Fronde médicale contre une franchise santé

À LIRE ÉGALEMENT:Les médecins contestent le ticket - La déclaration du MQRPLe Dr Amir Khadir contre le ticket modérateur avec un projet de loiDes médecins se sont unis pour donner plus de poids à leur refus d’une franchise santé qu’ils assimilent à un «ticket modérateur». Réunis aujourd’hui à Montréal, les représentants de plusieurs organisations médicales ont dénoncé la franchise santé annoncée dans le cadre du budget Bachand 2010 qu’ils jugent «inacceptable».Une coalition qui dénonce Selon le Dr Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), «l’idée que les Québécois aient à défrayer un coût pour chaque consultation médicale est une mauvaise idée, qui risque de compromettre l’accessibilité aux soins pour beaucoup de personnes qui en ont grandement besoin». Par ailleurs, le Dr Godin craint que la mise en place d’une franchise nuise à l’accessibilité aux soins des patients qui ont des difficultés financières. «Les médecins ne devraient pas avoir à tenir compte de la capacité de payer de leurs patients lorsqu’ils les suivent et les soignent.»Pour la présidente de Médecins québécois pour le régime public (MQRP), la Dre Marie-Claude Goulet, c’est l’universalité du système de santé québécois qui est en danger. «Au Québec, au début des années 1970, nous nous sommes battus pour obtenir une assurance maladie universelle et publique où les soins sont prodigués, non pas en fonction du portefeuille, mais bien des besoins.»Le Dr Guillaume Charbonneau, président du Collège québécois des médecins de famille (CQMF), affirme pour sa part qu’un ticket modérateur «nuirait à la promotion de la santé, à la prévention et à la prise en charge des maladies chroniques. Les Québécois sont, au Canada, ceux qui ont le moins accès à un médecin de famille. En effet, un Québécois sur quatre n’a pas de médecin de famille. Le gouvernement devrait tenter de favoriser l’accès aux médecins.»Le Dr Pierre J. Durand, doyen de la faculté de médecine de l’Université Laval, explique «qu’aucune diminution des coûts n’est en réalité garantie par une telle initiative, bien au contraire».La fronde se généraliseMême si le Dr Yves Lamontagne, président du Collège des médecins, n’a pas signé la déclaration de la coalition parce qu’on ne l’a pas invité à le faire, il s’affirme, lui aussi, contre le ticket modérateur. «Je recule sur ce sujet, car en 2005, j’étais pour. Je prenais l’exemple de la Suède, mais je sais maintenant que notre situation n’est pas comparable. D’une part, 40 % des Québécois ne paient pas d’impôts, et, d’autre part, un ticket modérateur coûterait plus cher à administrer au Québec que ce qu’il rapporterait.»Le Dr Lamontagne est d’accord avec le gouvernement sur la nécessité de trouver de l’argent neuf à investir dans le système, mais pas sur la façon de le faire. «Dans le budget, on parle aussi d’un montant forfait de 200 $ qui me semble une bien meilleure idée pour peu qu’on le module selon le revenu des gens.» Enfin, il approuve le Dr Khadir de demander au gouvernement de négocier le prix des médicaments. «Je ne sais pas si on peut aller chercher autant d’argent que le dit le Dr Khadir, mais même si c’est seulement 300 millions $ avec les médicaments génériques, c’est un bon début.»Un projet de loiHier, le Dr Amir Khadir, député de Québec solidaire, a déposé un nouveau projet de loi réaffirmant le caractère universel du système de santé québécois, qui interdirait, de ce fait même, l’utilisation d’un ticket modérateur en santé s’il était adopté. «On ne peut pas accepter que le gouvernement taxe la maladie. Un ticket modérateur punirait financièrement les malades pour leurs problèmes de santé», a souligné le Dr Khadir dans le communiqué de presse annonçant le dépôt du projet de loi 395. Une fois de plus, le député en a profité pour rappeler que si le gouvernement voulait plus d’argent pour financer le système de santé québécois, il devrait plutôt négocier le prix de ses médicaments, comme le fait l’Ontario. Le Dr Khadir a affirmé que le gouvernement pourrait faire des économies de deux milliards $ en faisant baisser leur prix, soit «quatre fois plus que le 500 M$ qu’il escompte aller chercher avec sa taxe à la maladie».Et le ministre veut qu’on lui fasse confianceLa semaine dernière, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a voulu se faire rassurant lors de la Conférence nationale pour vaincre le cancer, en expliquant qu’en ce qui concerne la franchise, «aucune modalité n’a été déterminée et son objectif n’est certainement pas de diminuer l’accessibilité aux soins de santé… Il ne s’agira pas de payer 25 $ automatiquement, ce sera beaucoup plus nuancé et ça tiendra compte de la capacité des gens à payer... Comme on a mis en place un nouveau service pour l’accessibilité aux médicaments, on va mettre en place un nouveau programme d’accessibilité aux services de santé du Québec, je vous le promets.» Il semble que ses collègues ont du mal à croire à cette promesse!Le regroupement appuyant la déclaration commune contre l’imposition d’un ticket modérateur lié aux consultations médicales comprend les organisations et les doyens suivants:Médecins québécois pour le régime public (MQRP)Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ)Collège québécois des médecins de famille (CQMF)Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ)Association des médecins de CLSC du Québec (AMCLSCQ)Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ)Le Dr Pierre Durand, doyen de la faculté de médecine de l’Université LavalLe Dr Réjean Hébert, doyen de la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke.

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