Durées de séjour hospitalier: les cibles de Québec doivent être variables, selon le CHUM

Fruit d’une démarche amorcée en 2019, le gouvernement veut récompenser dès cette année les établissements qui réussiront à réduire la durée de séjour en hospitalisation, et ainsi améliorer la fluidité de leurs soins de courte durée. Selon le quotidien La Presse, une liste de sept diagnostics a été établie, accompagnés de la durée moyenne de séjour hospitalier visée. Par exemple, la cible est de 7,1 jours pour la maladie pulmonaire obstructive chronique, de 8,5 jours pour l’insuffisance cardiaque, de 3 jours pour une chirurgie élective à la hanche et de 4,9 jours pour un infarctus du myocarde. Les établissements qui réussiront à atteindre les objectifs de Québec se partageront une somme de 92,5 millions de dollars par année. Toutefois, ces cibles, qui sont les mêmes partout au Québec, sème l’inquiétude au CHUM. «Nous ne pouvons pas comparer un CIUSSS avec un CISSS, comme on ne peut pas comparer un CHU avec un CISSS. Il faut être capable d’analyser chaque milieu en fonction de leur réalité, de leur clientèle et de leur mission», affirme Stéphane Trépanier, directeur de la direction de la coordination transversale et de l’alignement des systèmes. «Le principe est bon, mais nous sommes inquiets d’être pénalisés si on nous mesure avec des critères universels, puisque nous offrons des soins tertiaires et quaternaires. Par exemple, nous sommes les seuls à offrir la transplantation hépatique et la greffe pulmonaire au Québec. Il faut faire attention avant de faire des comparaisons avec les autres hôpitaux», poursuit le Dr Pierre Laramée, le directeur médical de la direction de la coordination transversale et de l’alignement des systèmes. Celui-ci affirme que la direction de la coordination transversale visera les objectifs établis par le gouvernement, mais qu’il se peut que ceux-ci ne soient pas tous atteints. Par contre, les durées moyennes de séjour hospitalier de trois jours pour la chirurgie élective de la hache et la chirurgie élective du genou devraient être atteintes, dit-il. «Les patients qui ont une prothèse de genou ou de hanche vont être admis le jour de leur chirurgie et certains vont quitter très rapidement. On vise un départ hâtif avec tout le support nécessaire pour les aider dans leur réhabilitation», mentionne Stéphane Trépanier. Si le CHUM tentera d'atteindre les cibles du gouvernement, cela ne se fera pas au détriment de la qualité des soins, promet Stéphane Trépanier. «Nous n’allons pas accepter comme organisation d’avoir une diminution de la qualité des soins et de la prise en charge des patients pour atteindre ces durées moyennes de séjour hospitalier et obtenir un budget du gouvernement.» La COVID vient contrecarrer les plans Mise en place en 2019, la direction de la coordination transversale et de l’alignement des systèmes avait pour but de briser les silos, d’améliorer la fluidité de la trajectoire des patients et de réduire la durée d’hospitalisation des patients. La pandémie empêche toutefois de connaître l'ampleur de son impact depuis sa création. «Nous aurions aimé travailler davantage sur les différentes trajectoires, mais ces deux dernières années nous avons souvent été obligés d’être en réaction devant la demande du réseau et des patients COVID. Certains de nos travaux ont tardé à être mis en place», raconte M. Trépanier. «Pour certaines spécialités, il y a une réduction de la durée de séjour, mais dans d’autres, il y a une augmentation. Nous sommes beaucoup influencés par la COVID, c’est donc difficile de ressortir des chiffres significatifs», poursuit-il. Sa direction, qui compte 15 employés, a tout de même réussi à réduire de 10 à 5,7 le nombre de jours d'hospitalisation des patients prégreffés en hépatologie en revoyant entièrement la trajectoire de soins. «Cet exemple pourrait fort probablement être répliqué dans d’autres types de prise en charge de clientèle», s’enthousiasme-t-il. Actuellement, le CHUM travaille notamment sur la trajectoire de soins des patients qui ont une hémorragie sous-arachnoïdienne.

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