Entre 30 et 50 ans, un mauvais sommeil associé au vieillissement accéléré du cerveau

Bien dormir n’est pas seulement un gage d’énergie, de bon fonctionnement physique ou de performance intellectuelle pendant la journée. Cela pourrait préserver la santé de votre cerveau, surtout entre 30 et 50 ans. En effet, les troubles du sommeil survenant dans la trentaine et la quarantaine peuvent ajouter quelques années supplémentaires à votre cerveau et provoquer, plus tard, des problèmes de mémoire et de cognition, liés à un risque plus élevé de démence. C’est ce qui ressort d’une récente étude publiée dans la revue Neurology. Les chercheurs de l'Université de Californie à San Francisco ont analysé la qualité du sommeil de 589 adultes, dont l’âge moyen était de 40 ans. Une analyse de leur sommeil a été réalisée en début d’étude, et une autre cinq ans plus tard. Les chercheurs se sont concentrés sur la courte durée du sommeil, la mauvaise qualité du sommeil (SQ), la difficulté à s’endormir (DIS) et à maintenir le sommeil (DMS), le réveil matinal précoce (EMA) et la somnolence diurne. Les chercheurs ont ensuite divisé les participants en trois groupes en fonction du nombre de caractéristiques de «mauvais sommeil» déclarées par les participants: faible (0-1), moyen (2-3) et élevé (plus de 3).Des IRM cérébrales obtenues 15 ans plus tard ont été utilisées pour déterminer l’âge du cerveau grâce à une approche d’apprentissage automatique basée sur l’atrophie liée à l’âge, précise l’étude. À lire aussi: Couchers tardifs et manque de sommeil peuvent abîmer le cerveau des enfants«Parmi les caractéristiques individuelles, un mauvais SQ, une DIS, DMS et un EMA étaient associés à un âge cérébral plus élevé, en particulier lorsqu'ils persistaient au cours du suivi de 5 ans», écrivent les auteurs. Les adultes ayant une mauvaise qualité de sommeil au début de la quarantaine présentent donc davantage de signes de problèmes de santé cognitive à la fin de cette décennie, en particulier lorsque les troubles de sommeil étaient constants. En outre, l’équipe dirigée par Kristine Yaffe, professeure de psychiatrie, de neurologie et d'épidémiologie à l'Université de Californie à San Francisco, a constaté que les personnes du groupe moyen avaient un âge cérébral moyen supérieur de 1,6 an à celui des personnes du groupe faible, et que les personnes du groupe élevé avaient un âge cérébral moyen supérieur de 2,6 ans. Les chercheurs soulignent ainsi l'importance de traiter les problèmes de sommeil de manière précoce afin de préserver la santé du cerveau.La qualité du sommeil importe plus que sa duréeUne bonne hygiène de sommeil pourrait prévenir des troubles cognitifs ultérieurs, rapporte une étude antérieure, également publiée dans Neurology. Cette fois, les chercheurs ont examiné l’association entre la durée et la qualité du sommeil, mesurée entre 35 et 45 ans chez 526 participants (âge moyen de 40 ans), et la cognition à l’âge mûr, évaluée 11 ans plus tard chez les adultes noirs et blancs. Les participants ont porté un moniteur au poignet pendant trois jours consécutifs, à un an d'intervalle. Ils ont également consigné leurs heures de coucher et de lever dans un journal du sommeil et ont répondu à une enquête sur la qualité du sommeil. Pour ce faire,m ils avaient reçu un «score» de qualité du sommeil allant de 0 à 21, les scores les plus élevés indiquant des problèmes de qualité du sommeil plus importants. Parmi eux, 46% ont signalé un mauvais sommeil. À lire aussi: Pour limiter les troubles du sommeil liés à l’âge, il faut s’exposer à la lumière naturelleLes chercheurs du département de psychiatrie et des sciences du comportement, de neurologie et d'épidémiologie de l’Université de Californie à San Francisco ont ainsi constaté que les personnes du tertile le plus élevé, par rapport au tertile le plus bas de l'indice de fragmentation du sommeil, avaient plus de deux fois plus de chances d'avoir de mauvaises performances cognitives. «La fragmentation du sommeil mesurée par actigraphie, plutôt que sa durée, a été associée à une moins bonne cognition chez les hommes et les femmes noirs et blancs d'âge moyen. La qualité du sommeil est importante pour la santé cognitive, même dès le milieu de la vie», conclut l'étude. Toutefois, la durée ou la qualité autodéclarée du sommeil n’était pas associée à une diminution de la fonction cognitive. Les chercheurs indiquent ainsi que «les mesures du sommeil devraient aller au-delà de l'auto-évaluation», et que leurs «résultats soulignent l'importance d'étudier le sommeil et la cognition à un stade précoce de la vie».

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