Herpès génital: mise à jour du guide d’usage optimal des traitements

Face à la prévalence élevée de l’herpès génital au Québec, l’Institut national d’excellence en santé et en service sociaux (INESSS) a décidé de mettre à jour les renseignements cliniques et les recommandations de son guide d’usage optimal (GUO) des traitements de l’herpès génital publié initialement en 2012.Le GUO nouvelle version s’adresse aux professionnels de la première ligne, notamment les infirmières praticiennes spécialisées (IPS), les groupes de médecine de famille (GMF), les cliniques de santé sexuelle ou encore les CLSC. Ces outils pourraient également servir à certains médecins spécialistes comme les obstétriciens-gynécologues et microbiologistes-infectiologues, indique l’INESSS.À lire aussi: Le virus de l'herpès survit sur les aliments et les surfacesAu menu de ce nouveau guide (indiqué en fin d’article): des repères et recommandations relatifs aux indications d’usage de la sérologie spécifique de type, aux régimes posologiques d’antiviraux adaptés aux différents types d’épisodes et de populations, puis aux éléments à discuter lors du counseling.La sérologie spécifique de type est inutileConcernant le diagnostic, l’INESSS rappelle qu’aucune analyse n’est indiquée à des fins de dépistage de l’herpès génital chez les personnes asymptomatiques. Toutefois, les personnes enceintes ainsi que leurs partenaires devraient être questionnés afin de déterminer la présence d’une histoire d’herpès génital. Sans un diagnostic confirmé et s'il n'y a pas de lésions au moment de la consultation, il faut demander aux personnes de consulter de nouveau lorsqu’elles développeront des lésions actives, afin d’effectuer un prélèvement.En présence de lésions, le diagnostic de l’herpès génital doit être confirmé par un test de détection virale: Le test d’amplification des acides nucléiques (TAAN) est hautement sensible et spécifique si l’échantillon est prélevé adéquatement, au moment opportun et transporté dans les bonnes conditions. Le recours à la sérologie spécifique de type (VHS-1 et VHS-2) est peu utile pour le dépistage des personnes asymptomatiques et sans un test de confirmation, car sa spécificité est faible et son taux de résultats faux-positifs élevé.Cependant, la sérologie spécifique de type pourrait être envisagée pour établir ou exclure le diagnostic en présence de symptômes récurrents, de lésions atypiques ou en voie de guérison, et ce, si la détection virale ne peut être effectuée ou donne un résultat négatif; ou pour vérifier le statut sérologique des partenaires réguliers des personnes infectées et conseiller en cas de sérodifférence.Il s’agit ensuite d’amorcer la thérapie antivirale le plus rapidement possible après l’apparition des symptômes et signes. Cependant, le traitement est inutile si les lésions ont formé des croûtes ou si elles sont cicatrisées. De nouvelles indications de traitement Le valacyclovir, l’acyclovir et le famciclovir sont trois antiviraux qui agissent sur la réplication virale et qui peuvent être administrés pour traiter les différents types d’épisodes herpétiques (initial primaire, récurrence), tout en favorisant l’adhésion (fréquence d’administration réduite ou faible nombre de comprimés). L’usage d’un traitement épisodique est indiqué: En présence de récurrences peu fréquentes OU de lésions peu symptomatiques. Amorcer le traitement le plus tôt possible, dès l’apparition du prodrome ou des premiers symptômes. L’efficacité de la thérapie est maximale lorsqu’elle est amorcée au cours des premières heures suivant le prodrome.L’usage d’un traitement suppresseur est indiqué:En présence de récurrences fréquentes OU de lésions importantes OU de diminution de la qualité de vie OU de volonté de diminuer le risque de transmission. Lorsqu'une récurrence survient pendant le traitement suppresseur: traiter cette récurrence avec un traitement épisodique, puis reprendre le traitement suppresseur; réévaluer l’adhésion au traitement suppresseur; si les récurrences sont fréquentes, évaluer l’ampleur et l’étiologie des lésions afin de guider la marche à suivre. Lorsqu’un premier épisode survient pendant la grossesse, administrer un traitement antiviral. Le GUO 2024 intègre désormais un volet sur la prise en charge des personnes qui vivent avec le VIH ou des personnes enceintes, incluant notamment des options de traitement:Personnes enceintes: l’acyclovir et le valacyclovir peuvent être employés (l’acyclovir est le plus étudié) quel que soit le trimestre;Durant la grossesse, administrer un traitement suppresseur à partir de la 36e semaine et jusqu’à l’accouchement. Le traitement peut commencer plus tôt en présence d’un risque d’accouchement prématuré OU dès l’apparition d’un épisode ou d’une récurrence pendant la grossesse, selon le jugement clinique.Personnes vivant avec le VIH dont la fonction immunitaire est contrôlée: il pourrait être adéquat de traiter comme pour la population générale, notamment pour un épisode initial ou un traitement épisodique;Personnes vivant avec le VIH dont la fonction immunitaire est compromise: des doses plus élevées pourraient être requises;Personnes immunosupprimées (autre que VIH): consulter un spécialiste, des doses plus élevées pourraient être requises. Prévenir l’impact de l'herpès par le counselingEnfin, l’INESSS conseille aux professionnels de la santé de ne pas limiter le counseling à un simple suivi, puisque l’impact psychologique du diagnostic peut être considérable. Il s’agit donc de réduire la transmission, mais aussi la stigmatisation, l’incompréhension et les préoccupations relatives à l’herpès génital. À lire aussi: Des chercheurs se penchent sur le rôle possible de l’herpès zoster dans la démenceLes professionnels devraient aborder avec leur patient/e des sujets comme la prévalence de l’infection (10% de la population générale au Canada est séropositive pour le VHS-2), la chronicité de la maladie et ses principaux symptômes ou encore sa récurrence éventuelle. «Les facteurs de risque, les méthodes préventives, les modes de transmission et l’intérêt de la divulgation aux partenaires sont également des thèmes qu’il est important d’aborder, tout comme les options de traitement», indique l’INESSS, ajoutant des ressources d'information et de soutien comme le site Info-Herpès.Pour les personnes enceintes, et en raison de la gravité de l’infection néonatale, il est important de les questionner, ainsi que leurs partenaires, sur les symptômes de l’herpès génital et de discuter des risques associés en cas d’atteinte de l’un ou l’autre des partenaires, peut-on lire dans le GUO. Bien que la césarienne ne protège pas complètement de la transmission verticale, elle est efficace pour en réduire le risque.Enfin, l'INESSS conseille aux professionnels de première ligne de consulter un médecin spécialiste dans les cas suivants: En présence d’une infection sévère, compliquée ou disséminéeLorsque la résistance aux antiviraux est suspectéeEn cas d’allergie au traitement antiviralEn cas de doute quant au régime posologique à employer en présence d’une immunosuppression Pendant la grossesse, lors d’une infection primaire, ou en présence de symptômes ou signes de l'herpès génital au moment de l’accouchementRetrouvez le nouveau Guide d'usage optimal des traitements de l’herpès génital de l'INESSS en cliquant sur ce lien. Il s'accompagne d'un rapport en soutien consultable ici, ainsi que d'un outil de counseling disponible sur le site de Santé Canada.

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