Et vogue la médecine solidaire

Mercy Ships est né en 1978 d’un triple constat: quelque 18 millions de personnes mouraient chaque année dans le monde par manque d’accès à des soins chirurgicaux; 95 des 100 plus grandes villes du globe étaient des villes portuaires; et la moitié de la population mondiale vivait à moins de 150 km d’une côte. Depuis cette année-là, l’ONG internationale basée au Texas, opère des navires hôpitaux pour soigner les populations démunies, essentiellement en Afrique et en Asie du Sud-Est. En 43 ans d’activité, les bateaux de l’organisation ont effectué 600 escales dans 55 pays et plus de 100 000 chirurgies ont été réalisées à leur bord. «On a fourni des services évalués à environ 1 milliard de dollars qui ont directement bénéficié à plus de 2,8 millions de personnes dans le monde», souligne la coordinatrice des activés de Mercy Ships en Afrique de l’Ouest, Annick Sylvestre. Originaire de Saint-Barthélémy, dans Lanaudière, l’ancienne réserviste des services de santé des Forces canadiennes travaille pour l’ONG chrétienne depuis cinq ans. «Ce qui me plaît chez Mercy Ships, c’est qu’on ne vient pas faire nos projets dans notre coin. On collabore en amont avec les pays hôtes pour bien évaluer les besoins de leurs populations, améliorer les infrastructures sanitaires et former les personnels soignants sur place.» À lire aussi: Renouer avec l’esprit originel de la médecine Lors de la précédente mission au Sénégal, en 2019-2020, les autorités locales voulaient par exemple que 75% des patients pris en charge par l’ONG proviennent de l’extérieur de la capitale, Dakar. «Ça demande énormément de préparation pour sélectionner les patients, planifier leur chirurgie et organiser leur transport», indique Annick Sylvestre en estimant que ces préparatifs prennent deux ans environ et mobilisent une dizaine de personnes. Une fois l’Africa Mercy à quai, 1 200 professionnels bénévoles issus de 60 pays se relaient ainsi pendant 10 mois sur le navire-hôpital de l’ONG en service depuis 2007. Ils sont chirurgiens, dentistes, infirmiers, pharmaciens, formateurs, mais aussi cuisiniers, marins, ingénieurs ou agriculteurs. Qu’ils restent à bord deux semaines ou dix mois, chacun paye son hébergement en cabine et sa nourriture. «Beaucoup sont également soutenus financièrement par leur communauté», précise la jeune femme. Un nouveau navire-hôpital en 2022 Présentement, elle collabore à la reprise des activités à flot de Mercy Ships en Afrique de l’Ouest qui ont été interrompues à cause de la pandémie de COVID-19. La mission 2019-2020 au Sénégal, qui a été écourtée de trois mois, devrait ainsi reprendre début 2022. «Des centaines de personnes y sont toujours en attente de leur chirurgie», signale la trentenaire en soulignant que «c’est tout un casse-tête pour faire venir les volontaires» en raison des restrictions sanitaires qui diffèrent d’un pays à l’autre, mais aussi à cause des incertitudes entourant la COVID-19. À lire aussi: Une pharmacienne change de vie pour en métamorphoser d'autres Seule certitude, l’ONG pourra compter dès l’hiver prochain sur un second navire, le Global Mercy, qui se trouve actuellement au Pays-Bas pour finaliser son équipement médical. Doté de six salles d’opération, 102 lits de soins actifs et sept lits de soins intensifs, «il s’agira du plus grand navire-hôpital civil au monde et il va nous permettre de doubler notre impact», s’enthousiasme déjà Annick Sylvestre.

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