ne tolèrent pas l’objectif de traitement primaire de 120-129 mmHg ou qui choisissent de s’en écarter. Elles proposent également de nouvelles options de mode de vie pour aider à réduire la tension artérielle, telles que de nouvelles recommandations sur l’exercice physique et la supplémentation en potassium. Enfin, pour la première fois, elles donnent des recommandations sur l’utilisation de la dénervation rénale pour traiter l’hypertension.Les lignes directrices 2024 de l’ESC pour la prise en charge de la pression artérielle élevée et de l’hypertension sont disponibles en accès libre sur le site de l’European Heart Journal.

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