Enquête de Protégez-vous sur le prix des médicaments vendus en pharmacie

Le magazine Protégez-Vous publie dans son édition d’octobre une enquête sur les prix des médicaments sous ordonnance vendus en pharmacie communautaire aux clients qui détiennent une assurance privée pour leurs médicaments.Cette enquête a été menée de façon anonyme, entre le 20 juin et le 3 juillet 2011, auprès de 320 pharmacies de partout au Québec sélectionnées au hasard et affiliées à différentes chaînes ou bannières.« Nous avons vérifié le prix d’une provision d’un mois de cinq des médicaments les plus vendus au Québec (Effexor 75 mg, Glucophage 500 mg, Lipitor 10 mg, Norvasc 5 mg et Pantoloc 40 mg) ainsi que de leurs équivalents génériques », précise Protégez-Vous.Le prix coûtant d’un médicament pour la pharmacie est basé sur le prix maximal permis par la RAMQ, auquel Protégez-Vous a ajouté la marge maximale permise à un grossiste, soit 6,25 %.« D’énormes écarts »Premier constat des journalistes Catherine Meilleur et Samuel Lambert-Milot dans leur article Prix des médicaments : difficile à avaler, « un médicament breveté coûte en moyenne près de deux fois plus cher que son équivalent générique ». Ils citent un cas où cette différence est particulièrement notable, soit celui du Pantoloc vendu 164 $ alors que le générique est vendu 45,95 $ (+ 118,05 $). Deuxième constat, « même parmi les génériques, les prix varient beaucoup d’une pharmacie à l’autre ».Parmi les 320 pharmacies de leur échantillon, les journalistes ont trouvé un écart de prix de 142 % entre le générique le moins cher et le plus cher.« Des marges renversantes »Troisième constat, les journalistes s’étonnent également de la marge de profit dégagée par les pharmaciens propriétaires. « Le bénéfice brut des pharmaciens propriétaires est en moyenne de 145 % sur les médicaments génériques, contre 33,6 % sur les médicaments d’origine. »Pour chacun des cinq médicaments, les auteurs donnent la marge de profit du pharmacien, calculée d’après la facture la plus élevée qu’ils ont trouvée : la venlafaxine (47 % pour l’Effexor; 241 % pour un générique), la metformine (65 % pour le Glucophage; 347 % pour un générique), l’atorvastatine (50 % pour le Lipitor; 183 % pour un générique), amlodipine (63 % pour le Norvasc; 288 % pour un générique) et le pantoprazole (29 % pour le Pantoloc; 160 % pour un générique).Quatrième constat, les assurés du régime public d’assurance médicaments paient le même prix dans toutes les pharmacies du Québec contrairement à ceux des régimes privés, dont le prix d’un médicament varie d’une pharmacie à une autre.Suggestions de Protégez-VousLes journalistes ont invité les lecteurs à demander à leur pharmacien s’il existe une version générique du médicament d’origine prescrit par le médecin.Ils leur ont aussi recommandé de « magasiner » leur pharmacie, même si ce n’est pas facile, parce que les prix des médicaments sur ordonnance ne sont pas affichés et « parce que les pharmaciens ne sont pas tous disposés à livrer d’emblée cette information ».Par contre, ils les ont mis en garde contre le risque d’interactions médicamenteuses si le pharmacien n’a pas en main l’ensemble de leur dossier pharmacologique.L’AQPP conteste les résultats de Protégez-VousDans l’article de Protégez-Vous, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) explique les écarts de prix entre les pharmacies par l’obligation de la libre concurrence (Loi sur la concurrence) et les frais d’exploitation (loyer, électricité, salaires des employés, etc.) qui varient d’une pharmacie à une autre.Au sujet des écarts importants observés entre les médicaments brevetés et les médicaments génériques, l’AQPP conteste les résultats de Protégez-Vous. « À partir du moment où un pharmacien applique un même honoraire sur un médicament breveté et sur un médicament générique, c’est sûr que le pourcentage sera plus grand sur le médicament générique, parce que le prix du médicament est plus bas, sauf que le service professionnel est le même », fait remarquer Vincent Forcier, directeur des affaires publiques de l’AQPP.Ce dernier ajoute que les frais d’exploitation d’un pharmacien sont répartis entre tous les assurés, peu importe le coût du médicament. L’AQPP annonce qu’elle mènera sa propre étude économique à partir des résultats de Protégez-Vous. « Leur document ne correspond pas à la réalité en pharmacie. On met en doute ces résultats. »Au cours des prochains mois, l’AQPP compte lancer une campagne d’information destinée au grand public, notamment sur la fixation des prix des médicaments en pharmacie.

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