Henrietta Lacks, une des femmes les plus importantes pour la science d’aujourd’hui

Saviez-vous que de multiples avancées médicales des 60 dernières années sont majoritairement dues à une seule femme ? Et qui plus est, que cette femme n’en a jamais rien su ?Dans son livre La vie immortelle d’Henrietta Lacks publié en 2010, l’auteure américaine Rebecca Skloot expose la vie d’une femme pauvre de race noire ayant succombé à un cancer du col de l’utérus en 1951 (à une époque où le racisme était imprégné dans les mœurs), à l’âge de 31 ans. Des cellules cancéreuses, qui avaient été recueillies à son insu avant sa mort, prolifèrent encore aujourd’hui dans divers laboratoires à travers le monde.Pourtant, de nombreux membres de la communauté scientifique et du public n'ont pas su de qui provenaient les cellules pendant des décennies.La production et la vente massive des cellules d’Henrietta Lacks, nommées HeLa, ont permis de nombreuses découvertes scientifiques, notamment le vaccin contre la polio et des médicaments contre diverses affections (herpès, leucémie, grippe, etc.), la chimiothérapie, le clonage, le séquençage de l’ADN, la fécondation in vitro, ainsi que le décryptage des tumeurs et des virus. Elles ont même voyagé sur la Lune et en eau profonde afin d’évaluer leur réaction dans des conditions extrêmes, et ont été utilisées pour tester l’effet des bombes nucléaires sur les cellules humaines.Les cellules HeLa étaient résistantes, bon marché, facilement accessibles et elles partageaient beaucoup de caractéristiques avec des cellules humaines saines. Pouvant être envoyées dans n’importe quel laboratoire du monde, elles ont permis d’uniformiser des protocoles de culture pour que les résultats de recherche puissent être reproduits et prouvés.Traitement et mort d’Henrietta : l’éthique médicale et scientifique sur la selletteL’histoire d’Henrietta Lacks « soulève d’importantes questions relatives à la science, à l’éthique, au racisme et à la misère », écrit Rebecca Skloot.En 1951, à l’époque où la ségrégation existait encore aux États-Unis, l’hôpital Johns Hopkins, à Baltimore, au Maryland, était le seul grand hôpital de la région qui accueillait les personnes de race noire. Cet hôpital est aujourd’hui l’un des plus reconnus au monde et il est classé depuis près de deux décennies comme le meilleur hôpital des États-Unis. C’est dans cet hôpital qu’Henrietta fut soignée.À l’entrée, le formulaire de consentement indiquait simplement que le patient acceptait tout traitement, quel qu’il soit, sans plus de détails.Par ailleurs, le radium, substance radioactive qu’on sait néfaste aujourd’hui, était alors utilisé pour traiter de multiples maladies. Afin de combattre la tumeur d’Henrietta, des tubes de radium avaient été insérés dans le col de l’utérus et sa peau fut brûlée du pelvis à la poitrine par les séances répétées de radiothérapie. Les médecins ne lui avaient pas dit avant le traitement qu’elle deviendrait stérile en raison du radium et de la radiothérapie. À l’époque, les médecins devaient pourtant en informer les patientes.Malgré tous les efforts, la virulence de son cancer eut raison d’Henrietta qui mourut dans d’atroces douleurs.Cependant, avant la mort de cette mère de cinq enfants, le médecin traitant avait gardé des cellules de la tumeur à l’insu de leur propriétaire, comme il l’avait fait pour de nombreux patients. Un chercheur, nommé George Otto Gey voulait entreprendre des études à partir de cultures cellulaires. Celles d’Henrietta étaient les seules cellules humaines ayant survécu. Elles pouvaient produire des générations complètes toutes les 24 heures, et ce, sans arrêt.Dans les années 1950, le corps médical n’était pas obligé d’informer les patients de prélèvements faits sur eux lors de leur vivant. Toutefois, une fois les patients morts, la loi exigeait que les médecins demandent la permission de la famille afin de faire des prélèvements ou une autopsie.Les descendants d’Henrietta n’ont jamais eu de compensation financière pour le prélèvement des cellules de leur mère. Ses enfants et son époux n’ont d’ailleurs su ce qui avait été fait que longtemps après la mort d’Henrietta. Bien des années plus tard, des médecins ont même examiné ses enfants et fait des prélèvements de sang pour savoir si leurs cellules avaient également le potentiel d’être « immortelles », mais sans leur en révéler la vraie raison.La vie immortelle d’Henrietta Lacks a été l’un des livres plus vendus en 2010 selon le New York Times. Les droits ont également été achetés par la célèbre animatrice de télévision Oprah Winfrey qui veut en faire un film pour la chaîne HBO.

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