Frais accessoires: Barrette veut les inclure dans la rémunération, sans rattrapage salarial

Avec l'étalement des hausses de rémunération déjà consenties, il n'y a pas lieu d'évoquer quelque rattrapage que ce soit dans la prochaine négociation», a déclaré le ministre Gaétan Barrette. ©La Presse CanadienneLe ministre de la Santé, Gaétan Barrette, prépare la table pour le renouvellement des ententes. Il a fermé la porte à un rattrapage salarial et a changé son fusil d’épaule dans le dossier des frais accessoires. Il veut maintenant qu’ils fassent partie de la rémunération, comme c'est le cas pour les médecins ontariens.En octobre dernier, le ministre avait pourtant affirmé que les frais médicaux imposés aux patients étaient là pour rester. Il y a à peine dix jours, il se disait prêt à déposer un règlement afin d’encadrer ces frais. Finalement, il est revenu sur ses intentions et veut maintenant qu’ils soient inclus dans la rémunération.La Loi 20, adoptée l’automne dernier, prévoyait que les médecins étaient autorisés à facturer 50 millions de dollars par année aux patients pour des actes médicaux réalisés en clinique. Cette mesure est toutefois fortement contestée par plusieurs groupes, et l’avocat Jean-Pierre Ménard a déposé il y a quelques jours une poursuite contre le gouvernement fédéral afin qu’il interdise cette pratique en vertu de la Loi canadienne sur la santé.En quelques heures, le ministre a reculé sur cette question. Devant les médias, il a dit que les trois quarts des frais accessoires représentent des montants de 6$, 7$ et 8$.«Compte tenu de l'état de la rémunération des médecins aujourd'hui et des sommes prévues aux ententes, je vois difficilement comment on pourrait ne pas inclure ces frais à l'intérieur de la rémunération», a-t-il déclaré devant les médias à Québec.Il ne veut pas non plus dédommager ou compenser les médecins pour ces dépenses. Il a laissé entendre qu’il pourrait inclure ces frais dans les ententes, mais qu’il préférait s’entendre avec les fédérations médicales. Il leur a lancé un appel en disant qu’il serait sage compte tenu de la situation économique des médecins et du gouvernement de les inclure dans la rémunération. Il a précisé qu’il leur avait formulé la demande de façon verbale.Selon lui, les fédérations se seraient montré réceptives, mais à la condition que les médecins soient compensés en conséquence. Ce que le ministre a refusé pour l’instant, sauf pour les vasectomies, pour lesquelles il serait prêt à faire une exception.«Je considère que les sommes accordées en rémunération pour les médecins est adéquate», a-t-il fait valoir.Pas de rattrapageIl n’a pas l’intention non plus de se montrer plus généreux en matière de rattrapage salarial. Malgré une réduction très importante des écarts de rémunération avec l’Ontario ces dernières années, la parité n’a pas été atteinte avec la province voisine, même si les médecins québécois ont bénéficié d’importantes hausses depuis cinq ans. Le ministre admet que la rétribution des médecins québécois reste inférieure de près de 14% à celle de leurs collègues ontariens.Ils ne doivent toutefois pas espérer combler ce retard dans les nouvelles ententes qui seront négociées. En vertu d’une clause remorque obtenue par les fédérations, le gouvernement s’est engagé à verser aux médecins les mêmes augmentations de salaires consenties aux employés de l’État. Pour l’instant, Barrette refuse de s’engager à leur en concéder davantage: «Avec l'étalement des hausses de rémunération déjà consenties, il n'y a pas lieu d'évoquer quelque rattrapage que ce soit dans la prochaine négociation.»Les médecins québécois sont suffisamment payés, avait jugé de son côté le premier ministre Philippe Couillard, en décembre dernier. «Ça suffit. S'il y avait un rattrapage à faire, il a été fait», avait-il déclaré lors de son bilan de fin de session à l'Assemblée nationale.

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