Émergence d’une nouvelle option pour la prévention du cancer du sein chez les femmes postménopausées

L’inhibiteur de l’aromatase exémestane (Aromasin) réduit de 65 % l’incidence relative du cancer du sein invasif chez les femmes postménopausées à haut risque, selon les résultats d’une vaste étude de phase III contrôlée par placebo, menée et coordonnée par le Groupe des essais cliniques (GEC) de l’Institut national du cancer du Canada (INCC).Le Dr Paul Goss, professeur de médecine à la faculté de médecine de Harvard à Boston, a présenté les résultats de l’étude internationale MAP.3 (Mammary Prevential Trial.3) au congrès de l’ASCO.« Jusqu’à présent, a-t-il dit, les traitements utilisés dans la prévention du cancer du sein sont surtout représentés par les modulateurs sélectifs des récepteurs de l’œstrogène, le tamoxifène et le raloxifène, qui réduisent l’incidence d’environ 38 %. Mais ces agents sont également associés à un cancer rare, celui de l’endomètre et à des événements thromboemboliques. »« On a cru que cela constituait, en partie, l’un des obstacles faisant que les femmes sont réticentes à prendre un comprimé pour prévenir un cancer du sein, a expliqué le Dr Goss aux journalistes présents au congrès. Cependant, l’exémestane offre maintenant aux femmes postménopausées un choix sécuritaire et très efficace pour la prévention de cette maladie. »Les inhibiteurs de l’aromatase « causent la suppression en profondeur des taux d’œstrogène chez les femmes postménopausées, mais ils se distinguent du tamoxifène par la façon dont ils neutralisent l’œstrogène. L’exémestane, a relevé le Dr Goss, a été choisi pour l’étude MAP.3 en raison de ses effets androgéniques secondaires légers qui pourraient limiter sa toxicité sur les os et d’autres organes terminaux. Des recherches antérieures ont montré que les inhibiteurs de l’aromatase préviennent davantage le cancer du sein controlatéral et provoquent moins d’effets secondaires que le tamoxifène chez les patientes dont le cancer est à un stade précoce.Au total, 4560 femmes postménopausées ont participé à l’étude MAP.3 au Canada, aux États-Unis, en Espagne et en France. Ces femmes répondaient au moins à l’un des critères suivants :un âge de 60 ans ou plus; un score de risque selon le modèle Gail supérieur à 1,66 % sur cinq ans (le score de risque de Gail donne une estimation du risque qu’a une femme de voir apparaître un cancer du sein invasif en fonction de facteurs tels que les antécédents familiaux, l’âge, la race et l’âge au premier accouchement); avoir déjà eu une hyperplasie canalaire atypique ou une hyperplasie lobulaire atypique ou un carcinome lobulaire in situ; ou un carcinome canalaire in situ qui s’est soldé par une mastectomie.Au terme de 35 mois d’observation en moyenne, les chercheurs ont constaté 11 cas de cancer du sein invasif chez les femmes du groupe exémestane comparativement à 32 chez celles du groupe placebo, ce qui équivaut à une incidence annuelle de 0,19 % contre 0,55 %, respectivement. Autrement dit, la prise d’exémestane a permis une réduction relative de 65 % de l’incidence annuelle des cancers du sein invasifs. « L’exémestane a également permis de réduire les carcinomes canalaires in situ pré-invasifs ainsi que les hyperplasies canalaires et lobulaires précancéreuses et les carcinomes lobulaires in situ précancéreux », a dit le Dr Goss.Aucune différence cliniquement significative sur le plan de la qualité de la vie et aucun événement indésirable grave tel que de l’ostéoporose, une maladie cardiovasculaire, des fractures ou d’autres tumeurs malignes n’ont été signalés.« Les femmes qui répondent aux critères d’admission de l’étude MAP.3 – en réalité, probablement toutes les femmes de plus de 60 ans – devraient, ainsi que leurs médecins, être au courant de ces résultats importants, a conclu le Dr Goss.Pour les femmes qui ne répondent pas aux critères de l’étude MAP.3, il est clair que d’autres résultats et d’autres débats sont nécessaires. Puisque l’exémestane permet une réduction importante du cancer du sein et que son profil d’innocuité est excellent, ce médicament a un potentiel d’implantation à grande échelle. »Dans un communiqué de presse, le Dr Michael Wosnick, vice-président à la recherche, Société canadienne du cancer, a dit que les résultats de l’étude MAP.3 « sont extrêmement intéressants parce qu’ils peuvent avoir des répercussions pour des milliers de femmes. Nous savons que le cancer du sein fait des ravages chez les femmes canadiennes et leurs familles. Les résultats de cette étude révèlent une nouvelle option thérapeutique importante, permettant de prévenir cette maladie dévastatrice chez les femmes les plus susceptibles d’en être atteintes. »L’étude MAP.3 a été publiée en ligne dans le New England Journal of Medicine et ses résultats ont été dévoilés au congrès de l’ASCO le même jour.Lire la suite du dossier«Quoi de neuf ? Cancer»

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