Usage des médicaments chez les enfants et les adolescents avec un trouble du spectre de l’autisme

L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a dressé un portrait pour l’année 2010 de l’usage des médicaments chez les enfants (2 à 12 ans) et les adolescents (13 à 17 ans) québécois ayant reçu un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou, selon la terminologie antérieure, d’un trouble envahissant du développement (TED), qui étaient couverts par le régime public d’assurance médicaments (RPAM) durant l’année 2010 (1).Cette étude avait aussi pour but « de vérifier si ces enfants et ces adolescents faisaient ou non usage de certaines des thérapies médicamenteuses présentées dans la revue systématique sur laquelle porte la présente étude [Warren et coll., 2011] ».Précisons que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a donné le mandat à l’INESSS « de répertorier les interventions de réadaptation actuellement reconnues comme efficaces et pertinentes pour le Québec, en vue d’une diversification de l’offre de services.La pharmacienne Mélanie Turgeon est l’auteure principale de cette étude. Elle a été assistée notamment par une équipe de recherche composée des pharmaciens Éric Tremblay et Nicole Déry et d’Hélène Guay, anthropologue de la santé.Des données probantes pour deux médicaments seulementDans la mise en contexte de son étude, l’INESSS a émis les cinq faits suivants au sujet de l’utilisation des médicaments dans les TSA.Aucune thérapie médicamenteuse spécifique ne permet de traiter les TSA;Certains médicaments sont parfois utilisés dans le traitement de comorbidités ou de problèmes associés chez les enfants et les adolescents atteints de ces troubles;Les auteurs de la revue systématique à la base de la présente étude [Warren et coll., 2011 (2)] ont conclu que la force de la preuve est insuffisante pour permettre d’évaluer les bénéfices ou les effets indésirables de tout traitement par d’autres médicaments que la rispéridone et l’aripiprazole;Peu de publications rapportent les résultats d’études évaluant l’usage des médicaments chez des populations d’enfants et d’adolescents ayant reçu un diagnostic de TSA;Plusieurs cliniciens avouent eux-mêmes avoir très peu d’informations à ce sujet.Prévalence plus élevée chez les enfants plus âgésCette étude a répertorié 2986 enfants de 2 à 12 ans (n = 2004) et adolescents de 13 à 17 ans (n = 982) ayant reçu au moins un diagnostic de TSA et qui étaient couverts par le RPAM en 2010, soit 0,2 % des 1 480 311 personnes âgées de 2 à 17 ans assurées par le RPAM au 1er juillet 2010. La majorité étaient des garcons (79, 5 %).Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) était l’autre diagnostic le plus fréquent, notamment chez 50 % des adolescents de 13 à 17 ans. Le tableau I présente le pourcentage d’usage en 2010 d’au moins un médicament parmi les 18 médicaments spécifiques ou les quatre autres classes de médicaments à l’étude dans une population d’enfants et d’adolescents (2 à 17 ans) ayant reçu un diagnostic de TSA et assurés par le RPAM.Selon ces résultats, les prévalences d’usage des 18 médicaments spécifiques ou des quatre autres classes de médicaments à l’étude étaient, en 2010, généralement faibles chez les enfants de 2 à 5 ans et plus élevées chez les enfants les plus âgés. La prévalence la plus élevée a été chez les 13 à 15 ans.Rispéridone et méthylphénidate : les plus utilisésLa rispéridone et le méthylphénydate ont été les deux médicaments les plus souvent utilisés. Plus de 60 % et près de 50 % des assurés de 2 à 17 ans ont fait usage respectivement de rispéridone et de méthylphénidate pendant plus de neuf mois en 2010.Quant aux ISRS, ils ont été peu utilisés par les enfants de 2 à 12 ans (< 5 enfants de 2 à 5 ans et 9 enfants de 6 à 12 ans). Chez les 13 à 17 ans, ils ont été pris chez 9,4 % des 13 à 15 ans et 10,6 % des 16 et 17 ans. Toujours pour ce groupe d’âge, le citalopram et la fluoxétine ont été les plus souvent consommés, soit 7 % ou moins pour chacun d’entre eux.Des pourcentages d’utilisation élevés qui soulèvent des questionsL'INESSS s’interroge sur l’utilisation de ces médicaments chez les enfants et les adolescents aux prises avec un TSA.« De façon globale, les pourcentages élevés d’enfants et d’adolescents ayant fait usage, en 2010, d’au moins un médicament parmi les 18 médicaments spécifiques ou les 4 autres classes de médicaments à l’étude suscitent des réflexions, étant donné les faibles preuves qui soutiennent l’usage de ces médicaments dans cette population. »« De surcroît, il s’agit de psychotropes, soit des médicaments qui peuvent entraîner de nombreux effets indésirables, lesquels peuvent à leur tour entraîner des conséquences significatives [p. ex., effets métaboliques, dont la prise de poids, avec les antipsychotiques, et problèmes du sommeil et de l’appétit avec les psychostimulants] ».À son avis, les données de cette étude pourront servir de base pour réaliser d’autres études plus approfondies sur le sujet, par exemple pour situer la place de la thérapie médicamenteuse parmi toutes les interventions disponibles, vérifier si l’usage des médicaments permet, chez certains enfants, de pallier un manque de services d’évaluation ou de soutien, comparer les interventions médicamenteuses avec les interventions éducatives ou comportementales, et étudier les effets de la combinaison de ces types d’intervention.Méthodologie Étude descriptive de cohorte rétrospective portant sur l’année 2010.Données provenant de trois banques de données administrées par la RAMQ.Population à l’étude :• personnes âgées de 2 à 17 ans au 1er juillet 2010;• ayant reçu au moins un diagnostic de TSA au cours de la période allant de leur naissance au 31 décembre 2009;• et ayant été assurées par le RPAM pendant au moins 361 jours en 2010.Médicaments évalués qui sont utilisés par la population à l’étude :• 18 médicaments spécifiques, soit des antipsychotiques atypiques et de l’halopéridol, des antidépresseurs de la classe des ISRS, des psychostimulants et d’autres médicaments utilisés dans le traitement du TDAH;• médicaments de quatre autres classes de médicaments qui sont utilisés dans le traitement de certains autres troubles associés au TSA, soit des benzodiazépines, des anticonvulsivants, des antipsychotiques typiques autres que de l’halopéridol et des antidépresseurs n’appartenant pas à la classe des ISRS.1. Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Portrait de l’usage des médicaments chez les enfants et les adolescents ayant reçu un diagnostic de troubles du spectre de l’autisme couverts par le régime public d’assurance médicaments. Portrait d’usage rédigé par Mélanie Turgeon, Éric Tremblay, Nicole Déry et Hélène Guay. Québec, Qc : INESSS; Mai 2013. 58 p.2. Warren Z, Veenstra-VanderWeele J, Stone W, Bruzek JL, Nahmias AS, Foss-Feig JH, et coll. Therapies for children with autism spectrum disorders. Rockville, MD : Agency for Healthcare Research and Quality (AHRQ); 2011.

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