Front commun des hôpitaux de Québec pour encourager l’hygiène des mains

Les grands hôpitaux universitaires de Québec ont fait front commun le 5 mai dernier, décrété Journée mondiale de l’hygiène des mains par l’Organisation mondiale de la santé. Le CHU, l’Institut universitaire en santé mentale et l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie souhaitent en effet encourager cette pratique auprès de leur personnel, ainsi que des patients et des visiteurs dans les milieux de soins.«Cette méthode reste avant tout le moyen le plus important et le plus efficace pour prévenir la transmission des infections. Le port des gants ne remplacera jamais l’hygiène des mains», a déclaré la microbiologiste-infectiologue Marie Gourdeau, du CHU.On estime que 5 à 10% des personnes hospitalisées au Québec seront victimes d’une infection nosocomiale contractée lors de leur séjour. De fortes éclosions ont déjà provoqué un grand nombre de décès dans certains milieux hospitaliers ou eu des impacts négatifs majeurs sur la santé d’autres victimes.Pour bien démontrer que l’hygiène des mains n’était pas juste l’affaire d’une discipline ou d’une profession, la Dre Gourdeau était accompagnée de l’infirmière clinicienne et chef de programme en prévention et contrôle des infections à l’IUCPQ, Raymonde Lambert, d’un infirmier en cardiologie, Louis-Martin Landry et d’un médecin de la Direction de la santé publique de la Capitale, le Dr Jasmin Villeneuve. Tous les quatre ont insisté sur l’importance de l’hygiène des mains.Moyen de transportLes microbes, les agents infectieux n’ont pas de moyen de transport, a rappelé la Dr Gourdeau. Leur seule façon d’être transmis est de voyager par les mains. D’où l’importance pour les professionnels de la santé de se prendre… en main. De nombreuses études ont démontré que la meilleure façon, et la plus simple, pour contrer ces infections et augmenter la sécurité des soins est de se laver régulièrement les mains. Les résultats sont probants: «Plus l’observance est élevée, plus les taux d’infections diminuent», a commenté la Dre Gourdeau.De plus en plus d’hôpitaux l’ont compris. Le CHU de Québec mène depuis plusieurs semaines une vigoureuse campagne auprès de son personnel. Les employés réfractaires sont rencontrés; on peut même leur demander de faire des devoirs afin qu’ils prennent conscience de l’importante de ce geste et qu’ils l’intègrent dans leurs habitudes de travail.De son côté, l’IUCPQ dispose d’une équipe de cinq infirmières, à laquelle s’ajoute un microbiologiste-infectiologue, qui ont pour mission de surveiller les infections nosocomiales, de détecter les problèmes à la source et d’agir pour les régler et éviter les éclosions.Ils ont aussi un rôle d’enseignement auprès de tout le personnel, des patients et de leur famille, ainsi qu’un rôle conseil auprès des médecins, des gestionnaires et des infirmières chef sur les mesures à prendre pour éviter l’apparition et la transmission du C. difficile, SARM et autres infections nosocomiales. Elles doivent aussi gérer les éclosions quand elles surviennent.Moments clésLes spécialistes identifient quatre moments clés pour se laver les mains:1) Quand on entre dans l’environnement d’un patient et qu’on va le toucher2) Avant de poser un geste aseptique3) Après l’exposition à un risque lié à un liquide biologique4) Après avoir touché un patient ou son environnementDéfiLe défi en 2014, a précisé la Dre Gourdeau, est d’intégrer l’hygiène des mains dans le quotidien. Le geste peut être répété des dizaines de fois pendant un quart de travail. Il faut que le personnel en arrive à le faire sans y penser, comme un véritable réflexe. La microbiologiste-infectiologue rêve d’un taux d’observance de 100%, mais elle est consciente qu’il faudra des années pour en arriver là. L’enseignement, la formation, des mesures incitatives et des rappels seront nécessaires.«Il faut créer une culture de sécurité dans les milieux de soins et, pour y arriver, ça nécessite absolument l’appui des administrateurs d’établissements afin qu’ils en fassent une priorité et qu’ils nous donnent les moyens d’y parvenir», a-t-elle insisté.Les patients et les familles doivent aussi être encouragés à se laver les mains, comme on le demande aux membres du personnel.

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