Hausse des admissions en médecine: une solution viable?

Le nombre d’admissions en médecine est revu à la hausse, a annoncé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.Cette augmentation permettra à 1165 étudiants d'être admis en médecine, soit 31 étudiants de plus que ce qui avait été prévu lors de la dernière révision de la politique triennale, l’an dernier. «C’est la première étape, a expliqué à ProfessionSanté.ca le Dr Cédric Lacombe, président de la Fédération des médecins résident.e.s du Québec (FMRQ). Toutefois, pour s’assurer que cette hausse du nombre d’admission en médecine soit un succès, il faudra que ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) soutienne financièrement cette initiative et offre un solide encadrement aux milieux de la santé et d’enseignement.»«On s’entend que nos milieux sont déjà bien remplis, donc il faut trouver des endroits alternatifs», inique le président de la FMRQ. Il ne s’agit pas d’un nouveau facteur à considérer, les effets du manque d’espace se font bien sentir dans les hôpitaux depuis belle lurette, précise-t-il.« La majorité des infrastructures ont été construites à l’époque où les cohortes de médecine étaient beaucoup plus petites, ajoute de son côté le vice-président de la Fédération médicale étudiante du Québec, Maxence Pelletier-Lebrun. À Sherbrooke en ce moment, il n’y a même plus de local pour les externes à l’hôpital. C’est un peu caricatural, les externes vont cacher leurs boîtes à lunch dans les casiers des infirmières parce qu’ils n’ont pas d’endroit où aller déposer leurs effets personnels.»Une réponse aux retraites anticipéesLa décision d’augmenter le nombre d’admission en médecine dans la province découle d'un certain effet à retardement du baby-boom, expliquent les deux intervenants. La population du Québec est vieillissante, y compris les médecins eux-mêmes. «C’est la génération qui est en train de prendre leur retraite et celle qui a besoin de plus de soins», résume Maxence Pelletier-Lebrun. Présentement, 25% des médecins de famille ont plus de 60 ans. «On va voir une vague massive de retraitea dans les prochaines années», avertit-il.Augmenter le nombre d’étudiants en médecine n’est qu’une partie de la solution à un problème fort complexe: il faut également s’assurer que les ressources nécessaires à la formation de ces futurs médecins soient disponibles. Maxence Pelletier-Lebrun souligne qu’une augmentation du nombre d’étudiants sans augmenter le nombre d’enseignants en parallèle se traduira par «moins de temps passé avec chaque professeur pour les étudiants, et la qualité de l’enseignement va en pâtir.»Le vice-président de la FMEQ propose donc que les Départements régionaux de médecine générale (DRMG) créent des activités médicales particulières (AMP) axées sur l’enseignement afin d’inciter les médecins en exercice à prendre part à la formation de la relève médicale. Ces AMP étant déjà obligatoires pour les 15 premières années de pratique, cette solution pourrait inciter les médecins à prendre davantage part à l’enseignement auprès de la relève.À lire aussi: Étudiants et résidents en médecine: Le casse-tête de la gestion du tempsD’autres incitatifs sont déjà en place pour les futurs étudiants, bien que certains mériteraient d’être bonifiés, comme «le programme pour la formation médicale délocalisée (PFMD) pour les étudiants qui poursuivent leurs études dans des milieux plus régionaux», mentionne Maxence Pelletier-Lebrun. Le périmètre de 40 km requis pour l'admissibilité au programme pourrait être modifié afin d'accroître le nombre d'étudiants participants. Il croit aussi que de laisser les étudiants choisir dans quelles régions ils peuvent exercer leur profession serait bénéfique.« Sous le gouvernement de Philippe Couillard, il y avait des enveloppes budgétaires pour soutenir les résidents qui s’établissaient en dans les régions intermédiaires et éloignées», note le Dr Lacombe. Or, depuis que ces budgets ont été retirés, «on se questionne à savoir pourquoi il y a moins de résidents qui ont leurs formations dans ces régions intermédiaires et éloignées», illustre-t-il. Le président de la FMRQ souhaite que le gouvernement rétablisse ces enveloppes budgétaires.La FMEQ propose pour sa part de mettre en place un contingent pour la pratique médicale en milieu rural. «Il y a déjà un contingent pour les Premières Nations et les Inuits. On se rend compte qu’il n’y a pas beaucoup de médecins qui sont issus des Premières Nations, et il y a pourtant des besoins assez présents à ce niveau-là», explique Maxence Pelletier-Lebrun. Les étudiants peuvent appliquer à la fois à ce contingent et au contingent régulier. Ce contingent a d’ailleurs connu tant de succès que plus de places ont dû être créées afin de répondre à la demande, ajoute-t-il.« On s’attend à ce que le Ministère reste conséquent pour la suite afin de vraiment soutenir les milieux [hospitaliers], qu’il y ait de la place dans les hôpitaux, qu’il y ait des médecins enseignants, résume le président de la FMRQ. Le tout doit se faire en organisant l’horaire de travail de ces médecins-là, en offrant des incitatifs pour que les gens veuillent enseigner la médecine, parce que c’est quelque chose qui prend du temps.»

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