Hépatite C: deux premiers cas de résistance à un inhibiteur de la protéase

Le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a détecté en février deux souches du virus de l’hépatite C (VHC) résistantes au bocéprévir.Le bocéprévir est un inhibiteur de la protéase NS3/4A du VHC commercialisé au Canada par Merck Canada sous le nom de Victrelis.Il est indiqué dans « le traitement de l’infection chronique par le génotype 1 du VHC, en association avec l’interféron alpha péguylé et la ribavirine, chez les adultes (18 ans et plus) atteints d’une hépatopathie compensée, y compris une cirrhose, qui n’ont jamais été traités ou qui ont déjà connu un échec thérapeutique », précise Merck Canada dans la monographie du Victrelis.Le bocéprévir est aussi vendu en trousse sous le nom de Victrelis Triple (comprenant du bocéprévir, de la ribavirine et de l’interféron alpha-2b péguylé).Selon l’INSPQ, il s’agit des deux premiers cas documentés au Québec de résistance à un inhibiteur de la protéase du VHC chez des patients traités dans un cadre clinique.Virémie supérieure à la valeur recommandée pour le traitementCette résistance virale a été découverte chez deux hommes de la région de Montréal âgés respectivement de 47 et de 58 ans.Dans les deux cas, le LSPQ rapporte que leur virémie était supérieure à la valeur recommandée par le fabricant pour poursuivre un traitement au bocéprévir.Selon la monographie du Victrelis, « il est recommandé de cesser le traitement chez tous les patients ayant un taux d’ARN du VHC ≥ 100 UI/mL à la semaine 12 ou un taux confirmé d’ARN du VHC détectable à la semaine 24 ».À la semaine 14 de traitement, l’homme de 47 ans avait une virémie du VHC de 1 350 000 UI/ml (3 800 000 UI/ml en prétraitement). Celui de 58 ans avait une virémie du VHC de 20 000 UI/ml à la semaine 16 (1 479 000 UI/ml en prétraitement).« Étant donné que ces patients ne répondaient pas au bocéprévir, nous avons comparé le code génétique du virus avant traitement et après traitement, explique Donald Murphy, microbiologiste et responsable des activités sur les hépatites virales au LSPQ. En effet, nous avons trouvé des substitutions d’acides aminés comme celles citées par le fabricant dans les cas de résistances au bocéprévir. »Ce dernier souligne que des cas de résistance au bocéprévir ont également été signalés dans des publications scientifiques.Un phénomène qui ne doit pas susciter d'inquiétude« Ce n’est pas un phénomène alarmant. Les publications scientifiques mentionnent que jusqu’à 70 % des patients de génotype 1 du VHC, qui sont traités avec la combinaison bocéprévir, ribavirine et interféron alpha péguylé, répondent à ce traitement. Sur les 30 % qui ne répondent pas, il y en a un certain nombre qui vont développer de la résistance. Pour l’instant, il est trop tôt pour dire que ces patients ne répondront pas à d’autres médicaments qui seront éventuellement approuvés au Canada, notamment la classe des inhibiteurs de la polymérase. »En date du 2 mai, le LSPQ a analysé seulement trois prélèvements pour déterminer une résistance du VHC au bocéprévir, dont deux se sont avérés résistants au bocéprévir.À pareille date, le LSPQ n’avait pas eu à analyser de souches de VHC pour déterminer une résistance au télaprévir (Incivek), un autre inhibiteur de la protéase NS3/4A du VHC.Étant donné la commercialisation récente de ces médicaments, le LSPQ offre le service de détection de la résistance du VHC aux inhibiteurs de la protéase du VHC depuis le début de l’année 2012.

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