Gardienne de la tradition, championne de l'évolution – Vienne et sa valse à deux temps

L’intérêt singulier de Vienne, c’est le contact harmonieux entre la tradition impériale habsbourgeoise et la créativité dynamique d’une capitale culturelle qui revient à la vie. Petite et facile à naviguer, Vienne est une destination parfaite pour qui craint les grandes capitales surpeuplées… mais qui veut admirer des attraits dignes des grandes capitales.Le dernier siècle viennois a été, disons, peu reposant. En 1914, Vienne compte 2 millions d’habitants et forme la capitale de l’Empire austro-hongrois de 52 millions d’habitants. En 1918, la République autrichienne est réduite à former un coussin montagneux entre l’Allemagne et l’Italie, et Vienne abrite le tiers de sa population. En 1938, l’Autriche est annexée au Reich qui va agresser le monde. En 1945, 20 % de Vienne a été détruite par les bombes; l’Autriche échappe par miracle diplomatique à une division Est-Ouest comme l’Allemagne – la grisaille communiste jette toutefois une longue ombre sur la ville. En 1995, l’Autriche adhère à l’Union européenne. Depuis, Vienne s’ouvre comme une fleur après l’hiver du 20e siècle.Le vieux VienneDans l’Europe des 18e et 19e siècles, Vienne était un foyer culturel comparable à Paris, Londres et Berlin. Il en résulte une ville-musée aux richesses architecturales et muséales qui vont bien au-delà de l’importance actuelle de la capitale autrichienne.Les peintres autrichiens Klimt (Le baiser) et Schiele (autoportraits célèbres), et leurs confrères Michel-Ange et autres Rubens font vibrer les amateurs de grand art; notamment au musée Leopold, au Château de Schönbrunn, à l’Albertina, au Belvédère, au Palais impérial (site de l’excellent Musée Sisi) de même qu’à l’immense musée de l’histoire de la culture – le Kunsthistoriches Museum – qui recèle peut-être la plus impressionnante salle à manger de l’histoire de l’humanité (le Kuppellhalle). L’empereur François-Joseph aimait bien y recevoir de la visite couronnée – on peut maintenant s’y sustenter en formule buffet; le dit Franz-Josef en serait aujourd’hui affligé...Jamais à court d’idées de grandeur, et soucieux de moderniser Vienne au milieu du 19e siècle, François-Joseph donne son aval à la construction du Ring, un grand boulevard qui ceinture la vieille ville. Pour le prix d’un billet de tramway, on peut maintenant faire le tour du Ring et ensuite s’y jeter à corps éperdu...Bien sûr, d’aucuns voudront faire à Vienne un pèlerinage musical. C’est possible mais cela exige plus de recherche préalable, car la musique y est le volet touristique le plus commercialisé. Mozart est la tête d’affiche de la ville et son image est déclinée en statuettes et t-shirts. Il reste peu des lieux où les célèbres musiciens de Vienne ont vécu, composé et joué. Par contre, la visite de l’Opéra de Vienne est un moment fort. En plat musical principal, on doit aller savourer la Philarmonie de Vienne et se gaver à la Maison de la Musique, musée multi-étagé de l’histoire de la musique et du son.Le Vienne nouveauDu triste et accablant 20e siècle viennois, il reste surtout des artéfacts troublants: musée militaire et son vêtement sanglant de François-Ferdinand dont l’assassinat a provoqué la Grande Guerre et la fin de l’Empire austro-hongrois; maison de Sigmund Freud… dont le célèbre divan est toutefois au musée Freud à Londres.Vivement le 21e siècle ! Le grand Vienne revit dans le nouveau MuseumsQuartier, repaire de l’art et de tout ce qui est nouveau. Les grands musées ont des acronymes akkrocheurs comme le MUMOK (musée d’art moderne) et le MAK (musée d’arts appliqués et contemporain). Les galeries sont non moins bien nommées, comme le Mars Art Supermarket, et il y a cette rue Schleimühlgasse qui recèle les boutiques qui montent la garde du goût et du design.Vienne présente aussi bien sûr l’effervescence architecturale (merci Otto Wagner) et artistique (formes géométriques de la Sécession, etc.) qui bouillonnait dans le Vienne fin-de-siècle. Cette ébullition reprit, exactement un siècle plus tard, à l’aube du 21e siècle.Au final, Vienne laisse une impression formidable. On voudrait y vivre, ou du moins y rester plus longtemps, pour mieux jouir de cette symphonie de bons moments, de cette « qualité de vie…nne » qui rayonne, bondit et virevolte comme un jeune lipizzan.Notes de voyage Une saucisse-choucroute sur petit pain semmel avec bière autrichienne est un trio incontournable. Le würstlestand de la Albertinaplatz (devant le musée Albertina) est un des meilleurs kiosques officiant la grande alliance porc-vinaigre-houblon.Pour absorber l’art de vivre et de manger autrichien, il faut s’attabler au Naschmarkt, le marché des saveurs étalées et proposées en terrasses.Il faut aussi essayer le tafelspitz dans une taverne de type wirtshaüser. Ce pot-au-feu étoffé de raifort râpé était le plat traditionnel favori de l’empereur François-Joseph.Musées Kafka, Strauss, Haydn; musées des Carosses, des lipizzans…Vienne ne manque pas de gens, de choses et d’animaux célèbres et célébrés.Guides touristiques sur Vienne : Évasion en ville de Hachette ou Encyclopédie du Voyage Gallimard.L’hôtel Altstadt (altstadt.at) a beaucoup de couleur et de caractère au cœur d’un quartier à la mode. Les prix sont étonnamment abordables.Renseignements : Bureau national du tourisme autrichien à Toronto : 416 967-3381; austriatourism.com, vienna.info & austria.info.Vols et forfaits de vacances : Vacances Air Transat : 1 877 TRANSAT, airtransat.ca; Air Transat assure des liaisons directes Montréal-Vienne de mai à la fin d’octobre.

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