Frais de scolarité: comment les exigences de Québec vont affecter les étudiants en médecine de McGill

Les étudiants au doctorat de premier cycle en médecine de l’Université McGill qui ne sont pas originaires du Québec paieront davantage de frais de scolarité l’automne prochain, le gouvernement de François Legault voulant imposer de nouvelles règles aux étudiants de l’extérieur de la province. Lorsque le gouvernement a présenté sa réforme le 13 octobre, les frais de scolarité de base devaient passer de 8992$ à environ 17 000$ pour les étudiants hors Québec. Le 14 décembre, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a informé par courrier les universités que ces nouveaux droits de scolarité de base s’élèveraient finalement à 12 000 dollars pour 30 crédits. Bien que ce montant soit inférieur à celui initialement annoncé, il représente une augmentation des frais de 33% pour les étudiants de premier cycle, excluant la médecine, cette hausse devant s’appliquer à partir de l’automne 2024. Les étudiants du premier cycle en médecine suivent 63 crédits par an, ce qui signifie que les non-Québécois paieront environ 25 000 dollars pour une année à partir de l’automne 2024, selon Jason Clement, responsable des communications à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill. Il s’agit d’une augmentation de 36% des frais de scolarité pour les étudiants de l’extérieur de la province. Ceux ayant commencé leurs études à McGill à l’automne 2023 paient 18 333$ de frais de scolarité par an (21 071$ après les autres frais d’administration et de scolarité).Les frais de scolarité en médecine pour les résidents du Québec augmenteront de 3%, indique Jason Clement. En 2023, ces derniers payent 5874$ pour les frais de scolarité de la première année (8611$ incluant les autres frais divers). Les frais de scolarité plus élevés pour les étudiants de l’extérieur de la province serviront à financer les universités francophones de la province, a justifié la ministre Déry lors de la conférence de presse du 13 octobre. Le premier ministre François Legault a également déclaré dans un message sur X (feu Twitter) que ces changements étaient nécessaires pour inverser le déclin du français au Québec. Dans sa lettre du 14 décembre, Pascale Déry a indiqué que les frais de scolarité des quelque 825 étudiants canadiens non québécois qui s’inscrivent à l’Université Bishop’s ne seront pas plus élevés parce que la région de l’Estrie «a une situation linguistique différente de celle de Montréal».Le gouvernement exige que 90% des candidats à la faculté de médecine soient originaires du Québec, de sorte qu’il y a moins d’étudiants hors province que dans d’autres programmes de premier cycle. En 2023, 15 des 218 étudiants en médecine admis en première année à McGill venaient de l’extérieur de la province. Le 19 décembre, l’Université McGill a annoncé la création d’une bourse destinée à compenser les frais de scolarité plus élevés des étudiants canadiens qui s’inscrivent à certains programmes de premier cycle pour l’année scolaire 2024-2025. Par exemple, ceux qui s’inscriront en sciences infirmières seront admissibles à cette bourse.Au moins 20 000$ des frais de scolarité de chaque étudiant étranger seront reversés à Québec. Auparavant, les universités conservaient les frais de scolarité des étudiants étrangers, rapporte Radio-Canada. Exigence de maîtrise du françaisDans sa lettre du 14 décembre, Pascale Déry a également informé les universités que 80% des étudiants anglophones de l’extérieur de la province qui s’inscrivent à un programme de premier cycle devront démontrer une compétence en français de niveau cinq au moment de l’obtention de leur diplôme. Le niveau cinq est considéré comme un niveau intermédiaire. Cette mesure s’appliquerait aux étudiants commençant leurs études à l’automne 2025. La nouvelle règle vise à remédier au déclin du français au Québec et à mieux intégrer les étudiants non québécois dans la province, explique la ministre. «Malheureusement, ces nouvelles mesures devraient avoir un effet encore plus dévastateur sur l’université que celles annoncées il y a deux mois», affirme Deep Saini, président et recteur de l’Université McGill, dans une lettre adressée à la communauté universitaire le 14 décembre. Le double impact de l’augmentation des frais de scolarité et du temps couplé aux coûts supplémentaires que les étudiants de l’extérieur de la province devront consacrer à l’amélioration de leur français rendra les efforts de recrutement difficiles pour l’Université McGill.Lire aussi: Les facultés de médecine canadiennes obtiennent de bons résultats dans les classements internationauxLa nouvelle exigence de maîtrise du français n’affectera cependant pas les étudiants en médecine, puisque tous les candidats au programme de premier cycle de l’Université McGill doivent déjà présenter une preuve de leur maîtrise du français depuis l’automne 2023, signale Jason Clement. Le niveau de compétence doit être au moins «intermédiaire» et l’exigence vise à garantir que les étudiants en médecine puissent communiquer avec les patients et les équipes cliniques. Les cours sont offerts en anglais au campus de Montréal et en français au campus de l’Outaouais, mais tous les étudiants peuvent soumettre des travaux de cours dans l’une ou l’autre langue, précise le responsable des communications.Rétention des étudiants hors QuébecToujours dans sa lettre du 14 décembre, Pascale Déry affirme que peu d’étudiants de l’extérieur de la province restent au Québec après l’obtention de leur diplôme. L’an dernier, 68% des diplômés de la faculté de médecine de l’Université McGill ont été jumelés à des programmes de résidence au Québec, selon les données du CaRMS (le Service canadien de jumelage des résidents) colligées après la première vague de jumelage. Les données du CaRMS ne permettent pas de savoir quelle proportion des diplômés de McGill sont originaires de l’extérieur du Québec, ni combien d’entre eux retourneront pratiquer au Québec après leur résidence. Lire aussi: Candidater en médecine, un parcours du combattant«Nous ne suivons pas systématiquement où les diplômés de notre faculté de médecine s’établissent en pratique indépendante après leur formation postdoctorale», indique Jason Clement dans un courriel adressé à nos collègues du Medical Post. «Il convient de noter que, tout comme le gouvernement du Québec attribue des places pour la formation médicale de premier cycle et postdoctorale dans chaque faculté de médecine de la province, il contrôle aussi étroitement le nombre de postes disponibles pour la pratique médicale indépendante, par région sanitaire et par spécialité.»Ce pourcentage de diplômés de la faculté de médecine de l’Université McGill qui quittent la province pour effectuer leur résidence (32%) est similaire à celui des facultés de médecine d’autres provinces. À l’issue de la première ronde du jumelage des résidents du CaRMS en 2023:38% des diplômés de l’Université Memorial de Terre-Neuve feront leur résidence dans une autre province;37% des diplômés de l’Université de Calgary; 36% des diplômés de l’Université de la Colombie-Britannique;35% des diplômés de l’Université Queen’s;28% des diplômés de l’Université du Manitoba;24% des diplômés de l’Université d’Ottawa.Les diplômés des autres facultés de médecine du Québec ont tendance à rester au Québec pour leur résidence: 95% des diplômés de l’Université de Sherbrooke, 97% des diplômés de l’Université Laval et 98% des diplômés de l’Université de Montréal étant jumelés à un programme de résidence au Québec (y compris ceux gérés par l’Université McGill).La plupart des universités, y compris l’Université Queen’s, l’Université de Calgary et l’Université de Colombie-Britannique, n’imposent pas de frais de scolarité plus élevés aux étudiants canadiens en médecine de premier cycle qui viennent de l’extérieur de la province.

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