Élections: les pharmaciens demandent des engagements

Afin de pourvoir les 280 postes en équivalent temps complet, l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES), qui compte près de 2000 membres, demande aux partis politiques de s’engager à déployer une campagne de promotion de la pratique de la pharmacie en établissement de santé. À l'instar de l’APES qui se dit préoccupée par le manque de main-d’œuvre, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) estime pour sa part que le prochain gouvernement devra ouvrir davantage de places dans les deux facultés de pharmacie. L’ordre professionnel propose deux solutions: augmenter le nombre d’admissions dans le programme de Qualification en pharmacie et accroître l’offre de stage en pharmacie. De plus, l’OPQ demande aux partis politiques de s’engager à revoir le mode de rémunération des pharmaciens. «Lorsqu’une demande de consultation est faite par un médecin auprès d’un pharmacien, aucun incitatif n’est prévu pour la prise en charge du patient après la rencontre initiale», déplore l’ordre professionnel dans un document énumérant ses principaux enjeux pour cette campagne électorale. L'Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) abonde dans le même sens. Le syndicat déplore que peu importe la complexité de la thérapie, le tarif demeure le même. «Il s'agit d'un non-sens largement décrié par les pharmaciens et dénoncé par les patients, qui a des effets néfaste sur l'épanouissement du rôle de pharmacien». Des limites administratives Par ailleurs, l’OPQ souhaite la levée des limites administratives pour «soulager la première ligne». Par exemple, l’Ordre note que les pharmaciens ne peuvent pas vacciner les enfants de six ans et moins, ne peuvent pas administrer des médicaments autres que les vaccins et peuvent prolonger les médicaments, mais avec des limites de temps. De plus, même si ces professionnels peuvent modifier ou ajuster des traitements afin d’en assurer l’efficacité, ils ne peuvent ajouter un médicament que dans certains contextes bien précis, affirme l’OPQ. De son côté, l'AQPP souhaite que le prochain gouvernement s'attaque à la réduction du fardeau administratif. «Par exemple, des gestes simples comme s'assurer que les plateformes de collaboration entre professionnels de la santé soient accessibles peut représenter une économie de temps importante», explique un communiqué de l'AQPP. Droit de propriété et PSP D'autre part, le syndicat des pharmaciens propriétaires souhaite que le futur gouvernement apporte des modifications à la loi pour «rétablir et garantir la complète indépendance professionnelle du pharmacien». Selon l'AQPP, le droit de propriété s'effrite tranquillement au bénéfice des grandes chaînes et bannières affectant l'indépendance professionnelle des pharmaciens. Dans un autre dossier, l'association veut que le prochain parti au pouvoir assainisse le milieu des programmes de soutien aux patients (PSP). Selon elle, il faut une meilleure définition de ce type de programmes ainsi que des conditions pour les qualifier, les mettre en oeuvre et encadrer les avantages autorisées qui pourraient en découler. «Nous souhaitons un engagement clair de la part du gouvernement qu'il sensibilisera les joueurs de l'industrie et qu'il sévira en cas d'entorses à la Loi sur l'assurance-médicaments», déclare l'AQPP. De meilleurs outils technologiques De son côté, l’APES veut que les partis s’engagent à rehausser et à harmoniser les technologies de l’information. Le syndicat professionnel leur demande également de s’engager à investir davantage, au cours des quatre prochaines années, dans les systèmes automatisés et robotisés de distribution des médicaments (SARDM). «La désuétude et l’insuffisance des technologies de l’information occasionnent des pertes d’efficacité au sein des départements des pharmacies des établissements de santé et un risque accru d’erreurs», indique l’APES par voie de communiqué. L’association souligne que les pharmaciens doivent saisir manuellement les informations des bases de données sur les médicaments, «dont la mise à jour requiert un temps considérable». Par ailleurs, l’APES demande aux formations politiques de s’engager à tenir un forum sur le défi de la résistance aux antibiotiques dans la première moitié du prochain mandat. «Le forum devra permettre aux différents spécialistes de se prononcer sur cet enjeu de santé majeur et devra tracer la voie à la présentation d’un plan d’action gouvernemental en la matière», affirme l’APES. Inquiète de la perte d’efficacité des antibiotiques, cette organisation note qu’environ 26% des infections résistent aux antibiotiques et que cette statistique pourrait grimper à 40% d’ici 2050. Des demandes communes Soulignons que l’Association professionnelle des pharmaciens salariés du Québec (APPSQ), une organisation qui compte environ 700 membres, dit appuyer les revendications de l’APES et de l’AQPP. «Nous avons des demandes communes sur l’amélioration des conditions de travail, une juste rémunération des actes cliniques et une diminution de la pénurie de main-d’œuvre», affirme le président de l’APPSQ, Patrick Hémery. Ce dernier ajoute que, contrairement aux deux syndicats, son association n’a pas de discussion directe avec le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. «Nos demandes sont relayées par l’APES et l’AQPP», explique-t-il.

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