Hameau-l’Oasis, en Estrie: Lieu d’expérimentation thérapeutique multiforme

Un hameau pour la vie de village, une oasis pour se refaire des forces. L’organisme Hameau l’Oasis de Dunham, situé dans un décor appalachien enchanteur, bourdonne d’expériences d’innovation sociale pour desservir diverses clientèles délaissées. Un bouillonnement créatif inversement proportionnel… à sa précarité financière.L’organisme, créé en 2008, se déploie sur un lieu voué depuis 1962 aux œuvres sociales pour la jeunesse de Brome-Missisquoi. Il s’agissait au départ d’amener les jeunes de la ville désorientés à reprendre contact avec la terre. Six cohortes de jeunes en difficulté, décrocheurs ou autres, souvent adressés par les CLSC, y ont ainsi effectué un stage d’employabilité de 2008 à 2013. Il comprenait une initiation à l’agriculture biologique parrainée par Les jardins de la Terre, une entreprise d’insertion sociale de Saint-Paul d’Abbotsford. Guylaine Thériault, directrice. Photo : Michel Dongois« L’employabilité des jeunes a un impact direct sur leur santé, nous l’avons vérifié », indique à Profession Santé Guylaine Thériault, directrice du Hameau l’Oasis, rencontrée sur les lieux. Les Jardins de la Terre ayant perdu ses subventions gouvernementales à Dunham, poursuit-elle, il a fallu revoir nos finances pour poursuivre notre mission sociale.Hameau l’Oasis a deux ans pour se refaire une santé financière, un répit que lui accorde le diocèse de Saint-Jean-Longueuil, propriétaire des lieux. Pour renflouer ses caisses, Hameau l’Oasis a ouvert à même ses locaux la Belle Verte, une auberge écologique et communautaire, qui roule sur le modèle d’une entreprise d’économie sociale.Elle sert à accueillir divers organismes, dont l’Association de parents de personnes handicapées de Brome-Missisquoi. L’APPHBM a engagé un éducateur spécialisé, Julien Zicot, qui y coordonne le projet La clef des débrouillards, destiné aux plus de 21 ans. En ont bénéficié jusqu’ici 17 jeunes, en famille d’accueil, ou vivant dans leur famille naturelle ou en appartement supervisé.Atteints de troubles divers (autisme, déficience intellectuelle, etc.), ils s’initient aux travaux de la vie courante, jardinage, cuisine. « Nous visons le maintien des acquis et les encourageons à un maximum d’autonomie. C’est pour eux une école de vie, de débrouillardise », explique à Profession Santé Julien Zicot. Le CLSC adresse les participants à l’APPHBM et gère la liste d’attente, Hameau l’Oasis pouvant accueillir des groupes de cinq à sept jeunes par jour en semaine.Divers organismes communautaires se réunissent par ailleurs au Hameau l’Oasis, comme le Centre de femmes du Haut-Richelieu, récemment. Hameau l’Oasis offre de l’hébergement à prix abordable, pour familles, groupes d’amis (chambres privées, un chalet, des dortoirs, accès à une cuisine et à une salle communes), avec réseau de sentiers pédestres.Pierre Migneault est membre actif et ami du Hameau l’Oasis. Vivant dans la région depuis 1975, il y a exercé comme psychiatre de 1975 à 1990. Il suit de près l’expérience sociale diversifiée qui s’y déroule.« Voilà un lieu de répit pour toutes les familles, surtout pour celles qui vivent avec des enfants handicapés intellectuels et autres », dit-il à Profession Santé. « Il y a de quoi les occuper quatre saisons, au poulailler, au ménage dans les chambres de l’auberge, etc. », ajoute le médecin, qui appuie également l’APPHBM.C’est également un lieu pour vivre une expérience intergénérationnelle, poursuit-il. Divers retraités (éducation, santé, monde des affaires) conjuguent en effet leurs expériences pour aider Hameau l’Oasis à poursuivre son œuvre sociale. « Ce lieu est ouvert à diverses dimensions thérapeutiques, c’est ce qui le distingue. On peut aussi y aller pour un répit, une pause réflexion pour soi-même. »Parmi les nombreuses pistes de relance qu’explore Hameau l’Oasis figure celle d’accueillir des pères séparés et leurs enfants, sur le modèle des projets Oxygène. Par la force des choses, conclut Guylaine Thériault, l’entreprise d’économie sociale devra tôt ou tard remplacer le financement public. « Par les temps qui courent, compter sur des subventions, c’est compter sur du vent. »

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