Grossesse: une infection virale pourrait entraîner des conséquences neuropsychiatriques chez les ados

La recherche, récemment publiée dans la revue Biological Psychiatry, a été menée par la doctorante Elisa Guma, sous la direction de Mallar Chakravarty, du Laboratoire d’imagerie cérébrale CoBrA Lab du Centre de Recherche Douglas. Amorcée il y a quatre ans, l’étude s’intéresse aux mécanismes neuropsychiatriques chez les enfants dont la mère a été infectée par un virus durant sa grossesse. Même si l’étude ne s’intéresse pas spécifiquement à la COVID-19, sa pertinence n’a fait que s’accentuer avec la pandémie étant donné l’augmentation des risques d’être infecté par un virus. Il est déjà connu que l’exposition à une infection — comme la COVID-19 — peut avoir des effets sur le développement du cerveau du fœtus. C’est l’activation immunitaire antivirale de la mère, plutôt que le virus lui-même, qui est un facteur de risque pour le fœtus. Une infection lors de la grossesse peut augmenter le risque pour l’enfant de développer des problèmes neuropsychologiques durant l’adolescence (autisme, schizophrénie, dépression). Examiner les mécanismes sur des modèles animaux Pour mieux comprendre l’impact de l’activation du système immunitaire sur le développement cérébral de la progéniture et ses comportements, les chercheurs ont suivi le développement du cerveau de souris à l’aide de l’imagerie à résonance magnétique (IRM). Ils ont également évalué leurs comportements. «L’avantage d’utiliser un modèle de souris est que la période de gestation est courte, et leur développement est rapide», expliquait Mallar Chakravarty en entrevue à CTV le 24 août dernier. Les chercheurs ont donc examiné le développement du cerveau de souris ayant été exposées à des virus en début et en fin de grossesse (l’équivalent de la fin du 1er trimestre et de la fin du 2e trimestre chez les humains). L’étude transcriptomique a révélé que certains gènes en lien avec le développement de troubles psychiatriques avaient été modifiés. Les chercheurs ont également observé chez les souris des comportements ressemblant à de l’anxiété, et des comportements stéréotypés liés à l’autisme et à la schizophrénie. Protéger la mère, c’est protéger l’enfant Les chercheurs ont constaté que plus tôt avait eu lieu l’infection, plus élevés étaient les risques pour les enfants. L’exposition à l’activation du système immunitaire de la mère était ainsi associée à une accélération de la croissance du volume du cerveau chez les adolescents et les jeunes adultes. Heureusement, ces effets s'estompent à l’âge adulte, peu importe le moment de l’exposition in utero. Les altérations sur les comportements observées à l’adolescence (anxiété, comportements stéréotypés et sensorimoteurs) se résorbent également à l’âge adulte. En outre, une infection chez la mère ne signifie pas automatiquement que le fœtus sera affecté. Finalement, notons que les modèles animaux servent d’indicateurs, et leurs conclusions ne peuvent s’appliquer telles quelles aux humains. Alors que l’on connaît encore mal les risques à long terme de la COVID-19 pour les femmes enceintes et leur bébé, cette étude ajoute une pierre dans l’édifice de la compréhension des effets des virus sur les fœtus, et supporte l’importance pour les femmes enceintes de se faire vacciner. Sans être alarmiste, il faudra tout de même garder à l'œil les futurs adolescents dont les mères ont été infectées durant leur grossesse.

Grossesse: une infection virale pourrait entraîner des conséquences neuropsychiatriques chez les ados

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