Dubé dénonce le «refus total» des fédérations de médecins de négocier

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, dénonce «le refus total» des deux fédérations de médecins de discuter du mode de rémunération dans le cadre du projet de loi 106, qui vise entre autres à lier jusqu'à 25 % de la rémunération des médecins de famille à des indicateurs de performance.En point de presse mardi matin à Montréal, M. Dubé a voulu donner «l'heure juste de ce qu'on demande aux médecins» avec son projet de loi 106. Il a donné plusieurs exemples positifs des changements qu'apporterait la pièce législative, soulignant que son objectif est d'offrir plus de rendez-vous aux patients. M. Dubé a affirmé que les deux fédérations de médecins – la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) – ont refusé de déposer des contrepropositions formelles dans le cadre des négociations pour renouveler leur accord-cadre respectif. Le gouvernement a déposé sa proposition en mars, a rappelé M. Dubé. Il a dit que les négociations n'ont pas avancé comme il l'aurait souhaité durant l'été, pointant du doigt la FMOQ qui n'a pas été présente à la table depuis la fin juillet, selon M. Dubé. À lire aussi: Projet de loi 106: «Le vif émoi des médecins est tout à fait normal»«De son côté, la FMSQ a eu plusieurs rencontres cet été, beaucoup plus qu'avec les médecins de famille. Mais pour des raisons qui leur appartiennent, et je fais attention, elle n'a pas non plus fait de contrepropositions formelles et a demandé spécifiquement [...] dans les derniers jours de ne pas recevoir de nouveau dépôt. Il y a sûrement un lien avec le PL106», a déclaré M. Dubé. Il a soutenu que la «petite révolution» qu'il demande aux médecins représenterait «une grande révolution pour améliorer l'accès» pour les patients.En entrevue avec La Presse Canadienne, le président-directeur général de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot, a répliqué au ministre. «Le monopole de l'intérêt des patients, il n'appartient pas au gouvernement. Tous les jours, les médecins, les spécialistes, les professionnels de la santé se lèvent et vont travailler et essaient de donner des services de très grande qualité dans des conditions très difficiles», a-t-il fait valoir. Dr Amyot a accusé le ministre Dubé de présenter «des réalités alternatives». Il a affirmé que la FMOQ et le gouvernement ont eu 14 rencontres au cours de l'été et il a dit avoir fait deux dépôts globaux à la table de négociation. «Et on n'a jamais eu de retour sur ces dépôts-là», a-t-il ajouté. Un dépôt global vient toucher à tous les éléments de la négociation, a résumé le Dr Amyot. Il a confirmé que le gouvernement a déposé une nouvelle offre lundi. Sans en divulguer le contenu, le pdg de la FMOQ a indiqué qu'elle contenait plusieurs pages et articles et qu'il allait prendre le temps de l'analyser. Par rapport au projet loi 106, le Dr Amyot espère que l'article 8 sera retiré, ce qui donne le pouvoir au ministre de modifier le contenu d'une éventuelle entente avec les omnipraticiens. «Moi, quand les médecins vont voter sur une entente de principe, ils vont me demander: avez-vous la garantie, Dr Amyot, que le gouvernement va respecter sa parole dans cette entente de principe? Malheureusement, non. Et c'était ça l'objectif de la semaine passée de demande au gouvernement de changer d'approche», a expliqué Dr Amyot. La semaine dernière, la FMOQ exhortait de nouveau la CAQ à abandonner le projet de loi 106. Dans une lettre ouverte, le Dr Amyot dénonçait que le gouvernement veuille forcer les médecins à faire de la «médecine ''fast food''» en liant la performance des omnipraticiens «non pas sur la qualité et la pertinence des consultations, mais uniquement sur le volume».La FMSQ «sabote» le dossier de santé numérique Le ministre s'est étonné d'un moyen de pression de la FMSQ, qui aurait décidé de ne pas participer à la mise en œuvre du dossier de santé numérique. «C'est un outil essentiel pour les médecins qui vont non seulement faciliter leur quotidien à l'hôpital, mais aussi réduire énormément la paperasse et la fluidité dans l'hôpital. C'est exactement ce que les médecins nous demandent de faire», a souligné M. Dubé. Pour les patients, avoir un dossier de santé numérique va faire en sorte qu'ils n'auront plus à répéter leur historique de santé à différents professionnels de la santé, a-t-il ajouté. «Que la FMSQ sabote un projet aussi majeur, c'est se tromper de cible», a dit M. Dubé. Il a répété fermement que le PL106 est là pour rester. «Quand j'entends "on va négocier à condition que vous enleviez le projet de loi", pour moi, c'est une fin de non-recevoir», a-t-il indiqué. La nouvelle offre aux omnipraticiens sera rendue publique au début de la semaine prochaine, a fait savoir le cabinet du ministre Dubé. «J'ai baissé certaines cibles pour montrer de l'écoute. Je l'ai fait avec la FMOQ, je suis prêt à le faire avec les spécialistes», a-t-il assuré. Dans un communiqué, la FMSQ a accusé le ministre de tenir des «propos erronés». La Fédération soutient que «des pourparlers sérieux et constructifs» ont eu lieu cet été avec le gouvernement et qu'il y a eu des avancées de part et d'autre. La FMSQ souhaite poursuivre les discussions, mais elle refuse catégoriquement le projet de loi 106. «Nous avons toujours été prêts à discuter de cibles, mais on veut que le ministère de la Santé et Santé Québec prennent également des engagements. On ne peut pas, par exemple, exiger des spécialistes d'augmenter le nombre de chirurgies sans que les autorités gouvernementales s'engagent à ouvrir davantage de salles d'opération et à assurer la disponibilité des équipes pendant toute la journée», a commenté dans un communiqué la Dre Corinne Leclercq, vice-présidente de la FMSQ.Les médecins spécialistes envisagent d'intensifier leurs moyens de pression. La Fédération a convoqué une réunion spéciale pour consulter ses membres en ce sens.Le ministère de la Santé présentera ses amendements au projet loi 106 à l'automne. Les coûts du dossier numérique sous contrôles, selon DubéD'autre part, le ministre a assuré que les coûts du dossier de santé numérique étaient sous contrôle. Il a été questionné sur cet enjeu à la suite des révélations de Radio-Canada selon lesquelles les coûts de deux projets de Santé Québec ont explosé, ce qui fait craindre un nouveau fiasco SAAQclic. À lire aussi: PL106 – Manque-t-il de médecins de famille au Québec?Selon le diffuseur public, M. Dubé aurait demandé au conseil des ministres d'approuver un supplément de près de 200 millions $ pour deux projets informatiques en santé dont les coûts ont déjà explosé, en plus d'une éventuelle autre demande d'augmentation budgétaire. M. Dubé a promis qu'il reviendrait parler aux médias dans les prochains jours spécifiquement à propos du dossier de santé numérique. Selon lui, on expose les coûts nécessaires à certains projets sans mentionner le coût actuel des systèmes informatiques désuets.À consulter:Les propositions du gouvernement aux médecins de familleLes propositions du gouvernement aux médecins spécialistes

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