Étiquettes dans les pots d’ordonnance: «c’est préoccupant», selon l’Ordre des pharmaciens

La semaine dernière, une étude de l’Université McGill a révélé que des composés chimiques de certaines étiquettes thermiques - comme le bisphénol S (BPS) - peuvent traverser la pellicule plastique qui recouvre les aliments et les contaminer. Or, ces mêmes étiquettes sont couramment utilisées sur les colis postaux ou encore sur les flacons des médicaments d’ordonnance. Après avoir pris connaissance d'une préoccupation de la part de certains pharmaciens, l’OPQ a envoyé lundi une communication à ses membres rappelant sa recommandation de coller l’étiquette thermique à l’extérieur du pot d’ordonnance, plutôt que de la placer à l’intérieur, comme il est courant de le faire en pharmacie. Cette recommandation avait été transmise aux pharmaciens en 1999, par le biais du Bulletin d’informations professionnelles de l’Ordre #103. «Il n’y a pas de règlement actuellement sur la façon de placer les étiquettes. La recommandation de l’époque a été faite pour des raisons d’hygiène, car ces étiquettes ne sont pas conservées dans des endroits de grade pharmaceutique», explique Manon Lambert, directrice générale de l’OPQ. Cette nouvelle étude remet toutefois le débat sur la table. Vers une obligation? Le BPS est une substance chimique industrielle qui a remplacé le bisphénol A (BPA). Toutefois, elle est potentiellement aussi toxique que cette dernière, en plus d'être également un perturbateur endocrinien. Selon Manon Lambert, les résultats de l’étude de l'Université McGill sont assez préoccupants pour que l’Ordre enquête davantage sur les risques potentiels liés au fait de placer ces étiquettes à l’intérieur des pots d’ordonnance. «Bien qu’on ne puisse pas faire un copier-coller des effets des étiquettes sur les aliments sur les médicaments, l’étude est suffisamment préoccupante pour qu’on étudie la possibilité de transformer notre recommandation en obligation, ajoute la pharmacienne. Dans le doute, il faut d’ici là adopter le principe de précaution.» Différents enjeux à considérer Avant de penser rendre cette pratique obligatoire, un travail exhaustif doit être fait et l'ensemble des enjeux rattachés à la décision doivent être pris en considération. «Ce n’est pas une décision qui va être prise sur le coin d’une table. Nous allons déterminer quelle est la position la moins risquée pour les patients», précise Manon Lambert. La première étape, prévient-elle, sera de confirmer que les composés chimiques peuvent contaminer les formes solides, comme les comprimés, par transfert. Par la suite, il faudra prendre en considération les risques environnementaux, en plus des enjeux liés à la confidentialité. En effet, l’étiquette collée à l’extérieur du pot doit être retirée avant de le recycler, en raison des informations confidentielles du patient qui y sont inscrites. «La notion de confidentialité des informations est une préoccupation pour les pharmaciens et les patients. Il en va de même pour les enjeux environnementaux. Il ne faudrait pas que les patients soient tentés de jeter le pot à la poubelle, car ils n’arrivent pas à retirer l’étiquette», explique Manon Lambert. Elle ajoute que l’Ordre prendra sa décision lorsque tous ces éléments seront analysés. Elle avance néanmoins que si la toxicité des étiquettes est confirmée, cet aspect risque de surpasser les autres enjeux.

Étiquettes dans les pots d’ordonnance: «c’est préoccupant», selon l’Ordre des pharmaciens

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