Entrevue avec le nouveau président de la FMRQ - Des emplois pour les finissants en spécialités

Depuis le 1er juillet, la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) a un nouveau président. Le successeur du Dr Grégoire Bernèche est le Dr Joseph Dahine. Cet étudiant a fait sa résidence en médecine interne à l’Université McGill et est, depuis peu, fellow en soins intensifs chez l’adulte, à l’Université de Montréal. Il a été élu pour un an seulement, mais il a des cibles très précises en tête. Entretien.Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir président de la FMRQ ?Le sujet qui me préoccupe le plus est celui des PREM et de l’emploi pour les finissants en médecine. La vérité, c’est qu’environ 30 % à 50 % des résidents n’ont toujours pas de poste quelques mois avant de terminer leur formation. Certains font un fellowship pendant un, deux ou trois ans, jusqu’à ce que les négociations avec le Ministère permettent de débloquer un Plan régional d’effectifs médicaux (PREM). Sinon, le résident qui a achevé sa formation et veut en faire profiter des patients quitte la province.L’actualité médicale soulevait récemment cette question : « Le Québec forme-t-il trop de médecins ? » Il forme trop de médecins dans certains domaines qui deviennent rapidement saturés et nous ne sommes pas en mesure de transférer ces résidents vers des milieux où les besoins sont importants. Chaque médecin qui quitte le Québec parce qu’il a été formé dans une discipline saturée coûte cher au gouvernement et à la société. À cette erreur s’ajoute un drame personnel parce que la plupart des médecins formés au Québec voudraient y rester.Quelle serait la solution ?Le jour où nous serons conséquents dès le départ et ferons tout pour que chaque étudiant qui entre en médecine sache dans quel domaine il ira s’établir – ce qui peut être difficile, j’en conviens –, nous serons peut-être en mesure d’avoir une vision à long terme et ne le bercerons pas d’illusions. Si nous voulions être conséquents avec nous-mêmes et faire en sorte que tous les intervenants concernés par la formation (facultés, départements, Ministère, fédérations) travaillent ensemble, probablement qu’il serait possible d’avoir un plan d’effectifs plus rationnel.Remettez-vous les PREM en question ?Le système actuel favorise la décentralisation des effectifs, ce qui se conçoit pour les milieux en pénurie, mais est-ce juste pour un autre milieu qui aurait besoin des services d’un médecin et pour lequel on n’a pas prévu de poste ? Ma réponse est non. Si un médecin veut travailler dans un établissement donné et que l’hôpital souhaite l’embaucher, il devrait être capable de le faire. On pourrait mettre en doute le système actuel et passer à un autre, ou garder le même système et avoir cette flexibilité pour ce genre de situation. L’absence de flexibilité empêche des résidents de travailler dans leur discipline.Que pensez-vous de la façon dont les choses évoluent en médecine familiale ?La médecine familiale a fait l’objet d’une très grande valorisation ces dernières années. Nous sommes très heureux que nos résidents puissent s’établir relativement tôt avant la fin de la collation des grades.Notre principale inquiétude porte sur l’augmentation des cohortes que demande le gouvernement. Nos vice-doyens disent déjà que les milieux de formation sont saturés. Savoir qu’on devra former 50 à 100 nouveaux médecins de famille supplémentaires soulève la question suivante : dans quel domaine va-t-on les former ? Formons plus de médecins de famille, mais assurons-nous que la qualité de leur formation ne sera pas compromise.Au Québec, la spécialité dans laquelle vous étudiez, les soins intensifs, est reconnue par le Collège, et la formation est donnée par trois facultés. Pourtant, il n’existe pas de plans d’effectifs pour les intensivistes. N’est-ce pas incongru ?En effet, c’est une incohérence totale. Actuellement, si un étudiant veut travailler dans une unité de soins intensifs, il a besoin d’avoir un PREM dans sa spécialité de base. Si un hôpital a un seul PREM et qu’il a le choix entre un candidat qui consacrera 100 % de son temps à sa spécialité et un autre qui partagera son temps entre sa spécialité et les soins intensifs, il confiera le poste à celui qui contribuera le plus à son département. La rumeur veut que des postes en spécialité de base seraient actuellement réservés aux intensivistes. C’est certainement une priorité pour nous de sensibiliser le gouvernement à l’incongruité de la situation actuelle afin de trouver une solution.Vous êtes le quatrième homme à avoir été nommé président de la FMRQ. Pourtant, les femmes sont largement majoritaires dans les entrées en médecine. À quand une femme à la tête de la FMRQ ? Je ne peux pas parler pour elles, mais quand j’étais à l’Université McGill, il y avait plein de femmes parmi les « chief residents ». Elles prenaient des postes de leadership local. À un moment donné, elles accepteront des rôles de leader en matière administrative. Ces dernières années, il y avait des femmes au conseil d’administration de la FMRQ, et toutes avaient la capacité de devenir présidentes. Je suis sûr que lorsqu’une femme sera motivée par le poste, elle fera une excellente présidente.

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