H1N1: «Ce n'était pas une grippette», estime Arruda

Bien que la pandémie de la grippe A (H1N1) n'ait pas été aussi virulente que prévu, le directeur de la protection de la santé publique du Québec estime tout de même que la campagne massive de prévention et de vaccination était justifiée et pertinente.Invité à faire le bilan de la campagne de vaccination au congrès annuel de l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), le Dr Horacio Arruda a rappelé que les autorités de santé publique travaillaient déjà depuis plusieurs années à la prévention de l'éclosion d'une pandémie de grippe.Les grandes organisations internationales de santé publique, les chercheurs et les gouvernements ont cependant dû constater en avril 2009 que la souche du virus pandémique provenait finalement du porc (H1N1) et non pas de la volaille (H5N1).«Nous avions affaire à un virus imprévisible et nous n'avions pas de boule de cristal pour évaluer précisément le niveau d'intervention nécessaire, a expliqué le Dr Arruda lors de sa conférence. Nous avons notamment constaté que le virus s'attaquait à des cibles bien différentes de la grippe saisonnière, comme les jeunes enfants.»Le directeur de la protection de la santé publique soutient que les autorités ont su s'adapter rapidement à l'évolution de la pandémie. «Les chercheurs ont isolé les souches et commencé à travailler sur un vaccin, alors que nous avons préparé la campagne de vaccination durant l'été, entre la première et la deuxième vague de propagation.»Sur une échelle de cinq, les autorités québécoises de santé publique ont évalué que la pandémie était de «catégorie 2», soit qu'elle pourrait causer environ 3500 décès. Il n'y en a eu que 108 durant les deux vagues, mais le Dr Arruda rappelle qu'il y a eu plus de 3000 hospitalisations, dont 400 patients ayant séjourné aux soins intensifs. «Même si la morbidité n'était pas aussi sévère qu'on le croyait, nous étions loin d'une grippette.»Une campagne utileLe Dr Arruda estime que la gestion entourant la campagne de vaccination a permis aux autorités de santé publique de faire un grand apprentissage et que les retombées de la démarche sont, somme toute, positives. «Je suis le premier à être content que la grippe n'ait pas été aussi virulente que prévu», a-t-il souligné.Excluant le coût des vaccins, la campagne québécoise a coûté environ 146 millions de dollars aux contribuables. « C'est beaucoup moins que lors de l'épidémie de SRAS à Toronto, en 2002-2003. »Le directeur de la protection de la santé publique est persuadé que la campagne de prévention a notamment permis de favoriser une meilleure hygiène publique. «Les gens ont appris à tousser dans le bras et à se laver davantage les mains. Cela aura comme conséquence de réduire la propagation d'autres maladies comme la gastro-entérite et potentiellement de diminuer le nombre de congés de maladie pris dans notre société. Le défi de la santé publique consiste désormais à maintenir ces acquis.»Quant à l'impact des médias de masse et des médias sociaux sur la campagne de vaccination, le Dr Arruda n'a que de bons mots à dire : «Comme directeur de la protection de la santé publique, je ne pourrais tout simplement pas faire mon travail sans les médias.»Le Dr Arruda se dit cependant surpris de constater l'impact majeur qu'a pu avoir la diffusion médiatique de l'histoire de ce jeune Ontarien décédé abruptement après avoir contracté la maladie. «La campagne de vaccination commençait à peine et on a rapidement été submergés par les demandes de vacciner les enfants.»Le médecin se montre plus sévère envers certains de ses collègues, qui ont remis en cause la pertinence de la vaccination sur la place publique : «Comprenez-moi bien, j'accepte et j'encourage la critique, en autant qu'elle soit fondée sur l'évidence scientifique et non pas sur la démagogie.»

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