Enquête salariale annuelle de l’APPSQ: des disparités qui entraînent de l’insatisfaction

L’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ) vient de publier les résultats de son enquête salariale annuelle. Au total, 662 pharmaciens et étudiants en pharmacie y ont répondu. Dans cette nouvelle édition dont les données ont été colligées en 2022, 47,5% des répondants affirment avoir de bonnes conditions de travail, contre 54,5% en 2021. On remarque ainsi une perception de détérioration des conditions de travail, notamment avec 52,5% des répondants qui estiment avoir des conditions moyennes ou mauvaises. Ils étaient 45,5% en 2021. Les raisons de cette insatisfaction sont multiples, passant du salaire aux avantages sociaux, en passant par l’organisation du travail et le manque de personnel technique qui mènent à une surcharge, explique le président de l’APPSQ, Patrick Hemery. Encore des disparités Les salaires ont doublé, passant de 50$ de l’heure à près de 100$ de l’heure. Si la grande majorité des répondants ont confirmé avoir reçu une augmentation de salaire dans les 12 derniers mois, les disparités dans les avantages sociaux créent de l’insatisfaction. «Les pharmaciens salariés estiment ne pas avoir assez de semaines de vacances annuelles ni bénéficier de suffisamment d’avantages sociaux (assurances salaire, assurances vie, REER, frais de déplacement, etc.)», peut-on lire dans l’analyse du rapport. Le président de l’APPSQ ajoute que ces disparités créent un stress chez les pharmaciens salariés qui les poussent à quitter un milieu pour en trouver un autre qui bénéficie de meilleures conditions salariales et de meilleurs avantages sociaux. Dans cette enquête, on retrouve des données salariales par région et par ancienneté. «Ça permet aux membres de connaître les moyennes des salaires selon leurs responsabilités, leur ancienneté et leur région. Ils ont alors des balises pour améliorer leurs conditions de travail», précise Patrick Hemery. Revoir le mode d’organisation Près de 60% des répondants disent que l’organisation du travail en pharmacie est inadéquate. On relate le manque de délégation des tâches techniques, la pénurie de main-d’œuvre technique, le manque de temps pour exercer les actes liés aux Lois 41 et 31. «Ces actes sont venus s’ajouter au travail quotidien du pharmacien sans ressources supplémentaires», lit-on dans l’analyse de l’enquête. «La frustration vient du manque de temps dédié aux actes professionnels. Avec le manque de délégation de tâches techniques, les pharmaciens n’arrivent pas exécuter ces nouveaux actes dédiés qu’ils sont contents d’avoir obtenus», rapporte Patrick Hemery. L’enquête expose aussi le manque de planification de ces actes avec une prise de rendez-vous pour les patients. «Cela vient polluer l’organisation du travail du pharmacien», ajoute le président de l’APPSQ. Il souhaite une réelle révision du mode d’organisation de la pharmacie. «Il faut avoir l’Ordre des pharmaciens, l’AQPP, le Ministère, les chaînes et les bannières autour de la même table. Ça demande une réflexion pour obtenir un consensus», croit-il. «À force de les répéter, les choses vont être entendues», espère le président de l’association. Avancer en arrière Patrick Hemery croit qu’une réflexion sur l’organisation du travail de la pharmacie s’impose. «À voir les cliniques pharmaceutiques qui ouvrent ailleurs au pays, des cliniques où les pharmaciens sont payés à l’acte et où ils ne sont pas que des distributeurs de médicaments, ça fait réfléchir sur l’avenir de la pharmacie», pense-t-il. Selon lui, ces cliniques sur rendez-vous permettront de conserver l’accessibilité, de planifier l’organisation, d’aider la première ligne des soins de santé… «Est-ce qu’on va retourner au modèle de l’apothicaire chez qui on allait uniquement pour trouver un remède ? Les pharmacies sont devenues avec le temps des commerces de détail. Le retour vers le cœur de la profession ne serait-il pas souhaitable ? On sait que la pharmacie va évoluer dans les prochaines années, mais ça va prendre du temps.»

Enquête salariale annuelle de l’APPSQ: des disparités qui entraînent de l’insatisfaction

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