Étudiants, résidents et médecins réclament d’une même voix le retrait du PL 106

Dans un rare communiqué de presse commun, la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ), la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ), la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) interpellent «d’une seule voix» le gouvernement de François Legault. Elles réclament «le retrait pur et simple» du projet de loi 106.Selon elles, la pièce législative présentée au printemps dernier par le ministre de la Santé Christian Dubé «cherche à modifier unilatéralement les conditions d’exercice des médecins et tente de créer de toutes pièces un régime de négociation à part». Une issue à laquelle s’opposent fermement les quatre fédérations qui réaffirment que «la seule voie pour parvenir à une entente durable et bénéfique pour les patients» demeure la négociation dans un dialogue qu’elles espèrent de «bonne foi».Cette déclaration collective survient alors que les médecins de famille ont décidé d'emboîter le pas des spécialistes. Ils cesseront l’enseignement à partir du 1er octobre. En attendant, «nous sommes présentement dans une impasse. La menace du projet de loi 106 paralyse les négociations», observe dans le communiqué la vice-présidente de la FMEQ, Félicia Harvey. «Si l’on veut mettre fin à la grève de l’enseignement à court terme, deux solutions se présentent», ajoute l’étudiante en 4e année à l’Université de Montréal: «le recours à l’arbitrage et le retrait de ce projet de loi pour permettre une reprise des discussions. Son refus pourrait compromettre la graduation d’une cohorte entière de futurs médecins dès juillet 2026, avec des conséquences directes sur l’accès aux soins pour la population», souligne-t-elle.À lire aussi: Les étudiants en médecine du Québec désavantagés au jumelage canadien des résidents?Les fédérations dénoncent notamment «l’approche déplorable» adoptée ces derniers mois par le gouvernement et par Christian Dubé. Une stratégie qui «insulte et démotive les équipes médicales». D’après elles, «la menace d’une loi spéciale n’est qu’un exemple de plus de cette attitude contreproductive et autoritaire.»Président de la FMRQ, le Dr Louis-Charles Desbiens rappelle qu’au printemps, «nous avions déclaré en commission parlementaire que ce projet de loi n’était nul autre qu’une loi spéciale déguisée». Selon lui, «le gouvernement de la CAQ ne cache même plus sa menace d’utiliser une loi spéciale pour se défiler à ses obligations de réellement négocier les conditions de pratique des médecins.»À lire aussi: Les étudiants en médecine pris entre l’arbre et l’écorceSon homologue à la FMSQ, le Dr Vincent Oliva souligne pour sa part qu’avec le PL 106, le gouvernement «met la table pour la création d’un désert médical en décourageant les jeunes spécialistes à s’engager au Québec et en poussant les plus âgés vers une retraite hâtive». Il réitère que ses pairs «sont prêts et veulent travailler plus, mais il leur faut des outils et des conditions pour soigner leurs patients». Les médecins de famille vont suspendre leurs activités d’enseignementQuant au président de la FMOQ, il estime que ce communiqué commun constitue «un appel qu’on ne peut plus ignorer». Le Dr Marc-André Amyot ajoute que «ces médecins de famille croient que cette solidarité intergénérationnelle mérite d’être exprimée haut et fort – pour l’avenir de la profession, et pour celui de la population québécoise».Alors que les médecins spécialistes ont suspendu depuis 10 jours l’enseignement au pré-externat et la supervision des stages cliniques à l’externat, les omnipraticiens se sont prononcés ce mardi midi lors d’un webinaire sur les moyens de pression additionnels à mettre en œuvre.Les 6000 participants au webinaire de la FMOQ ont dû répondre à la question suivante: «Maintenant que le Collège des médecins du Québec a précisé qu'il n'était pas interdit par le Code de déontologie des médecins de suspendre l'enseignement, êtes-vous d'accord pour boycotter les activités d'enseignement et de supervision aux étudiants en médecine?»Le résultat est sans appel: 91% des votants ont été en faveur du boycott de l’enseignement aux étudiants en médecine qui entrera en vigueur le 1er octobre «pour laisser le temps aux médecins de modifier leurs horaires et aviser toutes les personnes concernées», indique la FMOQ en précisant que «le boycott ne vise que les étudiants, pas les résidents».Sur ses réseaux sociaux, la Fédération s’est adressé aux étudiants qui vont être touchés: «Nous savons que cette décision vous affecte au plus haut point. Nous vous prions de nous en excuser. Ce geste est aussi posé pour vous – pour défendre votre future pratique en médecine de famille, pour qu'elle puisse être digne, viable et valorisante, et véritablement au service de vos futurs patients.»

Étudiants, résidents et médecins réclament d’une même voix le retrait du PL 106

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