Fini la résidence? Des conseils financiers pour la suite

«Les jeunes médecins ont passé des années à apprendre la médecine, pas les affaires», observe le président de Doctors of BC, l’omnipraticien John Greggain. «Ils n’ont pas de MBA, ils n’ont pas de formation en ressources humaines. Ils finissent donc soit par choisir un travail qui leur évite toutes les choses qu’il faut faire lorsqu’on gère sa propre entreprise, soit par rassembler toutes les informations et les ressources qu’ils peuvent pour démarrer.» Et il y a beaucoup de choses à rassembler. The Medical Post a demandé à deux médecins – qui sont passés par là – ce que les cliniciens en début de carrière doivent savoir lorsqu’ils passent de l’internat à la pratique à part entière. Comprendre ses obligations Médecin torontoise spécialisée en toxicomanie, la Dre Stephanie Zhou a dirigé l’élaboration du programme d’éducation financière à la faculté de médecine de l’Université de Toronto. Elle indique qu’il est plutôt rare que les médecins en début de carrière ouvrent leur propre cabinet, car les frais généraux élevés des cliniques et les exigences en matière de capital de départ rendent la chose presque impossible. Par conséquent, beaucoup choisissent de s’associer pour créer un cabinet ou de devenir partenaire d’un cabinet existant. Selon la Dre Zhou, il est essentiel de comprendre les implications de ce partenariat, d’un point de vue clinique, juridique et financier. «Assurez-vous de bien définir la façon dont vous allez répartir le travail, la part des frais généraux que chacun d’entre vous devra payer et la façon dont les décisions qui affectent l’entreprise seront prises.» Idéalement, un jeune médecin se joignant à une clinique médicale trouvera un pair au sein du groupe qui sera prêt à aider son nouveau collègue à comprendre l’aspect commercial de la gestion d’un cabinet, signale la Dre Zhou. «Lorsque vous cherchez à rejoindre un cabinet, vous devez vous assurer que les autres partenaires sont prêts à vous encadrer», ajoute-t-elle. «En effet, vous n’êtes pas seulement là pour pratiquer la médecine, mais aussi pour faire partie d’une entreprise. La question de savoir si vos partenaires prendront le temps de vous montrer les ficelles de l’entreprise doit être prise en considération dans votre décision.» Situation de plus en plus répandue: des médecins acceptent d’exercer dans des cliniques exploitées par un propriétaire non-médecin ou une société privée. Les recommandations de Doctors of BC dans ce cas de figure soulignent l’importance de prêter attention à des éléments tels qu’une clause d’indemnisation dans le contrat – qui stipule qu’une partie doit fournir une compensation si l’autre partie subit un préjudice ou une perte – et la clause de confidentialité. Concernant cette dernière, il est essentiel que les médecins connaissent leurs obligations en matière de conservation des dossiers médicaux et qu’ils sachent combien de temps ces obligations restent en vigueur une fois que le contrat prend fin. Embauche À un moment ou à un autre, vous devrez probablement embaucher un administrateur ou un directeur de cabinet médical. «Trouver quelqu’un qui a de bonnes compétences en relations humaines est probablement la partie la plus importante», estime le Dr Greggain. «Il se peut que vous finissiez par taper sur l’épaule d’un employé de café pour lui demander s’il serait intéressé par un poste chez vous, parce que vous voyez qu’il travaille dur et qu’il a de bonnes relations avec les gens.» La Dre Zhou mentionne que de nombreux médecins utilisent les médias sociaux, comme Facebook, pour publier leurs annonces de recrutement de personnel de bureau, tandis que d’autres préfèrent les publier sur des sites d’emploi traditionnels comme Indeed. Dans la clinique où elle travaille, une partie de la stratégie de recrutement du personnel consiste à s’adresser aux universités et, pour le personnel d’été, aux écoles de la région. À lire aussi: Le CMFC fait marche arrière sur la 3e année de résidence Quel que soit le mode de recrutement choisi, assurez-vous que les contrats de travail et autres documents relatifs aux ressources humaines – tels que les descriptions de poste, les codes de conduite et les accords de confidentialité avec les patients – ont déjà été préparés et révisés par un avocat spécialisé dans le droit du travail ou un consultant en ressources humaines, recommande le Dr Greggain. Vous devez également vous assurer que vous comprenez vos responsabilités et vos obligations en tant qu’employeur, et que vous êtes prêt à gérer vos employés. «Les médecins n’ont pas tous la même appétence pour les ressources humaines, qu’il s’agisse des candidatures à examiner, des entretiens, de l’embauche ou du licenciement», a constaté le Dr Greggain. «Mais si vous êtes un médecin gérant votre propre cabinet, ce sont des choses que vous devez apprendre à faire, et à bien faire, parce que le bon fonctionnement de votre clinique dépend de votre capacité à embaucher et à gérer les bonnes personnes.» Dépenser comme un résident «Il est certainement tentant, surtout lorsque les gens commencent à gagner plus d’argent et qu’ils voient leurs amis avoir des enfants et acheter des maisons, de sortir et de commencer à dépenser», convient la Dre Zhou. Le conseil qu’elle donne aux jeunes médecins en est un qu’elle a également entendu de la part d’autres médecins: «Vivez comme un résident pendant les premières années – certains médecins suggèrent une décennie – qui suivent la fin de votre internat. Remboursez vos dettes et commencez à vous constituer un pécule.» Les jeunes médecins qui se sentent perdus ou dépassés par les événements doivent se rappeler qu’ils ont accès à un certain nombre de dispositifs de soutien. La première chose à faire est de s’adresser à leur association professionnelle, indique le Dr Greggain. À lire aussi: Médecins: êtes-vous satisfaits de votre rémunération? Doctors of BC, par exemple, a mis en place un programme de formation professionnelle qui permet aux médecins d’accéder à des experts et à des ressources qui peuvent les guider dans la création et la gestion d’un cabinet, mais aussi dans sa fermeture. L’Association médicale de l’Ontario a quant à elle élaboré un guide pour la création d’un cabinet médical qui comprend des conseils sur ce que les médecins doivent faire à certaines étapes, dans les deux années précédant l’ouverture du cabinet jusqu’au jour de l’ouverture. Les différentes organisations provinciales ont également mis en place des partenariats qui permettent à leurs membres d’avoir accès à des tiers experts en matière de services financiers et d’assurance. Selon la Dre Zhou, les médecins en début de carrière peuvent également se connecter en ligne à des groupes de pairs tels que les Cinq premières années de pratique familiale du Collège des médecins de famille du Canada. «Nous commençons également à voir des groupes de spécialistes et des groupes mixtes, de spécialistes et de généralistes», poursuit-elle. «Je pense que c’est une bonne chose, car cela permet aux médecins, à tous les stades de leur carrière, de disposer d’un réseau et d’une plateforme pour poser leurs questions. En même temps, j’encourage les jeunes médecins à essayer de trouver des mentors qui peuvent vraiment les guider au début de leur carrière. Ne pensez pas que vous devez vous en sortir seul.»

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